"Graveworms, Cadavers, Coffins And Bones"
Note : 15/20
On ne doit pas dormir souvent chez Carnal Savagery ! Nous avions déjà parlé en 2022 de deux albums sortis la même année et le groupe a remis le couvert en 2024 avec "Into The Abysmal Void" sorti en Janvier et ce "Graveworms, Cadavers, Coffins And Bones" en Novembre. On retrouve évidemment ce bon vieux death metal old school crasseux à cheval entre la vieille école suédoise et la scène américaine pour sa brutalité.
On repart donc pour un album direct et compact qui n'atteint même pas les trente-six minutes comme ses prédécesseurs, de quoi se prendre une bonne dose de riffs qui tuent sans avoir le temps de s'emmerder. Surtout que le groupe a déjà prouvé plus d'une fois qu'il maîtrise la science du contraste en alternant intelligemment les passages mid-tempo groovy qui donnent envie de headbanguer comme un sauvage d'un côté, et les passages plus brutaux avec des riffs qui poussent à thrasher le mobilier (ou le voisin) de l'autre. D'ailleurs, "Nailed To The Cross" confirme très vite que Carnal Savagery est toujours en forme avec une belle volée de blasts et toujours ce de guitares et de basse typé HM-2. On sent donc toujours l'influence des premiers Dismember ou Entombed et on plonge avec plaisir dans ce bain de sang, de tripes et de grumeaux. C'est brutal, groovy et tellement gras que même vos enceintes vont avoir du cholestérol. Ce n'est pas compliqué, tout est résumé dans le nom de l'album en fait, c'est exactement ce que vous allez trouver par ici. Des ambiances crades et morbides, du riff qui déboîte la mâchoire, du blast qui tabasse les tympans, bref du death metal pur et dur qui n'est pas là pour enfiler des perles (il serait plutôt du genre à en lâcher quelques unes). Si une fréquence élevée de sorties est synonyme de perte d'inspiration chez certains, il faut reconnaître que ce n'est pas du tout le cas chez Carnal Savagery. Ces gens-là ont clairement le death metal dans le sang et prennent un malin plaisir à nous envoyer leur dose de riffs gras et crasseux dans la tronche, le tout en prenant soin de laisser un maximum de taches au passage.
Bon, par contre, les influences sont toujours aussi flagrantes, il ne faut pas se leurrer. "Gallery Of Flesh", par exemple, aurait clairement pu atterrir sur un des deux premiers albums de Dismember tellement la filiation est évidente. Mais bon, c'est tellement bien foutu et tellement jouissif qu'on se laisse prendre au jeu en secouant la crinière comme un débile. D'autant que ce n'est pas systématique et que quand le groupe mélange habilement les sonorités suédoises à d'autres plus américaines il arrive à se démarquer suffisamment pour que l'efficacité de la bête éclipse ces influences un poil trop voyantes par moments. Surtout que les morceaux sont assez courts puisque les plus longs atteignent les quatre minutes, ce qui ne laisse pas le temps de s'ennuyer ou de se plaindre d'un manque de personnalité. Ce qui joue aussi en faveur du groupe c'est tout simplement l'amour du death metal qui transpire à chaque riff, on sent que ces mecs-là n'essaient pas de surfer sur un revival et qu'ils prennent vraiment leur pied à balancer des riffs aussi gras et à foncer dans le tas. "Graveworms, Cadavers, Coffins And Bones" est donc dans la droite lignée de ses prédécesseurs, le groupe n'a pas changé sa ligne de conduite d'un iota et le tout est donc toujours aussi jouissif. "Autopsied Alive" et "Mutilation" représentent d'ailleurs les rares moments pendant lesquels le groupe lève le pied, les morceaux sont plus lourds et sombres que le reste de l'album et offrent une petite pause morbide au milieu d'un tabassage en règle. Ce nouvel album est effectivement assez nerveux et pousse souvent les potards dans le rouge, ce qui tombe bien puisque c'est quand même à peu près ce qu'on vient chercher.
"Graveworms, Cadavers, Coffins And Bones" est donc dans la droite lignée des précédents albums de Carnal Savagery. On retrouve donc un death metal fortement orienté vers le old school suédois qui met parfois une petite dose de brutalité supplémentaire au milieu des riffs gras et du mid-tempo groovy. Tout ça tabasse bien comme il faut, sent l'amour du death metal à plein nez et fournit sa dose de morceaux jouissifs et bourrins. Bref, pour peu que vous aimiez le death pur et sans prétention, ce nouvel album est une fois de plus tout indiqué.
"Worm Eaten"
Note : 15/20
Chez Carnal Savagery, on n'aime pas se tourner les pouces donc à peine sept mois après "Scent Of Death", le groupe revient déjà avec son quatrième album "Worm Eaten" ! Comme toujours, c'est du bon vieux death old school gras et brutal qui nous attend et la pochette annonce joyeusement la couleur avec le traditionnel zombie décharné qui sort de sa tombe.
