"Altar Of Disgust"
Note : 16/20
Crawl remet le pied à l’étrier avec son deuxième album. Nommé "Altar Of Disgust", il sort chez
Transcending Obscurity Records et confirme le retour de Joachim Lyngfelt (chant,
Övervåld), Ämir Batar (batterie, Tormention, Sanity Assassin), Martin Sjögren (guitare,
Discarnate) et Ragnar Hedtjärn Ullenius (basse, Defueld) après un court split avec Feral
l’an passé.
L’album débute sur "Undead Crypts" où on retrouve immédiatement ce son sale et saturé
propre à la scène suédoise, suivi par les vociférations sauvages. Les patterns accrocheurs
ralentissent pour créer des passages dissonants avant de revenir à la furie avec "Throne Of
Molten Bones" qui s’autorise tout de même des larsens contrôlés pour alimenter sa force de
frappe avec une touche brute, mais également des refrains motivants. Le groupe poursuit
dans l’agressivité avec la courte "Knives" et ses riffs saccadés complétés par une basse
grasse, puis avec "Curse Of The Morbid" qui va également construire une ambiance sombre
tout en frappant avec une rythmique efficace faite d’accélérations vives.
La dissonance
continue sur "Ethereal Depths" où le groupe adopte une approche d’abord plus lente mais
toute aussi étouffante qui va entrer en éruption pour ses derniers instants avant de faire
place à "Where No Light Escapes" et sa voix samplée inquiétante qui nous accompagne tout
au long de cet étrange titre au final strident, qui débouche sur "Enslaved In Filth" où le death
metal reprend ses droits avec des riffs belliqueux. Les influences grind le font passer en un
instant, mais il est suivi par "Vision Of Burning Apparitions" qui ralentit légèrement le tempo
avant de finalement lâcher les rênes à nouveau, nous laissant imaginer toutes sortes de
mouvements de foule, qui peuvent également apparaître sur "Until They Crawl" au vu de sa
rythmique entraînante taillée pour la scène. "Into Sordid Rifts" prend la suite avec une
nouvelle dose de HM-2 sans finesse sur des patterns remuants qui nous mènent vers un
final martial, puis le disque prend fin avec "Buried Lust" où les cris rauques peuplent une
rythmique angoissante faite de petites éruptions énergiques qui dynamisent l’atmosphère
sinistre.
Rien de révolutionnaire chez Crawl, mais le groupe nous offre notre saturation suédoise
préférée sur "Altar Of Disgust". Trente minutes de tronçonneuse, que ce soit à toute allure ou
pendant des passages plus lents et oppressants, ça ne se refuse pas !
"Rituals"
Note : 17/20
Réputé dans la scène death mondiale, le death metal suédois nous propose un autre de
ses rejetons, Crawl. Formé en 2014, Ämir Batar (batterie) et Martin Sjögren (guitare)
enregistrent une première démo avec Joakim Mikiver (chant) et Daniel Gustavsson
(basse). Ce dernier quitte l’aventure quelques temps après, et l’EP est composé avec le
bassiste Adam Andersson. Le groupe continue de composer, mais Joakim laisse sa place
à Joachim Lyngfelt pour l’enregistrement de "Rituals", son premier album. Adam décide
également de quitter le groupe, obligeant Martin à enregistrer la basse pour "Rituals". Peu de
temps après, le groupe recrute Ragnar Hedtjärn Ullenius (basse) pour compléter son
line-up. On écoute cet album ?
On commence par "Reject The Cross", le premier titre qui démarre sur les chapeaux de roues.
Le son des Suédois est gras au possible, et je sens que la Boss HM-2 doit y être pour
quelque chose. Un peu grind sur les bords mais surtout très malsains et bourrés
d’harmoniques déchirantes, les riffs vous feront headbanguer en quelques secondes. On
passe bien vite à "Breathing Violence" qui a littéralement été composé pour distribuer des
baffes dans une fosse survoltée d’adeptes de la double pédale à volonté pour agrémenter
une rythmique sale. "The Stench" prend le relais avec cette même distorsion qui donne un
son monumental, alors même que la vitesse n’est pas au rendez-vous. Beaucoup plus
simpliste mais tout aussi efficace, cette composition ferait une parfaite entrée en scène pour
les Suédois.
Plus malsaine que les autres, "Black Ritual" sent les influences black metal à plein nez, alors
que des choeurs hurlés s’invitent à la fête pendant que Joachim nous fait profiter de son
timbre rocailleux. C’est d’ailleurs un hurlement surpuissant qui ouvre "Trail Of Traitors", alors
que les musiciens distillent une rythmique qui pioche dans le doom / death pour nous
assommer en beauté. Malgré la lenteur assumée, la composition reste très efficace et
s’accélère d’un coup sur la fin, juste avant le début de "Sentenced To Rot", qui conserve
l’aspect rapide grâce à un batteur déchaîné. Les influences du groupe sont facilement
identifiables, mais ce que Crawl en a fait est leur version d’un massacre de masse.
Pas le temps de se reposer, les Suédois enchaînent avec "Cowards", un titre à la rythmique
qui tire presque sur le punk par moments avant de revenir sur un leur death metal sale, tout
en laissant une place de choix à la basse. La composition s’arrête net pour laisser "Suffer"
nous tomber dessus. Cette fois, c’est la guitare lead qui est mise en avant pour une
composition qui fait honneur au style. Le dernier morceau, "Coven Of Servants", est de loin le
plus long de l’album. le groupe se permet de prendre le temps de caler des breaks ainsi que
des hurlements vicieux qui font froid dans le dos, avant un final au larsen.
Crawl a réussi à obtenir un son à la fois gras, sale et malsain tout en s’appropriant les codes
d’un genre déjà surexploité. Il est logique de penser que les musiciens ont tous été nourris
avec Grave, Obituary et Dismember depuis des années pour être capables de pondre un
album de cette qualité.
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