"Beyond The Circular Demise"
Note : 19/20
Coffins marche à nouveau. Créé il y a bientôt trente ans au Japon, le groupe mené par
Uchino (guitare / chant, Oozetopus), Satoshi (batterie, Oozetopus), Jun Tokita (chant) et
Masafumi Atake (basse / chant) dévoile "Sinister Oath", son sixième album, chez Relapse
Records.
On débute avec "B.T.C.D.", une première courte composition instrumentale qui nous rappelle
à quel point le son du groupe est gras et oppressant, mais surtout extrêmement accrocheur !
Les riffs sont simples mais massifs, et l’arrivée du chant caverneux sur "Spontaneous Rot" ne
fera qu’accentuer le phénomène en nous faisant remuer le crâne sur cette rythmique
épaisse et écrasante pendant que la batterie nous matraque régulièrement. Les leads
criards renforcent également le côté abrasif du morceau tout comme sur "Forced Disorder" et
son approche d’abord lancinante complétée par des frappes beaucoup plus vives, puis
assez changeantes avec des passages totalement effrénés avant de déboucher sur
l’introduction apathique de "Sinister Oath". La batterie viendra dynamiser légèrement le titre
éponyme, laissant les grognements profonds se frayer un chemin pour nous terrifier avant
de s’enflammer de ne nous piétiner jusqu’à ce que "Chain" prenne la suite avec une
rythmique enjouée propice à toutes sortes de mouvements de foule.
Les parties vocales
morbides sont évidemment de la partie assombrissant le mélange poisseux, puis c’est au
tour d’"Everlasting Spiral" de nous plonger dans ses sonorités lugubres, suivies
d’harmoniques dissonantes au possible. Très longue, mais également totalement
hypnotique, la composition va finalement accélérer pour accueillir les hurlements pour sa
partie finale qui laissera finalement place à la sauvagerie sur "Things Infestation", qui est sans
aucun doute l’un des morceaux les plus agressifs de cet album, voire même de toute la
discographie des Japonais. Le rythme ne ralentira qu’avec l’arrivée de "Headless Monarch",
qui viendra rendre hommage aux racines doom entêtante grâce à des guitares
sporadiquement plus aériennes qui créent un véritable contraste avec les touches de death
violentes qui secouent la composition. La fin de l’album est marquée par "Domains Of Black
Miasma" qui laisse d’abord les musiciens proposer une rythmique solide avant de ralentir,
puis de nous replonger une dernière la tête la première dans leur vortex de noirceur et de
lenteur abyssal qui disparaît progressivement.
Je prends toujours un plaisir intense à écouter Coffins, et ce nouvel album vient compléter à
merveille sa discographie avec des riffs incroyablement puissants ! "Sinister Oath" est
définitivement l’un des albums les plus gras et oppressants de l’année.
"Beyond The Circular Demise"
Note : 18/20
Il était une fois Coffins, groupe de doom / death old school japonais qui nous offre ici son
cinquième album avec la délicatesse d’un pachyderme obèse. Créé en 1996 par Uchino
(batteur de 1996 à 1997 puis guitariste depuis 1998, également membre d’Oozetopus), la
formation nippone compte également dans ses rangs Satoshi (batterie, Oozetopus), Jun
Tokita (chant) et Masafumi Atake (basse / chant). A noter que leur discographie compte
également 22 splits et 4 EPs. Prêts à vous faire rouler dessus ?
On commence sans aucune forme de douceur par "Terminate By Own Prophecy", un
morceau aussi gras que lourd, et qui nous prouve que les Japonais n’ont rien perdu de leur
fougue. Les riffs sont efficaces, le chant monstrueux, et il est impossible de rester de marbre
devant un tel élan de death metal pur jus. Même constat pour "The Tranquil End", un
morceau qui s’offre une introduction un peu plus malsaine pour revenir à une rythmique plus
rapide mais qui reste dans cette saturation extrême, laissant toutefois différencier tous les
instruments. Une partie lead bien psyché, et la marche reprend. Déjà connue par ceux qui
suivaient un minimum l’actualité du groupe, "Forgotten Cemetery" attaque fort avec un son
imposant dès les premières notes. Et même si la composition ralentit, c’est pour permettre
au guitariste de placer un solo dont lui seul à le secret. Un peu plus longue, "Impuritious
Minds" nous laisse savourer une basse hurlante pendant que les cordes de la guitare
crachent des parties lead tranchantes.
