Ché pôh pourquoi je la sentais bien cette chronique du "The Very Best Of Vol. 2" ! Déjà parce que par mail, mon interlocuteur Ronnie D m’a paru extrêmement sympatoche et que son concept de fritcore m’intriguait. Ce sont des Belges, donc j’ai commencé de suite à me dire que le nom du groupe devait avoir un lien avec les baraques à frites, mais j’ai aussi pensé à Baraka, personnage de la franchise Mortal Kombat avec lequel j’aimais bien jouer. Ces deux inspirations m’ont été confirmées par le groupe, mais il y en a deux autres. Un Baraki en Belgique, c’est l’équivalent du beauf en France, apparemment, et la quatrième signification, c’est que Baraka signifie littéralement "Ce qui porte chance", en arabe. Avec deux points sur quatre, autrement dit la moyenne, je réussi donc le test d’intronisation à l’univers "barakien", et je peux ainsi commencer une lecture sonore de cet album afin de savoir ce que le fritcore renferme en termes de nutriments métalliques et de matières grasses, avec un apport d’huile indécent dans les rythmiques, à faire pâlir tout vendeur de churros qui se respecte.
Après une intro bien poilante, qui commence par un fond sonore digne d’un blockbuster héroïque pour mal terminer, on enchaîne avec "Binouze", un track qui propose un deathcore très inspiré mid-2000, bien rentre-dedans et fichtrement bien branlé, avec un format compositionnel peu conventionnel. Certains riffs s’étalent, des moments instrumentaux surgissent là où l’on attendrait du chant, bref, il y a quelque chose de délicieusement bancal et imprévu chez Bakara, sauf que ça fonctionne ! J’ai déjà éprouvé cette sensation là avec Composted, groupe US de deathcore hyper efficace, je me tape souvent leur musique car justement elle arrive à s’extraire des carcans du genre. Baraka parvient au même résultat, et sans forcer. La connerie est omniprésente au travers des 15 titres. Le troisième track, "Rape A Pig", enfonce le clou en termes de puissance et d’engagement musical. Le riff de lancement, thrashy à souhait, laisse percer quelques harmoniques sifflées avant de se faire dégager par un trémolo picking virulent soutenu par une voix gutturale qui se fait couper la chique par des chants hardcore, tout se bouscule. La recette de Baraka sera maintenue d’ailleurs tout au long du skeud, des gros breakdowns, du pig squeal, de l’ultra guttural, du trémolo picking, des cavalcades de double, bref, tout ce qu’il faut pour ouvrir un bon resto hardcore. "The Black Dahlia Burger", plus lourd que jamais, joue avec les synthétiseurs, créant ainsi une sorte de black sympho deathcore plutôt bien amené, avec un petit solo de fin bien foutu, la cerise sur le gâteau. Tout en cassures rythmiques, l’intro de "Pirates Des Carapils" joue ensuite sur le côté ternaire de la force avant de nous assaisonner à toutes les sauces, passages rapides, lourds, médiums, à l’endroit, à l’envers, etc. Après ça, on a envi de gueuler "GlouGlou" tout le temps. "Chef, Un P’tit Verre" conjugue la chanson à boire avec Sepultura avant de s’inscrire dans une démarche qui flirte avec le grindcore, un vrai roulage de pelle alcoolisé, et avec les dents sales. "Pause Pipi", c’est du ronflement, un réveil casse-bonbon et une séance d’urinage post-soirée défonce, bien vu car le morceau suivant s’appelle "Gueule De Bois".
Après une intro à la Pantera, mâtinée d’un léger zeste de son clair en chorus inquiétant, on assiste à un bon vieux deathcore des familles, auquel a été ajouté une lichette de néo metal, encore une fois, les multiples cassures, agencements et autres surprises métrico-rythmiques fonctionnent à merveille ! "Don’t Speak Dutch When I Fuck You" semble se foutre un poil de la gueule de Disturbed avant de sombrer dans un pur coït entre Gojira et Vulvodynia, encore une fulgurence made in Baraka, qui cède vite sa place à des riffs plus hardcore, et quelques conneries placées çà et là, pour faire gentiment chier le monde. "French Cancore", comme son nom l’indique, laisse entendre un petit air de French Cancan très vite délaissé au profit d’un riff lourd et mordant. Toujours autant crossover dans l’interprétation, Baraka semble vouloir postuler pour le prix S.O.D de 2023. Bien sûr, il y a des doses d’humour qui feront forcément penser à Ultra Vomit, Gronibard ou leurs comparses belges de chez Brutal Sphincter mais bon, ça va pas plus loin car il n’y a pas autant de breakdowns sauvages chez les groupes pré-cités. "Pognon, Pognon, Pognon" s’inspire d’Abbat (pas Abbath), là, on nous sert des abats de deathcore à la sauce mélodico-variétoche. J’ai pas l’habitude d’en bouffer mais franchement ça passe. "Ma Kette", j’vois pas la ref pour le coup mais vous allez vous casser la nuque sur le riff d’intro, bah voui ! "Wallifornian Degeneration", track complètement débilos, vous embarque dans une folie douce qui ne néglige pas pour autant l’efficacité rythmique. Là pour le coup, le petit clin d’œil à Gronib’ semble indéniable. On continue sur une visite à la porcherie avec "Fritcore", pour voir d’où vient la provenance de la viande sonore qu’on nous sert depuis le début et franchement ça va, c’est sale et dégoulinant, ça pue et ça énerve, c’est par-fait ! L’"Outro" mélange un tas de conneries qui me rappelle "Le Foufier", morceau débile de mon ancien groupe Gangsta Gangrene, mais en mieux fait.
Bref, après un tel album, on a envie de s’en recoller une tranche tellement le truc est frais, bonnard, sans prétention mais très qualitatif. Et qu’est ce qu’on dit ? Merci Jacquie et… euh non, merde, c’est l’habitude ça, merci Baraka !!!
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