Le groupe
Biographie :

Crippled Black Phoenix est un groupe de dark rock anglais formé en 2004 et actuellement composé de : Justin Greaves (guitare / batterie / basse / samples), Belinda Kordic (chant / percussions), Wesley J. Wasly (basse) et Ryan Patterson (chant). Crippled Black Phoenix sort son premier album, "A Love Of Shared Disasters", en 2007 chez Invada Records, suivi de "The Resurrectionists" en 2009, de "Night Raider" en 2009, de "I, Vigilante" en 2010, de "(Mankind) The Crafty Ape" en 2012 chez Mascot Music Production, de "No Sadness Or Farewell" en 2012 chez Cool Green Recordings, de "White Light Generator" en 2014, de "New Dark Age" en 2015 chez Season Of Mist, de "Bronze" en 2016, de "Great Escape" en 2018, de "Ellengæst" en 2020, de "Banefyre" en 2022, et de "The Wolf Changes Its Fur But Not Its Nature"/"Horrific Honorifics Number Two(2)" en 2024.

Discographie :

2007 : "A Love Of Shared Disasters"
2009 : "The Resurrectionists"
2009 : "Night Raider"
2010 : "I, Vigilante"
2012 : "(Mankind) The Crafty Ape"
2012 : "No Sadness Or Farewell"
2014 : "White Light Generator"
2015 : "New Dark Age"
2016 : "Bronze"
2018 : "Great Escape"
2020 : "Ellengæst"
2022 : "Banefyre"
2024 : "The Wolf Changes Its Fur But Not Its Nature"/"Horrific Honorifics Number Two(2)"


Les chroniques


"The Wolf Changes Its Fur But Not Its Nature"/"Horrific Honorifics Number Two(2)"
Note : 17/20

Le perfectionnisme de Crippled Black Phoenix célèbre ses vingt ans. Mené comme toujours par les infatigables Justin Greaves (guitare / batterie / basse) et Belinda Kordic (chant), le groupe s’entoure de Andy Taylor, Helen Stanley, Matt Crawford, Georg Paco Nitschke, Wesley J. Wasley, Ryan Patterson, Justin Storms, Kostas Panagiotou, Robin Tow et Martin Hyde pour réenregistrer les sons présents sur "The Wolf Changes Its Fur But Not Its Nature", ainsi que des reprises sur "Horrific Honorifics Number Two(2)", son treizième album.

Loin d’être un tout nouvel album, "The Wolf Changes Its Fur But Not Its Nature" ne contient que des morceaux déjà sortis, mais que le groupe a choisi de remettre au goût du jour. On commence par exemple avec les rires sinistres de la longue "We Forgotten Who We Are" qui deviendra rapidement entêtante et aérienne avant de finalement accueillir les parties vocales lancinantes. Le morceau reste globalement ancré dans la quiétude, notamment grâce à ses racines shoegaze brumeuses et progressives, rejoignant la glauque mais festive "You Put The Devil In Me", composition guidée par les claviers où la vocaliste s’en donne à coeur joie pour nous envoûter, laissant les guitares prendre le relai pour de longs passages leads. "444" reste dans cette approche occulte avant de proposer un son chaleureux mais assez imposant, profitant de quelques samples pour nous faire à moitié sortir de notre torpeur, mais les différentes voix se répondent jusqu’à atteindre "Goodnight, Europe (Pt2)". L’approche est sensiblement différente, laissant Belinda jouer avec des notes vaporeuses qui flottent aisément dans l’air et forment une brume fascinante avant de s’effacer pour laisser "(-)" nous autoriser un long moment de flottement grâce aux claviers et bruits ambiants. On retrouve un duo vocal intéressant sur "Song For The Unloved" pour les premiers instants assez calmes, mais l’atmosphère s’intensifie et nous dévoile une saturation doublée de tonalités mystiques avant de s’apaiser à nouveau, puis de revenir à des influences jazz grâce à un saxophone. Le reste du morceau conserve cet univers futuriste surprenant avant de finalement revenir à une approche plus épurée avec "Whissendine", nous permettant de respirer tout en laissant la chanteuse nous hypnotiser. La voix samplée finale nous accompagne jusqu’à "Blizzard Of Horned Cats", une dernière composition d’abord très douce puis plus lourde imposante, mais qui reste dans cette dynamique d’effets aériens jusqu’à céder à la folie et disparaître dans un bruit blanc.

