"AЯK"
Note : 18/20
Retour en studio pour Crossfaith. Freiné dans ses activités par l’évènement mondial de
2020, le groupe japonais mené par Kenta Koie (chant), Terufumi Tamano (claviers / chant),
Tatsuya Amano (batterie) et Kazuki Takemura (guitare) disent au revoir à Hiroki Ikegawa
(basse) et titularisent Daiki Koide (guitare, ex-Her Name In Blood) avant de dévoiler "AЯK",
leur cinquième album.
Les influences electro du groupe ressortent immédiatement lorsque "The Final Call" débute,
recréant sans mal l’énergie de leurs shows avant que "Zero" ne fasse revenir le groupe au
complet, que ce soit avec des riffs dévastateurs ou avec leurs refrains accrocheurs. Le
break monstrueux ne fait que confirmer le retour des Japonais avant de laisser "My Own
Salvation" explorer des sonorités plus sombres, comme ce chant diphonique introductif, suivi
bien évidemment par l’explosion régulière de la rythmique pendant que les vocalistes se
déchaînent. Le groupe collabore avec Milkie Way et Sam Matlock, vocalistes du groupe
anglais Wargasm pour accentuer cette touche moderne et festive sur "God Speed" tout en
continuant dans leur approche efficace et sautillante avant la fédératrice "Warriors" où c’est
Mah, vocaliste de leurs compatriotes SiM, qui les rejoint pour apporter sa touche dansante
et ses influences reggae sur le break central.
Les musiciens enchaînent avec "Headshot!"
où même les samples sont agressifs, nous amenant à la mosh part finale époustouflante
avant que la sauvagerie ne continue sur "DV;MM¥ SY5T3M…", morceau au titre intrigant
mais qui permet une véritable déferlante grâce à un son imposant. Malgré un court instant
de relâche, l’intensité ne redescend pas jusqu’à ce que Bobby Wolfgang vienne prêter
main forte au groupe pour "L.A.M.N.", véritable hymne aux influences indus qui n’aura
aucun mal à faire remuer les foules. "Night Waves" nous offre notre premier véritable moment
de répit grâce à des claviers vaporeux et une voix claire apaisante, suivie par "Afterglow" qui
va continuer sur le chemin de la quiétude avec une approche post-punk originale,
rapidement brisée par "Canopus" et ses racines punk qui offrent la dernière touche
d’agressivité de l’album en nous faisant remuer le crâne au son de leurs riffs.
Crossfaith se relève sans souci de ses épreuves et nous offre avec "AЯK" un album très
agressif qui met un point d’honneur à nous faire espérer le meilleur en live. Vous avez raison
de croire en eux pour mettre le feu à n’importe quelle scène !
"Species"
Note : 18/20
Si vous aimez festoyer un peu violemment, Crossfaith est fait pour vous. Depuis 2006 au
Japon, le groupe distille un mélange entre electro, metalcore et groove metal. Il est d’abord
formé de Terufumi Tamano (claviers / samples / chant), Tatsuya Amano (batterie), Kazuki
Takemura (guitare) et Kenta Koie (chant), puis est complété en 2008 par Hiroki Ikegawa
(basse). Dès lors, la machine est lancée : la première démo voit le jour en 2008, un EP en
2009 et enfin leur premier album en 2011. Après quatre albums, Crossfaith nous sort
"Species", son septième EP.
Le groupe est connu pour mélanger toutes sortes de nuances d’electro avec leur rythmique
groovy, motivante et lourde. Et cet EP n’y fera pas exception ! On commence avec "Digital
Parasite", un titre qui suit la lignée des morceaux énergiques du groupe et… qui se coupe
littéralement pour laisser place à un passage acid techno / trap avant d’enchaîner sur une
rythmique écrasante à nouveau. Déjà connu des fans, "Endorphin" prend la suite avec un son
ravageur, un refrain prenant à souhaits et surtout cette énergie qui caractérise le groupe à
chaque instant. "Truth Of Insanity" semble être le titre le plus calme de l’album, mais sans
grande surprise il permet de danser, de headbanguer ou de se rentrer dedans joyeusement
comme de chanter le refrain en compagnie des Japonais sans aucun souci. Vous voulez de
la lourdeur ? Alors vous allez adorer "None Of Your Business", un morceau surprenant,
oppressant et qui voit la collaboration du groupe avec Jin Dogg, rappeur japonais. Et même
pour moi qui suis totalement imperméable au rap… J’accroche immédiatement et j’en
redemande ! La voix du guest donne une dose de noirceur et d’agressivité supplémentaire à
ce qui est pour moi le meilleur morceau de cet EP ! On termine avec "Your Song", un
morceau qui mêle efficacement riffs saccadés, hurlements metalcore et refrain fédérateur,
mais surtout des émotions que peu comprendront réellement.
