Ce qui est pratique avec les groupes comme Daemoniac, c'est qu'on sait exactement ce qui va nous tomber dessus ! Son troisième album "Visions Of The Nightside" suit la voie tracée par ses deux prédécesseurs, à savoir un death metal totalement inspiré de la scène suédoise du début des années quatre-vingt dix. Le groupe va d'ailleurs jusqu'à enregistrer tous ses albums aux Sunlight Studios sous la houlette de Tomas Skogsberg, producteur historique de toute cette scène et instigateur du fameux son boosté à la HM-2.

Pas de surprises à l'horizon avec ce nouvel album, Daemoniac continue sur sa lancée et perpétue l'héritage des premiers Entombed, Dismember ou Grave. "The Daemon Beast" ouvre le bal et après avoir installé une ambiance inquiétante, les fameuses guitares entrent en scène sur fond de blasts pour un death metal bien old school, brutal et crado. On retrouve le groove qui tabasse, les riffs malsains et bien gras, les passages brutaux, bref le cahier des charges est rempli. Certes tout ça ne réinvente rien mais on est au-delà du revival chez Daemonical, on sent que le groupe aime tout simplement cette forme de death et ce son particulier. Ces Italiens connaissent clairement leurs classiques et ce troisième album est tout de même très efficace dans le genre. "Into Damnation" balance d'ailleurs ce qu'il faut en riffs bien gras et en brutalité frontale et dans le genre incitation au headbanging, c'est plutôt réussi. On peut être agacé par ces vagues de revival en tous genres mais la résurgence d'un death metal plus basique, plus gras et plus sale était prévisible après une fuite en avant vers la technicité et la vitesse. Tout comme cette volonté de ressortir le son bien baveux de la HM-2 est en réaction aux productions très propres, froides et presque synthétiques de beaucoup de groupes techniques et brutaux. Si vous savez où vous mettez les pieds, il y a peu de chances que "Visions Of The Nightside" vous déçoive, tout est là et Daemoniac a aussi gardé l'ambiance glauque et malsaine qui devrait aller avec tout groupe de death metal.

C'est en tout cas vers les premiers Entombed ou Dismember qu'il faut aller voir pour avoir une bonne idée du death metal que propose Daemoniac, car ces deux groupes en particulier avaient gardé cette envie de foncer dans le tas avec une brutalité assez marquée que l'on retrouve par ici. La plupart des autres représentants de cette scène misaient beaucoup plus sur le mid-tempo et nombre de ceux qui ont suivi ont adopté la même tendance. Cela pouvait finir par donner un côté monolithique et un peu barbant que l'on ne retrouve pas chez Daemoniac, le groupe jonglant constamment entre brutalité, groove et ambiances pesantes. Seul "Lord Of Immolation" passe en mode rouleau compresseur pendant un temps avec ses sept minutes et ses riffs d'autant plus lourds et menaçants. Mais même là le naturel revient vite et le rythme s'énerve avec là encore des blasts, du up-tempo et des riffs groovy bien crades qui tabassent comme il faut. On connaît la formule mais il faut avouer que Daemoniac l'applique bien et que ce nouvel album est plutôt efficace et ne perd pas de temps en palabres inutiles malgré des morceaux assez longs pour le genre. C'est justement cette alternance de tempi, cet équilibre entre brutalité, noirceur et groove puissant qui fait de "Visions Of The Nightside" un bon représentant du death metal baveux à la suédoise. Beaucoup ont essayé de s'y remettre mais peu le font aussi bien, donc si vous voulez une petite dose de couenne musicale supplémentaire vous savez vers qui vous diriger.

Daemoniac revient donc avec un troisième manifeste en l'honneur du death suédois des Sunlight Studios, produit dans les dits studios. Il n'y a pas tromperie sur la marchandise et "Visions Of The Nightside" remplit le cahier des charges, donc si vous aimez le genre et que vous trouvez que certains groupes sont trop monolithiques, vous pouvez y aller parce que ça tabasse pas mal par ici !

Constitué d’ex-Horrid, Daemoniac, formation italienne, à ne pas confondre avec son homologue colombien, officie dans un registre death old school bien crade et rudimentaire. Amateurs de guitares au son de tronçonneuse, de voix gutturales caverneuses et de charley au son de casserole, voici de quoi combler vos instincts les plus primitifs.

Après une intro glauque, avec ses sons de tambours du chaos, et des ambiances qui me font penser à celles employées dans le manga Naruto, lorsque celui-ci visite des lieux inquiétants, c’est une cavalcade de riffs immondes, basiques et granuleux qui viennent vous violer les oreilles sans ménagement. C’est toujours délicat de chroniquer ce genre de death metal car le fan de technical ou de death super bien produit va trouver ça trop basique, le fan de old school va prétexter qu’il lui suffit d’écouter Master, Entombed ou Dismember pour avoir sa dose et le fan de metal lambda va pas comprendre… Bref, à moi de vous convaincre du bien fondé de cette musique. Sans être l’album du siècle autant au niveau de la prod’ qui sature parfois, du jeu un tantinet approximatif des protagonistes que des compositions à trois riffs pas plus, "Dwellers Of Apocalypse" diffuse quand même une énergie brutale et son death metal est résolument poisseux, ne serait-ce donc pas là des arguments suffisants ?

C’est le moment de se poser les bonnes questions, n’aurait-on pas oublié ce que le death est sensé véhiculer, parce que là, autant dire que ça sent les charniers et les excréments, pile poil c’qu’il faut. Au programme : son de tronçonneuse du style j’ai enchainé deux pédales boss HM2 les unes après les autres, son de charley casserole qui sent l’enregistrement dans le garage de Mémé, et chant grave moyennement travaillé. Les compositions transpirent l’urgence, ça éclabousse, il y a du caca partout et l’ensemble flirte gentiment avec le deathgrind, on est bien, là ! On trouve quelques petites influences qu’on irait volontiers chercher chez Avulsed, un peu Bolt Thrower, beaucoup Cianide, Abscess entre autres, le tout cuisiné pour être servi en grosse bouillie. Il est certain que tout le monde n’arrivera pas à avaler la purée (la purée de la scène du film Braindead), car il y a pas mal d’ingrédients qui auront du mal à être digérés, notamment par les personnes à l’estomac fragile. Mais le métalleux qui n’en est pas à sa première cuillérée d’aliments périmés va pouvoir terminer sa gamelle sans broncher. "Dwellers Of Apocalypse", c’est un périple dans les tréfonds d’une crypte aux vapeurs nauséabondes, c’est une nuée de zombies qu’on extermine à la débrousailleuse, c’est un bras nécrosé qu’il faut amputer au couteau rouillé, vous comprendrez donc que la majorité d’entre vous n’aura pas les clés pour déverrouiller les portes du mauvais goût.

Bref, Daemoniac propose un disque comme il s’en fait des milliers tous les mois, cependant, la formation italienne distille un death metal qui donne envie de se taper les films de Lucio Fulci, Dario Argento ou Mario Bava, donc, partant de là, moi je dis oui. Pendant 40 minutes, l’horreur et le dégoût sont omniprésents, la sauvagerie est constante et la pauvreté des arrangements ne va pas nous aider à faire passer la pillule mais cependant, quoi que peuvent en dire les bienpensants, le death crado / basique de Daemoniac passe bien, comme un Ricard un lendemain de cuite. Allez, je m’en recolle une rasade !