"The World Without Us"
Note : 19/20
Nouvelle offrande de Bonjour Tristesse. Mené par le multi-instrumentiste allemand
Nathanael (Heretoir, ex-Agrypnie, ex-King Apathy, ex-Thränenkind), ce quatrième album
qui s’intitule "The World Without Us" est la suite directe du précédent, et sort en 2024 chez
Supreme Chaos Records.
"Running On Emptiness" nous plonge sans attendre dans une noirceur viscérale où rythmique
pesante et hurlements déchirants cohabitent et se répondent, provoquant plusieurs
explosions d’intensité variables qui tranchent avec les phases plus calmes, mais qui ne
durent jamais bien longtemps. Les parties vocales saisissantes se multiplient alors que des
éléments mélancoliques apparaissent vers la fin du titre, puis "Lightbearer" prend la suite en
revenant à une approche old school plus brute et glaciale, notamment sur ces mélodies
perçantes qui accompagnent la fureur ambiante. La composition est courte mais incisive, et
elle laissera place à la dramatique mélancolie de "The World Without Us", titre éponyme
lancinant qui nous emporte dans son flot ténébreux, nous ballottant entre apathie et rage
désespérée.
Les sursauts d’énergie sont accompagnés de mélodies entêtantes, en
particulier cette explosion terrifiante après le break qui n’a rien à envier à un DSBM malsain,
mais l’ouragan s’apaisera avant de revenir nous hanter en nous accompagnant vers "Against
The Grain" où un violon rejoindra la complainte de l’instrumentale. On retrouve les poussées
douloureuses du chant sur les moments les plus calmes, mais également la puissance du
désespoir sur les passages effrénés et inattendus, mais "The Great Catastrophe" arrive bien
vite pour nous imposer son rythme plus lent. La rythmique devient presque majestueuse
lorsqu’elle accompagne les leads enjoués, mais le musicien ne manquera pas de nous
proposer une nouvelle accélération dévastatrice pour donner vie à sa peine, qui finira
inexorablement par revenir à la quiétude avant sa chute.
Ce nouveau chapitre de Bonjour Tristesse permet à son créateur d’exprimer sa douleur au
travers de cinq morceaux aussi noirs que dévastateurs. "The World Without Us" est un recueil
de tristesse intense comme on en connaît peu.
"Your Ultimate Urban Nightmare"
Note : 17/20
Malgré cette période ensoleillée et après sept ans d'absence, Bonjour Tristesse nous
fait part de son nouvel album, "Your Ultimate Urban Nightmare". Alors que les titres
de "Par Un Sourire" nous proposaient un metal dépressif , cette nouvelle sortie est imprégnée de
post-rock / black metal et de mélancolie. On y perçoit un esprit dénonciateur des grandes villes.
Sortant du calme plat de mon appartement, je décide de sortir dans la capitale. Des alarmes de
véhicules de police se font entendre partout dans le quartier. Un mendiant hurle, désespéré.
Comment toute cette atmosphère a-t-elle pu se transformer ainsi ? Un post-black dynamique
s'impose avec une batterie en premier plan. Nostalgique, je me rappelle de l'ambiance du quartier
des débuts avec ce côté post-rock à la God Is An Astronaut : des riffs doux, planants, et reposants.
Je me retrouve quelques pas plus loin au centre de la mégapole, la chanson éponyme de l'album
commence à prendre tout son sens. Les gouttes de pluie arrivent telles de discrètes notes de piano
en mode réverbe. C'est un court laps de temps de plénitude que nous donne là "Blacktop Prison". La
mélancolie me gagne dans "The Act Of Laughing In A World Once Beautiful Now Dying". Une
personne dénonce la tristesse dont les habitants sont atteints. Un growl écorché arrive en écho avec
une autre voix beaucoup plus agressive. On les entend chanter à propos de ce monde de souffrance
où il n'existe plus aucune valeur morale. Tout cela est accompagné de brefs et lents riffs, comme si
les larmes tombaient de mes yeux . Je finis ma promenade par "Alienation". Cette chanson est la
plus nostalgique. On y entend des riffs sobres avec la basse, reflétant la solitude. La guitare
s'immisce dans cet environnement avec des notes frénétiques. Le chant guttural s'accompagne
d'une batterie discontinue et lourde.
Ces chansons reflètent parfaitement le nouvel univers que propose Bonjour Tristesse et on en
comprend parfaitement les émotions. Le groupe s'inspire aussi d'influences post-black un
peu plus agressives comme Deluge. En effet, avec "Like The Scythe In The Ripened Field", des blasts
virulents se font entendre. Le growl se veut monotone et monocorde, accompagné d'une
guitare jouée comme un violon. Dans "Another Bullshit Night In Suck City", on devine bien
l'idée que nous donne le titre. Un sample de musique oppressante s’impose comme si un désastre
était arrivé. La voix est empreinte de rage suivie d'une basse discontinue et d'une guitare pesante qui
montre crescendo.
Mais toute cette colère n'arrive pas seule car cette composition est aussi inspirée d'Anathema. Des
vagues arrivent et s'échouent sur "Wavebreaker". La batterie est maintenant tonitruante et les riffs
s'intègrent à la manière d'une légère averse. On peut également entendre une voix cristalline sans
instrument. Ce doux désespoir se termine avec "The End Of The World". La batterie est toujours
aussi lourde et le growl est plus rauque que jamais. Deux voix se répondent sous des airs de
post-rock discontinus et planants.
Ce nouveau disque sort des sentiers battus en nous proposant des mélodies qui varient entre rage et
mélancolie. Je pense qu'avec cet album, Bonjour Tristesse va faire parler de lui dans les temps à venir.
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