"Phoenix Cryptobiosis"
Note : 18/20
Avulsed n’a pas terminé sa légende. Suite à son récent changement de line-up, le groupe mené depuis 1991 par le vocaliste Dave Rotten (Christ Denied, Holycide, Putrevore, Yskelgroth…) - désormais accompagné par GoG (batterie, Holycide), Alex Nihil (basse), Alejandro Lobo (guitare, Dissonath) et Víctor Pastor (guitare) - dévoile son huitième album, "Phoenix Cryptobiosis", via le label de son fondateur, Xtreem Music.
Comme beaucoup de bons albums de brutal death, "Limbs Regeneration" va démarrer avec un sample inquiétant, mais les riffs épais ne tardent pas à prendre le dessus et à contribuer à cette atmosphère pesante en grossissant jusqu’à atteindre la puissante "Lacerate To Dominate". Première composition dévoilée l’an dernier, elle nous rappelle un peu la noirceur de l’intro avant d’exploser et de proposer une rythmique massive complétée par des parties vocales furieuses, mais également parfois par quelques leads aériens comme sur le final qui rejoint "Blood Monolith". Si le vocaliste se contente de scander le titre du morceau pendant quelques secondes, les musiciens le rejoignent la troisième fois et le son explose, proposant une allure effrénée qui se répercutera également sur les harmoniques et le débit vocal, puis c’est avec "Unrotted" que le groupe développe ses influences old school accrocheuses. Le titre est également très vif mais surtout assez court, et il ne tiendra pas longtemps à faire place à "Guts Of The Gore Gods" ou la rythmique nous piétine consciencieusement à bonne allure, mettant en avant les racines les plus techniques dans des patterns agressifs.
On continue avec le titre éponyme, "Phoenix Cryptobiosis", où les tonalités angoissantes se développent dans la violence, même lors du break qui tentera de temporiser en vain, nous permettant à peine de reprendre notre souffle. Les quelques harmoniques apportent une touche de fraîcheur, mais on enchaîne avec "Devotion For Putrefaction" qui retourne aux racines brutales et primaires de la formation où grognements et blast se rencontrent et se défient mutuellement pendant que les autres instruments leur tournent autour en nous lacérant. Pas de temps mort pour ce titre, ni pour8 Neverborn Monstrosit9y qui prend immédiatement la suite et qui frappe avec des éléments motivants pour continuer de donner vie au flot de fureur pendant les cinq minutes du morceau, rejoignant finalement8 Dismembered", où les teintes sombres apparaissent à nouveau. Les riffs n’en sont pas moins agressifs, tout comme ceux de Bio-Cadaver qui laissent des leads entêtants les accompagner à l’image de l’introduction et du break nettement plus aérien, mais il ne faut pas oublier que le groupe oeuvre dans la brutalité, et Wandering Putrid Souls est là pour nous le rappeler, faisant de chaque instant un véritable carnage aux multiples facettes pour clore l’album, solo compris.
Nous avons dû attendre quelques années, mais Avulsed sait se faire pardonner en livrant un excellent album de brutal death old school. Je n’ai aucun doute sur le fait que "Phoenix Cryptobiosis" saura laisser sa marque dans la scène death metal.
"Ritual Zombi"
Note : 17,5/20
Celui qui dit qu'Avulsed est un groupe de seconde zone, il prend un gros pain, parce qu'il a peut-être raison (ou pas), mais c'est un des meilleurs groupes espagnols de death metal qui nous file des albums grandioses depuis un sacré bout de temps !!! Avec Haemorrhage, ces deux entités sont à elles seules le fer de lance de la scène espagnole...
Xtreem Music étant le label de Dave Rotten, le maestro, anciennement Repulse Records, c'est plein de respect que j'entame l'écriture de ce billet, de cette bavette isolée, pour dire tout l'amour et tout le bien que je peux penser d'Avulsed.
Quand l'annonce d'un nouvel album est tombée, ce fut un véritable événement. Depuis 1991, ce groupe ibérique joue un death metal élégant, rural, brutal avec une sincérité et une ténacité qui en étonnerait plus d'un, et un nouvel album d'Avulsed c'est toujours une grosse tuerie. J'ai un grand respect pour un monsieur du death metal qui donne sa passion sans compter depuis trèèèèès longtemps. Et donc ce "Ritual Zombi" arrive quatre ans après "Nullo" qui, lui-même, avait mis le même laps de temps pour venir du néant après "Gorespattered Suicide".
