À l’instar de la NWOBHM, le sleaze rock a toujours été une étiquette quelque peu bâtarde. En fait, la plupart des formations se réclamant du sleaze s’accordent sur presque rien sauf une chose : celle de jouer du rock’n’roll salement ("sleaze” signifiant “crasse”). Du coup, certains versants du punk peuvent facilement être assimilé au sleaze. Musicalement, ce sera d’ailleurs le cas ici, "Kick The Devil" de Case 39 ayant un attrait non négligeable pour le mouvement phare des 70’s précité.
Nouveau venu de la scène rock’n’roll cradingue teutonne, Case 39 propose donc son premier album, "Kick The Devil". Pour être sale, cet opus l’est clairement. La production est minimaliste, l’enregistrement s’est fait “live” dans le studios, les effets accolés aux grattes laissent traîner une distorsion remplie de grain et très peu soignée. Si le début de l’album m’a quelque peu freiné ("Kick The Devil" et "Full Speed"), proposant un rendu trop “Sleaze” dans l’approche justement, des titres tels que "Grandsons Of Elvis", "Concrete Shoe Company" ou "Romantic Fools" m’ont bien plus accroché. Le tout se veut punk, bagarreur, dopé à l’essence et suintant la bibine. Toutefois, si la chose plaira aux amateurs de bagarres skin-ska à l’ancienne (Dead Kennedys, Bad Brains et compagnie), son aspect trop répétitif devrait freiner les biberonnés à la modernité (même les plus punks d’entre eux).
Verdict ? 0-0 balle aux centres ! Finalement c’est la nature même de Case 39 qui se révèle être, à la fois, son plus bel et son pire argument. Pour sûr, des titres forts, plus punk et “grand public”, tels que "Anti-Rockstar" parleront bien évidemment aux fosses de festivals (aux côtés, sans rougir, de Pipes And Pints, Dropkick Murphys et compagnie !). Force est de constater qu’il sera difficile aujourd’hui d’apprécier le sleaze pour quelqu’un qui n’y est pas coutumier ou qui ne l’a pas vu grandir. Pourtant, en la matière, Case 39 pourrait très bien servir de démonstratif pour définir le sleaze au plus grand nombre.
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