En ces temps modernes, il est un prophète que le monde appelle "YouTube". Ce truc rouge à la flèche "play" blanche qui expose et explose tout et son contraire aux yeux et oreilles du plus grand nombre. Et, ce messi actuel, a propulsé Chaoseum à plus de 1 millions 700 000 vues avec "Smile Again". Si , la chose est assez réductrice. Impossible de nier les influences et le son très Kornélien du groupe, mais "Second Life", l’album dont est extrait ce "Smile Again" est bien plus que l’expression d’un Jonathan Davis grimé en Joker.

Entre néo, alternatif et pointes de modernités, "Second Life" est un opus taillé dans le gras et dans les émotions douloureuses. De près de quarante-cinq minutes, il revisite les bases des mouvements musicaux qu’il apprécie en en établissant d’autres ("Stick Under My Skin", "Into My Split"). Il faut dire que l’intro "Xxv-Ix-Mmxx" et "Hell Has No Way Out" avaient prévenu l’oreille : il n’y a pas réellement d’échappatoire à ses démons internes et ses ténèbres intérieurs. Autant donc finir par les écouter et les laisser s’exprimer !

Bien qu’il soit bien vite rattrapé par le spectre de Korn, avec ses quelques prises ci-et-là en dehors des sentiers du neo, notamment les touches thrash mélodique à la Trivium de "Second Life" ou encore les poussées presque breakcore sur "Burn My Eyes", "Second Life" tente de s’établir une propre personnalité. Verdict ? Certainement à enfermer dans un asile. Schizophrénique entre ses diverses influences, Chaoseum n’en demeure pas moins un patient particulier et intéressant. Le diagnostique du docteur penchera toutefois sur un postulat simple : si vous aimez Korn, écoutez ce disque. Si vous êtes déçus de Korn, écoutez ce disque. Si vous n’aimez pas Korn, écoutez ce disque, vous n’aimerez toujours pas Korn.

Et merde, on avait dit en intro que ce serait réducteur de rester sur la comparaison avec Korn. Pardon… KoRn. Oui, depuis que Norman Thavaud a révélé écouter du KoRn il y a quelques années, le "r" est redevenu "R".

Allons faire un tour du côté de Lausanne, flâner dans la fraîcheur d’une Suisse paisible qui émergerait doucement en plein hiver. D’un pays tranquille qui viendrait subitement t’éclater la tronche et les tympans avec des décibels mêlant groove, death, thrash voire alternatif au sein d’un metal moderne à faire fondre tes chocolats et à faire regretter l’éternelle étiquette de contrée neutre et pacifique des paysages Helvètes. "Qu’est ce qu’il a encore consommé celui-ci ?" me demanderas-tu d’un air ahuri jeune incrédule. Rien de bien illégal, juste un opus bien musclé nous venant du même Etat que le lac Léman.

Et c’est peu de le dire, car ce debut-album de Chaoseum, "First Step To Hell" porte réellement bien son nom ! Porté par une voix féminine puissante et mélodieuse, rejoint par des screams en tous genres et épaulé par des riffs tout aussi couillus, "First Step To Hell" nous livre onze pistes de la folie de Chaoseum ("Lilith", "Don’t Waste My Time"). Onze pistes certes, mais surtout onze pistes mixées par la patte d’Izakar (ex-Dagoba, Blazing War Machine) et onze pistes oscillant entre chaos, seum et Chaoseum. Les vocales de Lola Van Lo se voulant tantôt harmonieuses, tantôt agressives, tantôt lyriques ("Blue Scorpion", "First Step To Hell"). Le tout, pour finir sur quelques notes plus posées avec sa dernière composition "Between Two Lives". Bien que l’album soit extrêmement soutenu en rythme, accrochant et bien ficelé, "First Step To Hell" livre une fin d’album encore plus haletante, l’enchaînement "Kill Or Be Killed" - "Devil’s Wedding" - "Rock Rock" est tout simplement excellent. Notamment dû à une rythmique rock’n’roll et des refrains entêtants ! De là, rien d’étonnant à voir Chaoseum s’envoler pour les USA en Février prochain en compagnie de Soulfly, Kataklysm et Incite.

N’en déplaise à Dante, la première étape vers l’enfer pourrait bien être cet album. "First Step To Hell" est un ensemble prenant et solide avançant dans un style qui lui est bien propre. Entre metal moderne, melodic groove voire death-thrash, Chaoseum a certainement là la recette de son succès. Les (petits) Suisses nous gratifient donc d’un debut-album solide et plein de promesses. Et puis, ne le cachons pas, la bande-son d’Attack On Titans aurait eu bien plus de gueule si Chaoseum la revisitait plutôt qu’Epica. Pas vrai le titan de chair sur l’artwork ?