"Wormtales"
Note : 17/20
Place à la violence avec Carnosus ! Pour ce troisième album, Jonatan Karasiak (chant),
Rickard Persson (guitare), Marcus Jokela Nyström (guitare), Marcus Strindlund (basse)
et Jacob Hedner (batterie) collaborent avec Willowtip Records. Accueillez "Wormtales".
L’album s’ouvre avec "Birthless" où le groupe nous prouve immédiatement sa puissance, mais
aussi sa technicité avec des riffs lourds mais travaillés et dissonants ancrés dans un death
metal oppressant. Les leads complexes viennent apporter une touche de légèreté avant que
"Within Throat, Within Heart" ne prenne la suite avec une approche plus sauvage, laissant la
rythmique bouillonnante nous matraquer continuellement à toute allure jusqu’à ce que
"Neglectikon" ne dévoile une lourdeur pesante. Cris et grognements donnent à cette
composition son agressivité incontrôlable suivie par la rythmique, mais elle est à nouveau
canalisée sur le solo avant de rejoindre "Yearnings Of A Rotten Spine" où le vocaliste se
déchaîne dans des tonalités perçantes à l’inverse de "Worm Charmer" qui met l’accent sur le
growl et la lourdeur avec des patterns old school, mais également des éléments empruntés
au death progressif, en particulier sur les leads.
Un effet vient temporiser l’arrivée de la
ravageuse "Harbinger Of Woundism" où le groupe propose un groove accrocheur pour
compléter sa rage inarrêtable que l’on retrouvera également avec "Paradoxical Impulse" qui
mélange les influences pour créer un véritable chaos que les musiciens parviennent à
rendre cohérent tout en restant si opaque. Les touches de pig squeal finales nous emportent
vers "Wound Of Wisdom" où le blast et la batterie explosive énergisent les riffs, leur donnant
ce côté brut mais travaillé avant les derniers leads plus lents, mais "Cosmoclaustrum" vient
donner un nouveau coup de fouet au son du quintette. Le point d’orgue du morceau se trouve
à nouveau vers ses derniers instants avant qu’il ne ralentisse, laissant place à "Solace In Soil"
qui propose une introduction ritualistique mystérieuse avant de relâcher toute sa puissance
grâce à des tournures réfléchies qui mettent chaque instrument en avant au bon moment.
"Wormtales" permet à Carnosus de poursuivre son ascension dans la scène death metal
grâce à des compositions complexes et travaillées. Les musiciens sont extrêmement doués,
et ils ne manqueront pas de nous le faire comprendre !
"Visions Of Infinihility"
Note : 15/20
S'il avait fallu quatre ans aux Suédois de Carnosus pour livrer leur premier album "Dogma Of The Deceased" en 2020 après l'EP "The Universal Culmination", maintenant la machine est lancée et le groupe est de retour avec un deuxième album, "Visions Of Infinihility". On continue sur la lancée et on retrouve donc un death metal qui n'hésite pas à flirter avec le thrash et à se faire aussi mélodique et groovy que brutal.
"Ossein Larcenist" démarre sans perdre de temps avec des riffs à la groovy et techniques qui glissent juste ce qu'il faut de mélodies, on retrouve donc la patte de Carnosus qui pourrait plaire à ceux qui aiment Revocation par exemple. On retrouve dans l'esprit le même mélange d'école moderne et old school du death metal avec une touche de thrash, des passages à se déboîter les cervicales, d'autres plus techniques et pointus et une juste dose de mélodie pour rendre le tout plus accrocheur et efficace. Une efficacité portée en étendard puisque ce deuxième album atteint les trente-cinq minutes et ne perd pas son temps, vous savez donc que l'ensemble va être brutal et puissant malgré l'apport fréquent de parties plus mélodiques. "Calamity Crawl" envoie d'ailleurs les blasts en guise de comité d'accueil et rase tout sur son passage d'entrée de jeu. Les riffs plus thrash qui suivent ne contribuent pas à calmer le jeu et rendent au contraire le tout plus vicelard. "Castle Of Grief" ajoute encore une petite dose de thrash et se fait tout aussi teigneux et brutal, là encore on prend une bonne dose de blasts et les structures n'arrêtent pas de bouger. C'est fréquent chez Carnosus mais n'imaginez pas que le groupe mise beaucoup sur la technique, elle est utilisée pour rendre le morceau dynamique et vivant, et les cassures rythmiques ne sont là que pour vous briser la nuque. "Fermenting Blastospheres Of Future Putridity" est le premier morceau à vraiment lever le pied pour proposer quelque chose de plus lourd mais tout aussi puissant.
Malgré les structures mouvantes et certains riffs assez techniques, c'est typiquement le genre de death metal qui doit faire un carnage sur scène, la puissance et la brutalité sont bien présentes et le tout est tellement efficace qu'il est difficile de rester impassible à l'écoute de "Visions Of Infinihility". "In Debt To Oblivion", quant à lui, présente une ambiance plus froide et glauque qui tranche bien avec la brutalité ambiante et permet d'amener de la profondeur à ce deuxième album. Si Carnosus est direct, il sait rendre son death metal suffisamment varié pour éviter la répétition, le format compact et la durée relativement courte de l'album jouent en sa faveur aussi. Pas le temps de s'ennuyer en trente-cinq minutes, les morceaux s'enchaînent et chacun vous colle une baffe à sa façon. Il faut aussi relever le boulot accompli par le caméléon vocal Jonatan Karasiak qui passe de growls profonds à des cris bien plus aigus, le bougre a l'air totalement possédé et s'arrache les cordes vocales ! "Towards Nihilistic Purity" apporte encore une autre ambiance avec quelques parties plus dissonantes et malsaines au milieu de la brutalité et de la lourdeur habituelles. Notons que tout ça est servi par une production puissante et propre avec une batterie assez sèche qui claque bien et une basse qui arrive à se faire une bonne place dans le mix. Si le groupe varie son propos, on reste quand même sur un death metal assez intense et brutal, la mélodie se fait souvent une place mais ne contribue jamais à adoucir l'ensemble. Elles apportent quelques ambiances et rendent la musique de Carnosus plus riche et plus profonde mais préparez-vous à vous prendre une bonne série de raclées.
"Visions Of Infinihility" suit donc la lignée de son prédécesseur avec un death metal violent, technique, mélodique avec quelques sonorités thrash. Cela nous donne trente-cinq minutes intenses et brutales pour neuf morceaux qui devraient faire des dégâts en live !
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