Le duo polonais DeathEpoch n'aime pas perdre de temps, à peine formé en 2020 qu'il nous livre déjà son premier album, "Abysmal Invocation" ! On n'aime visiblement pas les étiquettes non plus d'ailleurs parce que le groupe s'amuse à brouiller un peu les pistes malgré une orientation clairement extrême.
A la première écoute, "Abysmal Invocation I" qui ouvre l'album surprend un peu avec cette impression d'entendre la musique d'une boîte de nuit de l'extérieur alors que tout nous amène une imagerie black metal, de la pochette aux photos ! Là, pour le coup, on se prend de la techno / noise / ambiant avec un son bien crade en guise de comité d'accueil et c'est un petit délire que DeathEpoch va répéter ponctuellement sur quasiment tout l'album. Arrivé à "Genocide I", c'est le vrai visage du groupe qui s'affiche avec une sorte de black / death primitif, très old school et brutal avec toujours ce son bien dégueulasse qui n'est pas sans rappeler les malades de Revenge. On sent aussi une proximité avec le war metal, avec cette bestialité et ce caractère primaire et rentre-dedans typique de ce style. La principale différence étant que DeathEpoch ne blaste pas tout le temps et n'hésite pas à lever le pied de temps en temps pour balancer des passages plus lourds ou plus malsains au milieu de cette boucherie. Les sonorités electro, quant à elles, se font entendre soit en intro ou en outro des morceaux, soit sur des morceaux complètement electro mais jamais vraiment mixées au metal extrême et c'est un peu dommage de voir que le groupe s'est limité à ça. Quitte à utiliser ce genre de sonorités, ça ne m'aurait pas déranger d'entendre DeathEpoch les intégrer totalement à sa musique et ne pas simplement s'en servir une fois de temps en temps. C'est le genre de choses qui aurait pu amener plus de personnalité et faire de "Abysmal Invocation" une curiosité encore plus intéressante en plus de développer des ambiances bien noires.
Bon, ne me faites pas dire ce que je n'ai dit, cet album n'est pas inintéressant et les amateurs de black, de death, bref de metal extrême sauvage et bestial trouveront largement de quoi satisfaire leurs pulsions masochistes. Même utilisé de cette façon, cela crée quand même un contraste intéressant entre le côté contemporain lié aux musiques électroniques et ce metal extrême primitif très old school. Les ambiances que ces passages electro ou techno produisent sont en plus bien sales et noires et bien intégrées au sein des morceaux, elles auraient pu rendre ce premier album encore plus démoniaque. Les influences old school, quant à elles, sont encore plus clairement affichées pour ceux qui ne les auraient pas entendues avec deux reprises, une du "Bombenhagel" de Sodom et une du "Ave Sathanas" d'Acheron qui sont mangés à la sauce DeathEpoch. En tout cas, le groupe ne se fait pas prier pour nous torturer de toutes les façons possibles et imaginables, notamment avec le répétitif, et quasiment hypnotique façon ritual / ambiant "Abysmal Invocation II" et ses neuf minutes ! Comme je l'ai dit, mes goûts personnels me font dire que j'aimerais que le groupe fusionne vraiment les deux facettes mais il faut avouer que ce genre de morceaux arrive à créer une sale ambiance et que le propos du groupe est par conséquent bien illustré. "Genocide V" surprend bien en balançant des blasts de bourrins après un bon moment d'electro / ambiant et le contraste entre l'ambiance quasiment rituelle de l'intro et la bestialité du reste du morceau fait assez mal. Mais je persiste à dire qu'il y a ici tous les élements pour permettre à DeathEpoch de développer encore plus sa personnalité et produire une musique encore plus singulière et originale. Ce qui est plutôt encourageant pour un premier album d'ailleurs !
Un premier album bestial et original mais qui aurait pu l'être encore plus, mais vu les intentions affichées je ne doute pas que DeathEpoch trouvera le moyen de nous surprendre à l'avenir. En l'état, il y a déjà de quoi se prendre une bonne agression dans les oreilles avec un black / death bestial et primitif qui ne fait pas de prisonniers et qui pose des ambiances bien sales et quasiment rituelles.
|
|