Et plus on avance dans le temps, plus Avulsed sort des albums incontournables qui dominent un sujet maintes et maintes fois exposé, mais qui se présentent comme des machines de guerre puissantes et imposantes. Ce "Ritual Zombi" vient en conquérant pour montrer aux deathsters que malgré ses 23 ans d'existence il possède encore une fougue de jeune prétendant.
Ce nouvel album n'est à en point douter du gros détergeant, une espèce de destop du death metal où le son servirait de ventouse, et les guitares de perles chimiques qui font monter la pression en ébullition, apportant au cerveau le nuage toxique putride et nauséabond qui décape suffisamment pour vous irriter et vous mettre HS.
Enregistré au La Casa del Ruido Studio à Coslada (Madrid), entre Février et Mai de cette année, mixé au Moontower studio... la prod' de ce nouvel album est au moins aussi puissante que ne l'était celle de "Yearning Of The Grotesque" et l'impact tout aussi dislocateur de face.
Depuis "Eminence In Putrescence", Avulsed n'avait pas réalisé une pochette avec un dessin proprement dit, les années leur ont donné l'envie de nous foutre de la "photomontée photoshopée", mais c'est le grand retour de la pochette old school maintenant, et c'est ce qui se passe aussi avec Broken Hope.
Ensuite, c'est avec une certaine logique dans l'album et sans doute un calcul savant que les morceaux ont été placés de la sorte dans celui-ci.
Sur les treize qui composent ce "Ritual Zombi", l'intro, l'outro, mais aussi "Elegy For The Rotting" placée subtilement au milieu représentent les trois instrumentaux, les trois charnières qui permettent à l'album de prendre l'air et de ne pas suffoquer, avec cette particularité que "Dawn Of The Apocalypse" est une introduction digne des plus grands groupes symphoniques, et que "Devoured And Forgotten" fait montre d'une mélancolie exacerbée, toutes deux possédant cet aspect cinématographique ultra mis en avant.
L'album est d'une intensité dévastatrice, la voix de Rotten passe toujours aussi bien, il gère encore plus les tonalités de son guttural en variant nettement ses timbres, et s'accompagnant d'une réverb bien perceptible sur "Unborn Of The Undead" et quelques autres passages d'autres chansons.
Les morceaux de l'album restent comme à l'accoutumée dans un death metal basique mais putride aux intonations très morbides où les pseudo ralentissements sont là pour poser des ambiances glauques.
En revanche certaines guitares dominent en main de maître lorsqu'elles partent dans des solos lugubres ("Dead flesh Awakened") ou proposent des rythmiques exotiques et typiquement reconnaissables d'Avulsed.
Prenant par endroits un peu de l'épaisseur d'un Grave sur un titre tel que "Z-Hunter", les titres mettent en règle générale tous une bonne branlée. Que ce soit dans la puissance massive ("Was Not My Blood"), dans l'atmosphère vraiment death, crade et névrosée de "Horrified By Repulsion" ou la violence d'un "Zompiro" et autres "Brainsuck" très suédois également (avec des rythmiques proches d'Unleahed "To Asgaard We Fly"), Avulsed séduit, déboîte et démembre. C'est juste du gros death comme on l'aime ; avec le son qui va bien.
Comment ne pas succomber à la fièvre espagnole.
Cerise sur le gâteau, nous savons tous qu'en plus d'être fan de W.A.S.P., Dave Rotten aime beaucoup faire des reprises. Et ici est-ce que justement le titre de l'album a amené son auteur à faire celle-ci ou vice-versa, mais l'album propose une très bonne reprises de Death, avec le morceau "Zombie Ritual" manière Avulsed bien sûr.
Neuf réalisations sur huit labels différents et quatre formats possible, "Ritual Zombi" est le nouveau chef d'oeuvre d'Avulsed. La légion de fans peut se réjouir parce que les maîtres sont de retour, et ce nouvel album réveillera les morts.
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