Ceux qui n’y connaissent rien diront que Crossfaith fait la même chose en permanence. Et
est-ce qu’ils ont tort ? Pas tout à fait. Si la base du groupe reste sensiblement la même, les
ambiances qu’ils injectent à leurs morceaux leur permet d’aller piocher dans toutes les
directions, d’inviter des guests étrangers à leur monde et surtout de nous donner envie de
nous déchaîner au son de "Species" !
"Ex_Machina"
Note : 18/20
C’est bien connu, les groupes japonais ne font jamais dans la simplicité. Et c’est en suivant
cette recette que Crossfaith a composé "Ex_Machina", son nouvel album. Formé en 2006
à Osaka, le groupe totalise donc à ce jour cinq albums et six EPs. Et le moins que l’on
puisse dire, c’est qu’ils sont tous plus énergiques les uns que les autres ! Au chant
on retrouve Kenta Koie, épaulé par le claviériste Terufumi Tamano qui n’hésite pas à
hurler un peu également, pendant que la rythmique est tenue par Tatsuya Amano
(batterie), Kazuki Takemura (guitare) et Hiroki Ikegawa (basse). Sur scène, le groupe est
également aidé par Tama (guitare) depuis fin 2014. Vous aimez le metalcore ? L’electro ?
Le groove metal ? Eh bien tant mieux, parce que sinon vous allez passer un sale quart
d’heure…
On commence en douceur avec "Deus Ex Machina", un sample introductif qui mêle
ambiances épiques avec une voix que les fans connaissent bien qui lance soudainement un
beat electro festif. Vous avez envie de danser et de sauter en l’air ? Alors n’attendez pas le
début de "Catastrophe" pour commencer, mais attention au contre-coup ! Si la première
composition était réellement enjouée, la seconde donne envie de tout détruire, que ce soit
dans un pit bondé ou dans un bureau ! Le refrain, un peu plus édulcoré, s’intègre
parfaitement au reste de la composition, dont les riffs saccadés ne font que renforcer notre
envie d’headbanguer, avant un break amené par un nouveau beat electro destructeur. Elle
est connue depuis quelques temps déjà mais "The Perfect Nightmare" reste dans la lignée du
metalcore furieux, avec une batterie beaucoup plus énergique et qui n’hésite pas à abuser
d’un blast monstrueux pour déclencher un wall of death. Oui, même si vous êtes tout seul.
Et ce break final…
Après un tel déferlement de violence, le groupe relance avec "Destroy", un titre qui porte
parfaitement bien son nom. Encore une fois, des riffs puissants offrent à Terufumi la
possibilité de placer un clavier qui alterne entre sonorités malsaines et étranges, alors que
les Japonais sont rejoints par theOGM et Eaddy, les chanteurs du groupe HO99O9. Si leur
intervention rend le titre assez particulier, "Freedom", chanté en collaboration avec Rou
Reynolds (Enter Shikari) se rapproche un peu plus de ce qu’on a l’habitude d’entendre de
la part du groupe, avec un break tout aussi dévastateur que les précédents. Les sonorités
electro sont un peu plus intrigantes que d’habitude, et le groupe continuera de pousser son
style à l’extrême sur "Make A Move". Alternant entre passages night-club avec une voix
robotique et rythmique entraînante, le combo ne renie pas ses origines metalcore. Kenta
continue d’explorer son chant clair sur la calme "Lost In You", un titre qui rappelle un peu
l’album précédent.