On reprend donc avec "Horrific Honorifics Number Two(2)" qui débute par "Vengeance" de New Model Army, où on sent clairement la vibe post-punk et les touches gothiques qui deviennent plus énergiques sous la patte du combo. Les tonalités vindicatives deviennent planantes sur "Self Control" de Laura Branigan, laissant Belinda sublimer un nuage de douceur inattendu avant de revenir à l’atmosphère post-hardcore teintée d’indus de "Blueprint", composition de Fugazi où la rage rencontre l’apaisement. Le morceau reste assez intense, mais le son redevient d’abord lancinant avec "And That's Sad", création hétéroclite de NoMeansNo où les régulières éruptions de violence font rage entre les vagues de calme. Retour à la véritable quiétude sur "Hammer Song" du Sensational Alex Harvey Band où les touches rock des années 70 sont plus que présentes et sublimées par le groupe, en particulier dans les leads, alors que "When A Blind Man Cries" de Deep Purple nous emporte dans sa nostalgie. Les touches blues résonnent à la perfection avec l’approche aérienne, mais "My Pal" de God viendra transformer la rythmique pour lui donner une énergie communicative. La dernière reprise est "Goin' Against Your Mind", des Américains de Built To Spill, dont le rock atmosphérique colle parfaitement à l’approche plus lourde de Crippled Black Phoenix. Je ne connaissais pas le groupe d’origine, mais j’aurais pu jurer que la composition était nouvelle !

Crippled Black Phoenix a cette fois choisi de revisiter d’anciens morceaux pour leur donner une seconde jeunesse, et c’est une excellente chose. En plus de réactualiser leur son sur "The Wolf Changes Its Fur But Not Its Nature", ils nous dévoilent leurs influences sur "Horrific Honorifics Number Two(2)", permettant aux fans les plus récents de les découvrir, ou redécouvrir.


Matthieu
Décembre 2024




"Banefyre"
Note : 18/20

Crippled Black Phoenix ne sait pas rester inactif. Créé en 2004 en Angleterre par Justin Greaves (guitare / batterie / basse), le groupe annonce en 2022 son douzième album, Banefyre, chez Season Of Mist, accompagné par Belinda Kordic (chant / percussions), Helen Stanley (claviers / monocorde / trompette), Andy Taylor (guitare) et Joel Segerstedt (chant/guitare), ainsi que d’autres musiciens en live.

Pendant plus d’une heure et demie, le groupe va laisser ses influences infuser son mélange de post-metal, rock progressif et dark rock avec des touches surprenantes. On pourra noter cette introduction vocale effrayante sur "Incantation For The Different" qui délivrera par la suite un message engagé pour l’être humain sur fond de tonalités minimalistes avant de laisser "Wyches And Basterdz" nous envoûter avec des sonorités psychédéliques sombres et inquiétantes. Le chant alimente cette noirceur incertaine avec des sonorités mystiques, quelques hurlements en arrière-plan, puis "Ghostland" vient nous hanter avec des choeurs pesants et oniriques. La régularité de la rythmique couplée à des sonorités électroniques nous enveloppe dans une atmosphère lancinante, tout comme sur "The Reckoning" qui semble faire appel à des tonalités primitives ou des racines folk pour développer son mélange sombre et inquiétant. On notera l’alternance vocale entre douceur et intensité, alors que "Bonefire" propose une lourdeur étouffante qui se traduit par des choeurs fantomatiques, laissant la longue "Rose Of Jericho" proposer une progression dans ce chaos dissonant et saisissant. Le titre est long, et il permet au groupe de dévoiler peu à peu toutes ses influences, les faisant exploser ou se chevaucher selon le moment entre les choeurs mystiques et la rythmique macabre.

"Blackout77" nous dévoile un son presque apaisant, préférant laisser le mystère s’installer avant de dévoiler chant, saturation et même lourdeur oppressante avant "Down The Rabbit Hole" et ses éléments aériens nous apaiser. La lenteur du titre propose des sonorités imposantes qui conservent les tonalités aériennes, qu’elles soient saturées ou non, mais l’ambiance changera sur la deuxième partie du morceau qui se montre plus accrocheuse, laissant "Everything Is Beautiful But Us" nous dévoiler une mélancolie entêtante empreinte de douceur. Pourtant, la saturation est présente, tout comme les différentes voix qui nous mènent à "The Pilgrim" et son ambiance apaisante. On retrouvera les explosions d’énergie onirique qui habite les compositions du groupe ainsi qu’un groove inquiétant pour placer des parties vocales plus calmes, créant un véritable fossé avec "I'm OK, Just Not Alright" qui plongera aux confins de la noirceur. La fausse douceur s’installe lentement tout en nous piégeant avec ses sonorités aériennes et une basse ronflante avant la tornade finale, puis "The Scene Is A False Prophet", le titre le plus long, ne nous inonde avec sa mélancolie évidente tout en faisant écho à un titre bien connu d’un duo américain. Le titre reste lent avant de proposer des influences groovy et une intensité lancinante qui croît jusqu’à ce point d’orgue, qui laisse place à "No Regrets", un dernier titre bien plus abrasif et pesant que les autres pour clore l’album dans la noirceur la plus complète et les influences black metal.

Que "Banefyre" soit votre premier contact avec Crippled Black Phoenix ou non, vous ne pouvez pas vous douter de ce qui vous attend. Pourquoi ? Car le groupe cultive le mystère, les sonorités dissonantes et malsaines tout comme des parties plus imposantes et majestueuses, qui alimentent une atmosphère unique.


Matthieu
Septembre 2022


Conclusion
Le site officiel : www.crippledblackphoenix.net