Comme pour "Scent Of Death", on retrouve un death metal inspiré par la scène suédoise old school pour le groove, le gras et les ambiances putrides et par le death US pour les passages les plus brutaux. Ce qui nous donne un death metal direct et sans pitié qui tape dur et groove salement au milieu de mélodies morbides et malsaines. Bref, du death metal pur et dur sans aucune influence extérieure et sans concession à la modernité, ici les influences datent du début des années 90 pour les plus récentes. "Masticating Maggots" démarre l'album avec ces bonnes vieilles guitares bien grasses façon HM-2 et des leads qui sentent le vieux Hypocrisy et le vieux Dismember. Le tout en mid-tempo bien baveux pour un morceau de quatre minutes qui sera donc le plus long de l'album, si vous n'aviez pas encore deviné que Carnal Savagery fait dans l'efficacité, vous voilà fixés ! Un mid-tempo que l'on retrouve de manière bien plus groovy sur "Baptized In Mutilated Innards" dont le début est presque dansant malgré les ambiances toujours aussi putrides et les riffs graisseux. Quant à "Edible Cranium", il nous amène presque sur le terrain belliqueux de Bolt Thrower avec ces tapis de double grosse caisse dont le but est clairement de vous briser les vertèbres. Si l'on reconnaît aisément le style de Carnal Savagery avec ces influences clairement old school et très branchées death suédois, on note quand même que "Worm Eaten" appuie plus sur le mid-tempo et le groove. "Scent Of Death" laissait plus de place aux explosions brutales et aux accélérations vicieuses alors que sur ce nouvel album le groupe se fait un peu plus lourd et mélodique.
Que les plus poilus ne s'inquiètent pas, cela reste du bon death old school poisseux, gras et morbide qui sent le Dismember à plein nez et qui broie tous les os qui passe sous ses chenilles pendant un peu plus d'une demi-heure. Disons que "Worm Eaten" est plus homogène et donne l'impression d'un gros bloc bien lourd qui tombe dessus et vous asperge de sang et autres liquides organiques non identifiés. C'est certes moins frontalement brutal mais le groove tue à chaque instant et les riffs ont tout de l'incitation au headbanging ! Une direction qui permet à Carnal Savagery de ne pas se répéter et sortir deux fois le même album, d'autant que seulement sept mois le sépare de son prédécesseur. Continuer exactement sur la même voie aurait été contre-productif donc on garde la même patte old school et grasse mais on passe sur un tempo plus écrasant et un album volontairement plus monolithique. Il faut attendre le septième morceau "Revel In Madness" pour entendre le premier up-tempo de l'album et avoir droit à un death un peu plus nerveux et agressif, là encore une bonne chose pour varier un les plaisirs et casser la routine. Du coup, quand le groupe ralentit le rythme une fois de plus avec "Inhuman Sacrifice", on a l'impression d'avoir affaire à du doom dans les premières secondes tant le rythme est lent et écrasant ! Du coup, si "Scent Of Death" pouvait faire entendre quelques sonorités death US dans ses sonorités les plus brutales on se trouve cette fois clairement en Suède, "Perpetual Suffering" est d'ailleurs probablement le morceau le plus Dismemberien du lot.
Carnal Savagery décide donc de varier un peu les plaisirs et propose avec "Worm Eaten" un album plus orienté mid-tempo, plus groovy et plus lourd que "Scent Of Death" tout en restant dans la même veine death metal old school suédois. C'est moins frontal mais toujours aussi efficace et les riffs fournissent la dose syndicale de headbanging et d'os brisés.
"Scent Of Death"
Note : 15/20
Testons votre perspicacité ! On a ici un groupe suédois nommé Carnal Savagery qui sort son troisième album "Scent Of Death" et dont les précédentes réalisations avaient pour noms "Grotesque Macabre", "Fiendish" ou encore "Zombie Infested", normalement une ampoule doit s'allumer là. Ben oui, c'est un groupe de death old school à la suédoise qui va sentir bon le Grave, le Entombed avec peut-être quelques fragrances Dismember.
Et "Deformed Bodies" confirme sans prendre de gants en fonçant dans le tas de suite en up-tempo avec des riffs balancés avec un son très proche de la fameuse Boss HM-2 donc bien gras. On passe donc de passages nerveux à d'autres plus lourds et groovy comme d'habitude et si la formule est bien connue, il faut reconnaître qu'elle fonctionne toujours aussi bien quand elle est appliquée avec amour. Et c'est clairement le cas ici car on sent que les membres de Carnal Savagery connaissent leurs classiques et ne se contentent pas de surfer sur un revival old school. Pas de concessions par ici donc les morceaux ne dépassent pas les trois ou quatre minutes et "Scent Of Death" n'est pas là pour faire dans la dentelle, donc ça tape directement dans la viande et ça tache du sol au plafond. "A Vacant Casket" se fait très efficace lui aussi avec des riffs assez vicelards et un tempo bien lourd assorti de ce fameux groove qui déboîte toutes mâchoires qui ont le malheur de traîner par là. Vous n'aurez évidemment aucune surprise par ici mais si vous cherchez du death old school, ce n'est pas ce qui va vous freiner et en dehors du fait que cela sonne comme pas mal d'autres groupes, on ne peut pas reprocher grand-chose à "Scent Of Death". C'est brutal, groovy, gras, puissant et ça coche toutes les cases du cahier des charges pour un album de death à la suédoise. "Impaled Tortured And Left For Dead" lève d'ailleurs un peu le pied et se fait bien plus lourd après quatre morceaux qui ne perdaient pas de temps à tourner autour du pot.
