Le groupe
Biographie :

Atræ Bilis est un groupe de death metal canadien formé en 2018 et actuellement composé de : Luka Govednik (batterie / Kozeljnik, May Result, ex-Dead Shell Of Universe, ex-Mor, ex-The Stone, ex-Posmrtna Liturgija, ex-Zaklan), David Stepanavicius (guitare / ex-The Mung, ex-Orbologist, ex-The Ocularis Infernum), Jordan Berglund (chant / Giants Arise) et Miles Morrison (basse / Dissemination, Hallux, Riftwalker). Atræ Bilis sort un premier EP, "Divinihility", en Août 2020 chez Transcending Obscurity Records, suivi de son premier album, "Apexapien", en Octobre 2021 chez 20 Buck Spin, et de "Aumicide" en Avril 2024.

Discographie :

2020 : "Divinihility" (EP)
2022 : "Apexapien"
2024 : "Aumicide"


Les chroniques


"Aumicide"
Note : 19/20

Deuxième album pour Atræ Bilis. Trois ans après le premier, le combo canadien composé de Jordan Berglund (chant), David Stepanavicius (guitare) et Luka Govednik (batterie), rejoints par leur nouveau bassiste Miles Morrison (Dissemination), dévoile "Aumicide" en collaboration avec leur label 20 Buck Spin et produit par Christian Donaldson (Cryptopsy).

"Protoxenesis" va commencer en nous noyant sous la dissonance avant de lâcher la rythmique au mix incroyablement efficace pour sa complexité. Il en va de même pour "Hell Simulation" qui fera exploser la violence en incluant des parties vocales puissantes aux riffs dévastateurs, plaçant habilement des harmoniques entêtantes pour créer un contraste enivrant avant que "Salted In Stygia" ne vienne nous frapper à son tour, s’axant plus sur des sonorités cybernétiques et imposantes pour imposer son univers. On remarquera également des guitares tranchantes et quelques choeurs clairs en arrière-plan sur les refrains, puis "Inward To Abraxas" vient jouer avec un groove accrocheur qui complète étrangement bien son blast surpuissant. La dissonance brumeuse vient à nouveau hanter la composition qui s’apaise soudainement avant de reprendre de plus belle en nous menant à l’infernale "To Snuff The Spirit Guides" où la rythmique explosive ne cesse de nous molester en déversant ses éléments les plus violents entre quelques passages plus plaintifs.

Le final laissera finalement l’inquiétante "Aumicide", la composition éponyme instrumentale, prendre la suite pour trois minutes d’une mélancolie sombre et lancinante avant d’enchaîner sur "A Kingdom Of Cortisol" où la voix refait surface pour nous mener sur les routes de la brutalité avec une touche old school bien sentie. "Monolith Aflame" débute avec une quiétude intrigante, mais la lourdeur n’est jamais loin, prête à frapper tout en se laissant teinter par les éléments ténébreux et les choeurs qui donnent une touche unique aux refrains. Le son est brisé en deux, mais la deuxième partie est nettement plus oppressante bien que moins agressive, attitude qui change totalement avec "Through The Hologram's Cervix" qui ne perd pas un seul instant pour étaler toute sa sauvagerie sur un tempo élevé, en plaçant tout de même quelques harmoniques dérangeantes. Le morceau est court mais incisif, et il laissera place à "Excruciate Incarnate" pour accentuer les racines prog, que ce soit avec une approche saccadée, une guitare aérienne ou tout simplement cet enchevêtrement naturel de riffs que le groupe tisse en continu pendant que le son se perd peu à peu dans le néant.

Dès son premier EP, Atræ Bilis avait frappé très fort, portant haut et fort l’héritage des riffs à la canadienne. Avec "Aumicide", le groupe ne nous laisse plus le choix : il se hisse fièrement au rang de ses prédécesseurs au sein de la scène death progressif. A ne manquer sous aucun prétexte.