Alternant rapidité, efficacité et ambiance malsaine, "Hour Of Execution" ne nous laissera pas
sur notre faim en repartant aux racines même du doom / death avec des riffs simples mais
furieux, tout comme "Insane", qui aurait pu être écrite il y a plus de vingt ans sans que cela ne
choque outre mesure. A nouveau, le passage lead complètement barré et bourré d’effets
donne vie à la folie des Japonais sans jamais dénoter sur ce son old school. On continue
avec "Birth Postmortem" et une introduction parlée qui laisse rapidement place aux
hurlements caverneux du frontman, sur les riffs lourds et gras de ses compères. Impossible
de ne pas se laisser prendre au jeu, surtout lorsque les cris deviennent plus viscéraux.
"Gateways To Dystopia", le dernier titre, est de loin le plus long. Après une introduction aux
sonorités macabres, Coffins nous offre un concentré de leur savoir-faire, et nous piétine
sans aucun ménagement jusqu’à la dernière note.
Coffins est revenu, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Japonais sont en forme !
Alors certes "Beyond The Circular Demise" n’est pas un album original, mais son efficacité
n’est plus à prouver ! En plus de vingt ans, les Japonais n’ont jamais déçu, et leur récente
performance live à Paris le confirme encore et toujours.
"The Fleshland"
Note : 12/20
C'est pas tous les jours qu'on chronique des groupes de metal extrême japonais, et c'est Coffins s'y colle pour cette fois. Le groupe fait parler de lui depuis un petit moment déjà et jouit d'une bonne réputation dans le monde de l'underground. Ce "The Fleshland" n'est que le malgré tout que le quatrième album du groupe, sorti 5 ans après "Buried Death", Coffins s'étant surtout amusé entre les deux à sortir toute une tripotée de splits et autres EPs.
Pour ceux qui n'auraient jamais eu l'occasion de jeter une oreille à la musique du groupe, disons que c'est un mélange de death crade et de doom, le tout façon carrément old school avec un son bien baveux. Sur ce nouvel album, tous les ingrédients sont de retour mais j'ai l'impression qu'il manque le petit quelque chose qui relève le goût, ça passe bien, c'est pas dégueu' mais il manque un truc. Autant les précédentes réalisations de Coffins passaient plutôt bien, y compris l'EP "March Of Despair" sorti avant l'album, autant là ça coince un peu. Je ne sais pas si c'est le côté doom plus prononcé que d'habitude qui fait ça ou si c'est simplement un manque d'inspiration, mais j'avoue m'être un peu fait chier par moments. Plus que les influences doom, c'est surtout le côté monolithique de l'album qui provoque des passages à vide, à côté des deux premiers morceaux qui sonnent très Celtic Frost et qui sont donc bien vivants, le reste fait un peu pâle figure. Je ne leur demande pas d'innover ou de tester d'autres sonorités, j'ai bien compris le délire old school du groupe et ce genre de trucs n'est en général pas fait pour me déplaire et l'immobilisme fait partie de la démarche. J'aimerais juste qu'il y ait un peu plus mouvements là dedans, parce que ce côté monolithique fait que l'album finit par s'embourber.
Malgré ça, le côté old school bien crade fonctionne, le son est toujours aussi sale, baveux et gras. Les morceaux pris un par un passent assez bien aussi, c'est quand on écoute les 47 minutes de l'album que ça chie un peu dans la colle. Le problème vient peut-être de là d'ailleurs, 47 minutes pour un album c'est très convenable mais certains morceaux sont trop longs. Quand on étire deux riffs sur 7 minutes sans aucun changement de rythme, ça peut vite devenir lourd, dans le mauvais sens du terme. D'autant que comme je dis souvent ces derniers temps, ce genre de groupes commence à fleurir partout et d'autres font ça très bien. Et même si Coffins a sorti de bonnes choses précédemment, je ne vois pas ce qui peut convaincre les amateurs du genre de se pencher sur cet album en particulier, parce que même si ce n'est pas exactement la même, en termes de mélange doom / death crade le dernier Autopsy explose largement ce nouveau Coffins !
Bref, un nouvel album en demi-teinte pour moi, pas franchement mauvais mais le groupe nous a habitués à mieux et la concurrence commence à être rude dans le secteur. Peut-être que le rythme de leurs sorties y est pour quelque chose, en 5 ans et entre deux albums, on a eu droit à peu près à 10 splits, une compil' et deux EPs ! Il serait peut-être temps de lever un peu le pied et de retrouver l'inspiration, sans quoi la bonne réputation du groupe risque de prendre un coup dans l'aile.
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