On revient à des riffs plus violents pour "Wipeout". La grosse rythmique débouche sur un
refrain plus calme en voix claire, et les musiciens se déchaînent à nouveau jusqu’à une
coupure. Soudain, le titre remonte en pression et explose à nouveau avant d’arriver sur
"Milestone". Le groupe prend le risque d’inclure un deuxième titre un peu plus calme, avec
cette fois-ci une guitare en son clair qui introduit des riffs énergiques. La guitare hurlera à
nouveau avec "Eden In The Rain", qui nous fait profiter du duo vocal sur une rythmique
propice au headbang et qui repart de temps à autres alors que l’on croit la chanson
terminée.
Je ne suis pas particulièrement fan de musique électronique, mais je dois tout de même
admettre que "Twin Shadows", le deuxième titre instrumental de l’album, est particulièrement
bien construit. Très planante, quelques notes de piano qui s’incrustent dans votre esprit, un
beat entraînant mais pas trop… Une petite pause en douceur avant "Daybreak". Les fans de
la première heure vont être heureux de retrouver un peu de la fougue des premières années
dans ce titre, aux hurlements un peu plus crus. On arrive déjà au dernier titre que vous
reconnaîtrez probablement : "Faint", une reprise de Linkin Park . Et les amateurs de
metalcore japonais n’auront aucun mal à identifier le chant hurlé de Masato (Coldrain). Le
combo rend parfaitement hommage à la composition d’origine, bien qu’il faille quelques
écoutes pour s’habituer à cet univers assez particulier.
Pourtant constitué de treize titres, j’ai l’impression que cet album est passé à une vitesse
folle. C’est maintenant une certitude, Crossfaith maîtrise plusieurs ambiances, et les
Japonais sont capables d’injecter leur style si particulier dans n’importe quelle circonstance.
Le chemin a été long pour les Japonais depuis leur premier album, mais leur son est
maintenant inimitable et affirmé, et c’est pour celà que les lives du groupe sont aussi
appréciés à travers le monde.
"Xeno"
Note : 13/20
Déjà le quatrième album pour la jeune formation japonaise d'electro-metalcore révélée en dehors des frontières japonaises avec "The Dream, The Space" et ayant frappé un grand coup dans la scène metalcore avec l’excellent EP "Zion" pour ensuite amener la formation à signer avec Sony Music Japan pour son troisième album "Apocalyze" qui, personnellement, m’a laissé un arrière-goût d’inachevé. Alors, est-ce que ce "Xeno" va rectifier le tir de son prédécesseur ?
Ce dernier Crossfaith montre clairement l’envie de ce groupe (ou de Sony Music) de s’orienter vers une musique plus mainstream en ajoutant largement plus de parties de chant clair et des sonorités typiques de j-rock, ces inspirations se trouvant dans la quasi-totalité des titres de cet album et les titres "Tears Fall" et "Calm The Storm" sont des exemples très significatifs de ce changement. Alors si vous pensez qu’il y aura de la nervosité comme sur l’EP "Zion", eh bien vous allez plutôt être en grande partie déçus.
Ceci étant, on ne va cracher dans la soupe, ce n’est pas parce qu’un groupe change de direction que ce qu’il fait est forcément mauvais, certains titres sont très catchy et faits pour faire la fête, c'est le cas des cinq premiers titres ("System X", "Xeno", "Raise Your Voice", "Devil’s Party" et "Ghost In The Mirror"). Mention spéciale au morceau festif par excellence de cet album : "Wildfire", avec en featuring Benji, vocaliste de Skindred (ayant des airs de Lil Jon pendant quelques instants), qui fait figure d’ovni dans la discographie de Crossfaith mais qui a son charme. Les autres morceaux adopteront une attitude un peu plus groovy comme "Paint It Black" et "Vanguard" qui sont sympa à l’écoute mais sans plus, contrairement à "Dystopia" qui me rappelle beaucoup "The Dream, The Space", notamment dans les parties electro au clavier.
Au final, "Xeno" est un album sympa sans plus, celui qui nous montre le nouveau visage de Crossfaith, toujours aussi festif et catchy mais largement plus rock et en conséquence moins nerveux que ses prédécesseurs. A croire que les groupes de metalcore veulent toujours incorporer du chant clair dans leurs chansons, c’est un peu dommage de se fondre dans cette tendance.