Matthieu
Juin 2024




"Apexapien"
Note : 17/20

Les Canadiens d’Atræ Bilis sont donc de retour avec un nouvel album, "Apexapien", qui nous offre un grand moment de brutal death metal technique Ce dernier pose l’ambiance directement dès son introduction, "Theta" : un peu plus d’une minute trente de pur riff de death metal technique, pendant laquelle chaque fin de riff nous laisse dans l’attente d’un chant à venir mais qui ne finira par apparaître qu’au début de "Lore Beyond Bone", morceau pendant lequel on saisit enfin toute la puissance de ce que le groupe a à proposer.

Cela se qualifie par un chant parfois très death metal et donc plutôt éraillé mais qui propose aussi des accents plus brutal death en se faisant plus étouffé, ainsi que quelques passages où plusieurs voix sont présentes comme dans le morceau "Open The Effigy". Le chant éraillé, le plus présent dans l’album, va même avoir des significations très différentes en fonction des ambiances qui sont posées, ce dernier résonnant tantôt comme un hymne à la brutalité, tantôt comme une longue complainte rappelant presque parfois du black metal, notamment dans le morceau "Bacterium Abloom". On remarquera aussi que, même si le chant est clairement présent et important, une grande partie de l’album est uniquement instrumentale et propose des riffs variés. Ces riffs vont parfois même aller jusqu’à proposer des ambiances très atmosphériques, ce qui est complètement inhabituel et contre-intuitif au vu du genre dans lequel on se trouve, mais force est de constater que les transitions vers ce genre d’ambiance sont complètement maîtrisées et que l’on n'a jamais l’impression que cela ne sort de nulle part. Ces parties plus contemplatives et atmosphériques sont portées par des chœurs qui sont plutôt en retrait dans le mixage mais cependant bien présents et apportent un réel plus dans cette ambiance, représentant presque une sorte de procession morbide prônant un massacre.

En termes de mixage, impossible de ne pas relever le travail qui a été réalisé pour mettre la basse en avant, cette dernière, découlant directement du technical death metal, nous servira des lignes mémorables, notamment celle de "By The Hierophant’s Maw", morceau dans lequel elle est omniprésente et se verra être le seul instrument présent le temps de quelques notes plusieurs fois dans le morceau. Il est également important de prêter une oreille attentive à la batterie, cette dernière nous livrant un blast quasi incessant, extrêmement rapide, ainsi que des patterns variés et complexes, qui viennent se poser en parallèle des riffs et participent pleinement au déferlement de violence quasi constant que constitue l’album.

Si le début de l’album semble clairement plus dans la démonstration technique, la deuxième moitié, pourtant pas en reste non plus, propose une nouvelle montée dans la violence à travers les riffs, notamment des ralentissements de tempo qui sont dispersées ça et là dans l’album, dans "Entomb The Aetherealm" par exemple, et qui composeront notamment l’excellent breakdown qui se trouve au début de "Bacterium Abloom", ces ralentissements se qualifient aussi par des riffs et une batterie plus percutants qui donnent une impression grandiose, bien mise en valeur par les chœurs distinguables en fond dans "Hymn Of The Flies". La montée en violence se traduira également par des riffs plus incisifs et agressifs, et plus répétitifs aussi, mais sans jamais devenir trop lourds, ce qui est permis par des morceaux assez courts, ou du moins des parties de morceaux assez courtes, car certains titres sont clairement découpables en plusieurs parties distinctes.

Ainsi, les Canadiens d’Atræ Bilis nous proposent là un brutal death metal technique efficace et varié tant en termes d’ambiances que de riffs. Si ces derniers sont clairement influencés par des pionniers du genre comme Suffocation, ils ne s’abaissent pas à copier le style pour en devenir un clone, mais savent innover tout en en gardant les codes, afin de proposer un album efficace et original qui saura plaire au amateur du genre, tout autant que les surprendre sur certains points.


