Si Cryptic Process est un nouveau groupe qui sort son premier album "Human Snack", le duo en question n'est pas constitué de débutants pour autant puisqu'on a pu les entendre chez Goryptic, Unsu ou Trepan'Dead. Autant dire que si vous recherchiez de la finesse et de la poésie, vous êtes bien tombés ! C'est donc une collaboration entre Crypt Of Dr. Gore et Drowning In Chaos Records qui nous amène cette petite bluette pleine de charmantes comptines.

Trève de plaisanterie, c'est évidemment du death brutal que les deux compères Ugo et Dam nous ont préparé sur ce premier album qui dure à peine plus d'une demi-heure. C'est "From Your Shackles..." qui ouvre le bal et on se prend d'entrée de jeu des riffs bien techniques, des blasts de brutasse et des voix bien gutturales et glaireuses dans les oreilles. On sent du Cryptopsy là-dedans que ce soit dans la frénésie et les pétages de plombs brutaux ou les riffs de tricoteurs. Pas de démonstration ou pilonnage bête et méchant pour autant, le duo sait placer quelques breakdown ou des passages mid-tempo quand il le faut. On garde donc un certain dynamisme et l'impact des passages les plus bourrins n'en est que plus intense. Certes ça tape sévère sur "Human Snack" mais il y a aussi de quoi headbanguer à s'en déboîter les cervicales et "...To The Dawn Of Omnicide" vient bien vite confirmer le savoir-faire des deux bougres en la matière avec une petite influence Necrophagist dans les passages les plus pointus. "Oniomaniac" continue le travail de sape avec un groove plus mid-tempo et rampant régulièrement entrecoupé de gros coups de double et de blasts de furieux. D'ailleurs, c'est assez drôle de se dire que la batterie programmée sonne presque moins synthétique que certaines prétendues vraies batteries sur pas mal d'albums du genre, comme quoi quand on veut on peut avoir un son qui ne ressemble pas à un ensemble de boîtes de conserve (une batterie de cuisine en gros... cette blague vous est offerte par Carambar et les Grosses Têtes).

En tout cas, ça tricote autant que ça tabasse par ici, l'équilibre entre brutalité, technique et groove brutal est donc bien tenu et ce premier album passe tout seul. "Awakening Before This" fait bien mal dans tous les sens du terme avec des ambiances un peu plus sombres en plus du tabassage et des parties plus techniques. On en prend plein la gueule et "Human Snack" fait son office tranquillement pendant trente-quatre minutes qui passent à une vitesse folle. Même "Egregor", seul morceau de l'album à être long avec ses six bonnes minutes, ne s'égare pas et garde un bon équilibre entre tous les visages de Cryptic Process. On se prend du gros blast, des riffs bien tordus, de growl porcin, du groove qui tabasse et qui brise les nuques, bref là encore ça passe tout seul et on en redemande. Dommage que ce soit un duo parce que les chances de voir ça en live sont évidemment très faibles, sauf enrichissement du line-up plus tard ou musiciens de session. Parce que des morceaux pareils pourraient faire pas mal de dégâts sur scène. On évite le piège de la démonstration ou du pilonnage à outrance dans lequel tombent bien trop de groupes de nos jours, Cryptic Process gardant de côté ce groove typique du death metal et une certaine puissance dans les riffs. C'est certes très brutal et ça ne fait pas de cadeaux mais ça reste suffisamment contrôlé pour accrocher l'oreille (entre gros guillemets quand même). Avec "Human Snack", on ne passe pas notre temps à nous émerveiller devant la performance sportive mais bien plutôt à headbanguer comme des malades.

Cryptic Process nous envoie donc un premier album très efficace aussi brutal que groovy et technique, bref du tout bon comme dirait un certain Jacques. Du bon gros death brutal qui tache et qui donne envie d'en entendre plus à l'avenir, donc on va serrer les doigts et croiser les fesses pour que ces deux furieux nous ramonent les cages à miel encore longtemps.