Si la Klonosphere a l'habitude de nous surprendre avec des groupes originaux ou expérimentaux, elle le fait d'une autre façon cette fois en sortant de ses habitudes pour signer un groupe de death metal ! Cyphre sort donc son premier album "Idolatry" et tranche sérieusement avec le reste du roster pour notre plus grand plaisir.
On a droit à la petite introduction de rigueur avec "Helhestr" qui pose une ambiance inquiétante avant que le groupe ne lâche les rênes avec les gros riffs puissants et pesants de "Into The Grave". Du bon gros death metal rampant avec un son surpuissant qui décolle le papier peint et qui contraste bien avec "Dawn" qui enchaîne de manière plus nerveuse avec une certaine urgence. On retrouve le bon gros groove qui tache, les riffs puissants et sur un morceau comme "Burn The Numbers", on a même droit à une ambiance malsaine et poisseuse comme on les aime. La plupart des morceaux sont assez longs et tournent autour des cinq ou six minutes, vous vous doutez donc bien que vous n'allez pas vous prendre des rafales de blasts par ici. Le death metal de Cyphre est sombre, rampant, malsain et puissant mais ne cède jamais à la facilité du bourrinage intensif. Ses influences viennent apparemment en majorité du death suédois et cela s'entend dans cette emphase mise sur le groove puissant et les gros riffs de bûcheron. Un morceau comme "Myth" est un destructeur de vertèbres avec son rythme pachydermique et ses riffs qui vous broient les os. C'est bien le mid-tempo qui règne sur "Idolatry", Cyphre ne s'intéresse pas aux descentes de manche ou à la brutalité outrancière. Le groupe revendique aussi des influences progressives et modernes qui s'entendent dans le fait que les morceaux sont assez longs et prennent le temps de poser leurs ambiances. Pourtant, malgré cela, il y a une efficacité redoutable dans ces huit morceaux qui ont l'air faussement simples. Vous croyez avoir cerné la bête aux premières écoutes mais vous finissez toujours par découvrir autre chose derrière le groove brutal et les riffs menaçants.
Alors certes ça ne rue pas dans les brancards et les amateurs de gros brutal qui tache seront déçus, mais il y a quelque chose de menaçant dans les riffs de Cyphre qui fait son petit effet et renvoie à ce que le death metal est censé être. La musique du groupe a gardé ce que beaucoup de groupes du genre ont perdu, l'odeur de souffre et le côté malsain. Malgré certaines influences revendiquées, le groupe affiche une personnalité assez marquée et n'hésite pas à poser sa patte sur un death metal qui sort du carcan habituel. Quelques mélodies plus accueillantes se font entendre sur "Into The Grave" par le biais d'arpèges un peu plus lumineux, la basse est bien mise en avant sur tout l'album et certains soli de guitare s'aventurent presque vers quelque chose de plus rock comme sur "Dawn" par exemple. Les influences plus modernes s'entendent plutôt dans les riffs saccadés et les cassures rythmiques de "Underwater" qui fait du coup entendre un groove d'autant plus destructeur. Quelques riffs plus dissonants se font aussi entendre de temps en temps et amènent une ambiance encore plus froide, comme si le reste de l'album n'était pas déjà assez sombre. Si l'influence du death suédois est revendiquée, ne vous attendez pas à du old school pour autant, Cyphre prend ces sonorités, les transforment à sa sauce et les amènent ailleurs. On comprend mieux du coup comment un groupe de death metal a pu se retrouver chez la Klonosphere, nous ne sommes pas en présence d'un groupe qui reprend les formules classiques du genre. Il s'en sert de base pour donner naissance à son propre style et ça laisse rêveur quand on se dit que "Idolatry" n'est qu'un premier album !
On va donc surveiller ce curieux animal de près parce qu'il y a du potentiel là-dedans ! Surtout qu'un groupe de death metal qui cherche à amener le genre ailleurs, ça ne court pas les rues non plus. "Idolatry" a donc sa propre personnalité mais n'oublie ni le caractère malsain et menaçant du genre ni son groove brutal casseur de vertèbres. Seuls les plus bourrins qui s'attendent à du blast dans tous les sens n'y trouveront pas leur compte.
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