Praseodymium
Juillet 2022




"Divinihility"
Note : 18/20

Dans la sphère death metal, comme dans toutes les autres, il y a les classiques, les indémodables, les groupes qui restent dans les sentiers battus, ceux qui se modernisent, et il y a les ovnis : ces groupes qui vont dans tous les sens, allant sans cesse explorer de nouveaux horizons afin de proposer des compositions qui se démarquent clairement du reste, parfois en bien, parfois en mal, quoi qu’il en soit, ces formations sont difficiles à définir mais quelle que soit l’issue, écouter une de ces productions est toujours une surprise et une plongée dans un monde très différent de celui auquel on a pu s’habituer au sein d’une scène finalement très codifiée. Atræ Bilis est de ces ovnis. La formation canadienne dont le genre le plus proche auquel on pourrait l’associer est le death metal nous délivre cette année son premier EP, qu’il serait finalement très réducteur de réduire à une vingtaine de minutes de death qui ne sort pas des sentiers battus. En effet, l’EP part absolument dans tous les sens sans jamais cependant se perdre ou virer au grand n’importe quoi, preuve d’une grande virtuosité de la part des musiciens.

Ces derniers nous proposent donc un EP d’une vingtaine de minutes qui mélangent pure brutalité et riffs plus clairs, quasiment atmosphériques au sein des mêmes morceaux, le tout réhaussé par une production absolument au top donne un résultat très atypique mais clairement réussi. Si au début de l’EP le chanteur nous gratifiera d’un râle digne du plus idiot des albums d’Acrania, ce dernier saura faire preuve d'une palette de chants tout à fait variés et à chaque fois adaptés à l’instrumental. On passera donc d’un chant death pur et dur sur des riffs lourds et écrasants, et blindés d’harmoniques comme au début de "Phantoms Vein Trumpet", à un chant tout droit sorti de la scène de slamming brutal death, accompagné par un blast incessant et des riffs mononeuronaux qui ont pour effet de nous faire poser notre cerveau une petite seconde avant de reprendre des parties plus techniques comme c’est le cas dans le morceau cité précédemment et de la deuxième moitié du morceau "Sulphur Curtain".

Comme mentionné précédemment, cet EP se démarque particulièrement par l’introduction au sein de toute ce chaos quasi bestial de riffs parfois très techniques et même de passages très atmosphériques qui n’en perdent pas pour autant leurs sonorités death metal, notamment grâce à la production dont ils jouissent. Ainsi, on retrouvera après plusieurs minutes intenses et violentes des passages instrumentaux apaisants clairs et lumineux comme le pont de "Ectopian" avec ses chœurs samplés pour rehausser l’instrumental qui se fait déjà beaucoup plus léger que dans le reste du morceau. Ce dernier retombera finalement dans un passage slam parfait par son absence totale de fioritures, le tout sans aucune transition, rendant un effet des plus surprenants mais également très plaisant. On remarquera un peu moins de nuances vers la fin de l'EP qui nous délivrera un technical brutal death dissonant qui sort un peu moins des sentiers battus mais qui reste tout de même très qualitatif et auquel on peut difficilement reprocher grand-chose. On notera tout de même l’apparition d’un instrument très peu habituel dans ce genre musical, à savoir un violon, qui vient très brièvement faire son apparition dans la fin de "A Ceremony Of Sectioning" pour clore l’EP sur une note tout à fait atypique sans être incohérente avec le reste.

Atræ Bilis nous sort donc là un ovni de la scène death metal comme on en voit peu de nos jours. Original, ambitieux et surtout loin de tomber dans le piège de devenir un gros fouillis incohérent, l’EP sait nous amener dans des horizons différents tout en nous laissant les pieds sur terre, proposant ainsi une expérience nouvelle mais loin d’être désagréable en seulement une petite vingtaine de musique. Cet EP étant le premier de la formation canadienne, il sera donc primordial de suivre ses prochaines sorties afin de constater son évolution.


Praseodymium
Septembre 2020


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/atraebilis