Dès les premières notes du morceau "Out Of Grasp" qui ouvre les hostilités, le quatuor américain annonce tout de suite la couleur : bien que résolument metal, le son de Black Tusk lorgne tout de même franchement vers le punk-hardcore le plus basique, la voix rauque évoquant celle de groupes bien connus des fans du genre comme Sick Of It All ou Poison Idea.

De même, on ne peut s’empêcher de penser à du death’n’roll dans le genre de ce que faisait Entombed à l’époque de son album iconique "Wolverine Blues". Côté artwork, la pochette est typique de celles d’un autre groupe de sludge, à savoir Baroness. Les riffs gras et l’énergie brute qui se dégagent de ce morceau sentent bon le bayou (même si le groupe n’est pas issu de Louisiane mais de Géorgie). D’ailleurs, les Américains ne se définissent-ils pas comme une formation de "swamp metal" ? Avec le morceau qui suit ("Brushfire"), le son prend une tournure encore plus sauvage et abrasive, la voix rappelant étrangement celle du fameux GG Allin soit le dernier punk authentique de l’histoire du rock connu pour ses débordements sur scène. En appuyant sur l’usage de la pédale d’effet flanger, le groupe renforce le côté sale et artisanal du son. On frôle le crustcore avec des morceaux comme "Harness (The Alchemist)" ou "Dance On Your Grave".

Sur "Breath Of Life", les Américains basculent du côté sombre, accentuant la nature primitive de leur musique. Avec le titre "Lift Yourself", le son se fait très speed et minimaliste dans l’esprit du punk / hardcore des années 80 / 90. En revanche, les Américains savent aussi exploiter une dimension plus doom et mélancolique de leur style en optant pour des riffs mid-tempo comme dans le morceau "Ocean Of Obsidian". A l’écoute des riffs de ce dernier, on pense automatiquement à ce qui fait la spécificité d’un groupe culte comme Crowbar. Toujours aussi jusqu’au-boutiste, le son se fait plus incisif et agressif sur le titre "Flee Form Dawn". Enfin, le morceau éponyme qui clôt l’album, "The Way Forward", représente sans doute l’apogée de ce disque avec un son plus clair et un refrain qui en ferait presque un hymne à la gloire du sludge metal.

Tout cela fait de ce sixième album de Black Tusk un "must have" pour tous les aficionados de sludge bien heavy et bien gras dans le genre de Eyehategod. Culte !