Le groupe
Biographie :

Devastator est un groupe de black / thrash metal anglais formé en 2017 et actuellement composé de : Thomas Collings (basse, chant / Goat Witch, ex-Repulsive, ex-Obsessed By Cruelty, ex-Nightmare Demise), Jack Scarlett (batterie), Richard Bateman (guitare) et Christopher Whitehurst (guitare). Devastator sort son premier album, "Baptised In Blasphemy", en Juillet 2020 chez Clobber Records, suivi de "Conjurers Of Cruelty" en Mars 2024 chez Listenable Records.

Discographie :

2020 : "Baptised In Blasphemy"
2024 : "Conjurers Of Cruelty"


La chronique


Devastator, ça au moins ça annonce la couleur ! Après avoir sorti son premier album "Baptized In Blasphemy" en 2020, le voilà qui arrive chez Listenable Records avec "Conjurers Of Cruelty", un deuxième album une fois de plus tout en finesse et deux fois plus long que son prédécesseur qui n'atteignait que les vingt-cinq minutes. Avec un nom pareil vous vous doutez bien que le groupe ne fait pas dans la dentelle, c'est plutôt du black / thrash bien vénéneux qu'il nous brode.

L'introduction "Beyond The Gate" penche très fortement vers le black metal avec des arpèges dissonants et très froids pour une ambiance bien glauque en guise de démarrage. Si le premier album était très brut et pouvait parfois rappeler Bewitched dans ses élans les plus thrash'n'roll (c'était flagrant sur le premier titre de l'album par exemple), le black metal prend justement plus de place cette fois. Le morceau-titre enchaîne avec de fortes senteurs de thrash certes, mais il y a une volonté de proposer quelque chose de plus nuancé et de plus contrôlé qui se fait très vite sentir. Dans ses passages les plus mélodiques, ce morceau peut même faire penser aux deux premiers Dissection, c'est vous dire à quel point on s'éloigne du côté primitif et frondeur de "Baptized In Blasphemy" ! Le côté presque rock'n'roll n'a pas disparu pour autant et "Black Witchery" le fait revenir au premier plan. Pour le coup, le groupe envoie la sauce sans se prendre la tête et le morceau est on ne peut plus direct malgré ses cinq bonnes minutes. C'est d'ailleurs un peu long pour un tel morceau, surtout que c'est quasiment le même riff qui tourne en boucle. Un durée bien mieux maîtrisée sur "Ritual Abuse" qui le suit et développe plus d'ambiances, casse le rythme plusieurs fois, balance des blasts ou des riffs plus froids et plus lourds et même une fin à la guitare acoustique. C'est le constat que l'on peut faire pour tout l'album en fait, par rapport à son prédécesseur il fait entendre quelque chose de plus varié et de plus travaillé. En même temps, du black / thrash primitif sur une cinquantaine de minutes on aurait fini par se faire chier quand même.

On garde donc la furie du genre, son énergie aussi mais on y insuffle une petite odeur de souffre et quelques ambiances plus sombres. Ce qui n'empêche pas Devastator de toujours faire parler la poudre en fonçant dans le tas et des morceaux comme "Necromantic Lust" le font bien comprendre. Mais on a aussi "Deathspell Defloration" qui arrive juste derrière et qui part un rythme bien plus rampant avec des riffs plus dissonants et plus froids avant que les riffs plus thrash ne se refassent entendre. Et comme le groupe adore les contrastes, c'est le sauvage "Bestial Rites" qui prend le relais, probablement le morceau le plus brutal et bourrin de ce nouvel album. Tout ça pour dire que "Conjurers Of Cruelty" se montre plus nuancé mais tout aussi brutal et ravageur que son grand frère, Devastator n'ayant pas perdu son envie de faire mal. Bon, il y a quelques longueurs sur certains morceaux et le groupe s'étale parfois peut-être un peu trop, ce qui n'est pas étonnant quand la durée de vos albums passe du simple au double. Il va falloir dégraisser un peu à l'avenir mais globalement tout ça fonctionne bien et envoie suffisamment fort pour rester efficace. Par contre, on a de très bons soli de guitare dont certains sentent le heavy metal à plein nez. Ceux de "Rabid Morbid Death" nous rappellent dans l'esprit celui de "Waters Of Ain" de Watain, même si c'est plus lié au morceau en lui-même qui connaît lui aussi une montée en tension pendant huit bonnes minutes. La production est du coup un peu plus propre elle aussi et la batterie l'est probablement un peu trop, ce qui ne manquera de déranger les amateurs de black / thrash bien crado.

Devastator revient donc avec un deuxième album plus long, plus varié, un peu plus black metal et un peu moins frontal. On retrouve une bonne dose d'agressivité mais il y a quelques ambiances plus froides et plus sombres qui s'infiltrent dans ce black / thrash frondeur. "Conjurers Of Cruelty" connaît quelques longueurs mais il fait entendre un groupe qui n'a pas l'intention de répéter exactement la même formule indéfiniment et qui a tout de même su garder une bonne dose d'efficacité.


Murderworks
Juillet 2024


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.facebook.com/devastatoruk