"Leeches" continue sur cette lancée très lourde et nous envoie même un petit break plus inquiétant et oppressant au milieu de ces riffs qui doivent donner du cholestérol tant ils sont gras ! Pour le reste, ça fonce dans le tas et ça se fait bien teigneux donc si l'influence Entombed doit être pointée, c'est surtout celle de "Left Hand Path" et "Clandestine". Carnal savagery porte bien son nom et ne fait pas de cadeaux et entre les riffs saignants et gras d'un côté et les passages écrasants et poisseux de l'autre, il y a de quoi pourrir définitivement la moquette. En seulement trente-huit petites minutes ce troisième album démonte tout sur son passage et vous bave dans les enceintes. "Scent Of Death" a d'ailleurs été masterisé par Dan Swanö donc si vous vous demandiez si ça sonnait bien, vous avez maintenant la réponse. Tout ça n'invente rien mais ça fait plaisir à entendre quand même, là pas d'intro, pas d'interludes, juste du gros death qui tache et qui envoie la sauce sans perdre de temps. Même si on aime les scènes modernes et plus techniques par ici, on prend volontiers une bonne dose de gras et on a ce qu'il faut sur ce nouvel album. Pas de gros changements à attendre non plus par rapport aux deux précédents albums, on reste dans la même lignée et vous ne serez clairement pas dépaysés. En même temps ce type de death old school ne laisse pas beaucoup de marge pour évoluer, c'est soit du gras qui tache soit du gras qui tache.
"Scent Of Death" continue la voie tracée par "Grotesque Macabre" et "Fiendish", et nous envoie un death old school aux senteurs Entombed première période qui envoie du bois et fait le boulot. Rien de nouveau évidemment mais le groove est là, la violence aussi et le tout est largement assez efficace pour faire mouche.
"Fiendish"
Note : 16/20
Préparez-vous à vibrer au son de Carnal Savagery. Créé en 2017 en Suède, le groupe a
littéralement 30 ans de retard, car Mikael Lindgren (basse / batterie, ex-Cromlech,
ex-Divine Souls), Patrik Eriksson (guitare, ex-Divine Souls), Mattias Lilja (chant,
Desolation, ex-Divine Souls) et Mattias Björklund (guitare, Sapfhier, Snakemass,
ex-Wan), le nouveau membre, jouent du death metal à l’ancienne.
Pendant trois quarts d’heure, le groupe fera hurler ses guitares et vrombir sa section
rythmique au son des mélodies grasses et sanglantes, qui commencent avec "Shredded
Flesh", un titre incisif plein de rage. Le chant colle à la perfection à cette ambiance à la fois
morbide et agressive, tout comme sur les riffs perçants de "Reborn Dead". Tous les
instruments se mettent au service de la lourdeur et de ces riffs damnés qui ralentissent pour
nous offrir un groove putride, puis on tire sur des influences doom / death avec "Embalmed
Corpses" et sa lenteur cadavérique. Les sursauts d’énergie donnent naissance à "In Death I
Trive", un titre angoissant et légèrement plus rapide qui développe une ambiance sombre
avant "Dead Rotten Meat", un titre très accrocheur. Le groupe accélère à nouveau avec
"Maggot Infested Flesh", un tire sans surprise assez morbide et violent, qui nous écrase avec
sa lenteur avant de repartir d’un seul coup dans une rage incontrôlable.
On continue avec
"Exhumed", un morceau à la fois lent et accrocheur. Le titre prime sur des riffs bruts
agrémentés de ce son purulent si caractéristique des suédois, puis l’accélération sera
source de nombreux headbangs avant "Veil Of Death", un morceau qui emprunte parfois au
black metal quelques tonalités, qui s’ajoutent à une lenteur pesante. "Gluttony" nous offre une
nouvelle poignée de riffs gras et de mélodies tranchantes avant l'entraînant "Grotesque
Macabre", une composition plutôt efficace qui n’hésitera pas à accélérer pour placer des
éléments plus violents, ainsi qu’une partie lead hargneuse avant "Vermin", le dernier morceau.
Les riffs piochent allègrement dans un brutal death très old school pour clore l’album
comme il a commencé : dans la violence.
Carnal Savagery fait dans l’old school, et il le fait bien. Les mélodies de "Fiendish" sont
violentes, accrocheuses, et surtout basées sur des riffs bien ficelés qui s’enchaînent sans
temps mort. A suivre de près.
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