"Apocalyze"
Note : 11,5/20
Epatée en 2011 par un convaincant "The Dream, The Space", c’est avec d’une curiosité aigüe que je me suis penchée sur son successeur, nommé "Apocalyze". Je nourrissais l’espoir de renouer définitivement avec le mélange de metalcore et d’electro, après avoir été étonnamment ravie il y a deux ans. Dieu sait que les souhaits ne se réalisent pas toujours ; ‘grâce à’ "Apocalyze", j’en ai appris tout autant.
Si ce n’est pas malheureux, après avoir fait preuve d’inventivité et de justesse, de sortir un disque aussi pataud et téléphoné que celui-ci ! Un disque qui a mis ma patience à rude épreuve lors de la chronique. La faute à la fois à un metalcore tellement classique que les titres en deviennent parfois difficiles à distinguer, et surtout à un abus d’électronique sincèrement disgracieux.
Le point positif ? Les nouveaux morceaux ici proposés prendront sans doute toute leur ampleur sur scène. C’est déjà une bonne chose, vous me direz. Et effectivement, à la seule condition où cette supposition se concrétise. Seul l’avenir le dira. Quelques éléments plus intéressants sont à signaler. Tout d’abord, un bref passage sur "Hounds Of The Apocalypse" où le chanteur Koie Kenta quitte un instant seulement son chant monotone pour utiliser un timbre déchiré, plus émotionnel également.
Ouvrez grand vos oreilles : malheureusement, cela ne dure pas longtemps. Certains auditeurs apprécieront peut-être le chant clair sur "Eclipse", ainsi que la présence de chant féminin sur "Scarlett" et "Counting Star". Pour ma part, je préfère l’introduction courte, mais rafraichissante, de, justement, "Counting Star" (serait-ce le morceau le plus intéressant de l’album ? Il me paraît pourtant encore une fois trop prévisible pour me convaincre).
Non, décidément, je peine à découvrir des éléments qui me plaisent sur "Apocalyze", et ce ne sont ni les mauvais chœurs de "Burning White", ni le refrain épouvantable de "Eclipse" qui me contrediront. Allez, au suivant.
"The Dream, The Space"
Note : 16/20
Malgré un visuel nous replongeant en plein cœur du fameux mythe de l’Atlantide, nous savons dès le départ que cet album sera futuriste ! Je ne suis pas fan de metalcore, et les sonorités électroniques, mal dosées, ont la fâcheuse tendance de m’exaspérer (ce terme est un si doux euphémisme qu’il m’en fait sourire). Crossfaith ne serait-il pas le groupe par excellence auquel je ne devrais pas toucher ? Que nenni ! Au contraire, j’aurais eu grand tort de passer à côté ! J’ai "habilement" (alors là, une correction s’impose, puisqu’actuellement, j’aurais plutôt tendance à dire "stupidement") contourner ces Japonais pendant trop longtemps, je ne remercie pas mes préjugés ! Voilà de quoi me réconcilier avec le metalcore "à-la-Bullet-For-My-Valentine", comme on l’entend encore que trop régulièrement, souvent trop cliché à mes yeux. Même si la "formule type" est de mise sur "The Dream, The Space", les titres qui le composent sont à mille lieux de l’esprit formaté que l’on… enfin, plutôt que je ne l’aurais pensé. Authentique et résolument moderne, le son proposé au court d’un album qui file beaucoup trop rapidement fait mouche avec une évidence manifestement naturelle. Je n’aurais jamais imaginé que la seule envie que j’aurais à la fin serait de reprendre tout depuis le début ! Mais on est surpris tous les jours, et c’est ça qui est bon, n’est-ce pas ? C’est pourquoi Crossfaith est parvenu à tant me subjuguer. Crossfaith et son electro précautionneusement disséminée (agréables, les interludes !) ; Crossfaith et sa reprise réussie du "Omen" de Prodigy (uniquement disponible sur l’éditon Japonaise, ah les scélérats !) ; Crossfaith et son chant clair largement moins usité, pour le meilleur (à noter cependant : l’apparition de Masato (Coldrain) lors des vocaux non saturés, justement, sur "Demise And Kiss") !... Mais aussi et surtout Crossfaith et "The Dream, The Space", son dernier album mis dans les bacs fin Avril 2011, devant lequel je m’incline respectueusement. Beau travail, messieurs ! Je suis soufflée !
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