Le groupe
Biographie :

Dread Sovereign est l'enfant cérébralement mort-né de Nemtheanga (basse / chant) du groupe Primordial. Ces années à tronçonner les cordes de guitare sont devenues réalité et ont permis de forger un nouveau groupe avec l'arrivée de Sol Dubh (Primordial) à la batterie et de Bones (Wizards Of Firetop Mountain) à la guitare. La musique du groupe est rugueuse comme du doom metal old school rendant hommage à Venom, Saint Vitus, Cirith Ungol, et présentant quelques touches d'un black metal sépulcral typique de la fin des années 80. Dread Sovereign ne prétend pas réinventer le genre, mais veut y donner un bon coup de pied à la manière du bon vieux metal diabolique d'antan. En 2015, Johnny King (Krawwl, Malthusian, Sodb, ex-Altar Of Plagues, ex-Abaddon Incarnate) prend la place de Sol Dubh. Le premier album, "All Hell's Martyrs", est sorti en Mars 2014 chez Ván Records, suivi de "For Doom The Bell Tolls" en Mars 2017, et de "Alchemical Warfare" en Janvier 2021 chez Metal Blade Records.

Discographie :

2013 : "Pray To The Devil In Man " (EP)
2014 : "All Hell's Martyrs"
2017 : "For Doom The Bell Tolls"
2021 : "Alchemical Warfare"


Les chroniques


"Alchemical Warfare"
Note : 18/20

Dread Sovereign revient nous hanter. Quatre années après son précédent opus, le groupe de doom qui réunit Nemtheanga (basse / chant, Primordial, ex-Void Of Silence), Bones (guitare) et Con Ri (batterie, Conan, Malthusian, ex-Abaddon Incarnate, ex- Altar Of Plagues) nous propose "Alchemical Warfare", son troisième album.

Dès l’introduction, nommée "A Curse On Men", on sait que le son sera sombre et malsain, avec une pointe de mysticisme. "She Wolves On The Savage Season" le confirme, avec cette longue composition dont l’introduction lancinante nous mène sur une rythmique prenante et plus énergique. La magie opère immédiatement, mené par ce chant au timbre si spécial, mais la rythmique se pare également d’harmoniques perçantes, puis la folie saisit les musiciens : tonalités psychédéliques, chant puissant, puis le break vient calmer le tout. "The Great Beast We Serve" prend la suite, entre sonorités pesantes, chant possédé, et cette hâte finale, puis c’est la sombre "Nature Is The Devil’s Chruch" qui frappe. A nouveau, la guitare lead nous offre des sonorités perçantes pendant que la rythmique entêtante nous possède lentement. Le chant contribue également à cette ambiance occulte, sur laquelle les instruments jouent.

L’introduction sombre de "Her Master’s Voice" ralentit le tempo pour cette rythmique pesante et grasse truffée de leads tranchants et d’ambiances majestueuses, puis c’est une composition très axée sur l’héritage de Black Sabbath qui suit. Le duo batterie / voix, rejoint par moments par les autres instruments, est incroyablement prenant, tout comme cette sorte de groove noir, avant "Viral Tomb", une effrayante transition. "Devil’s Bane" repart dans des tonalités énergiques sur lesquels on veut déjà headbanguer, mais également cette patte occulte et ces leads enivrants, puis c’est la massive "Ruin Upon The Temple Mount" qui frappe. L’introduction fait lentement monter la pression avec cette ambiance noire, puis la rythmique se libère. Outre les riffs qui risquent de nous hanter pendant longtemps, le groupe propose une aura oppressante avant un break, puis un final éclatant. "You Don't Move Me (I Don't Give A Fuck)", une reprise de Bathory , fait se croiser le son occulte avec des influences punk sombres pour clore cet album avec énergie.

Dread Sovereign surprend, effraye, captive et écrase. "Alchemical Warfare" est un album très sombre et occulte qui pioche dans diverses influences avant de nous achever de la meilleure des façons, faisant de l’année 2021 un excellent cru pour le groupe.


Matthieu
Janvier 2021




"For Doom The Bell Tolls"
Note : 17,5/20

Bien sûr, tout le monde connaît Alan Averill, ou peut-être Nemetheanga, le chanteur de Primordial. Mais c'est plus rare de croiser des amateurs de Dread Sovereign, son deuxième projet orienté doom. Créé en Irlande en 2013 par Alan Averill, il fait appel à Bones pour tenir la guitare ainsi qu'à Sol Dubh (le batteur de Primordial, qui sera remplacé en 2015 par Johnny King de Krawwl et Malthusian) pour matraquer les fûts, alors que lui-même prendra la basse et chantera. Evoluant dans un univers assez similaire à celui de Primordial, mais beaucoup plus axé sur le son des premiers groupes de doom, le groupe écrit son premier EP en 2013, puis se penche sur le premier album qui sort en 2014. Un manifeste traitant à la fois de l'histoire en général et de l'antichristianisme qui est encensé par la critique ne peut que laisser présager une suite, pas vrai ? Eh bien c'est chose faite avec "For Doom The Bell Tolls" (vous saisissez la référence j'espère), disponible depuis le 3 Mars 2017. Gareth Averill, le cousin d'Alan, s'occupera des claviers et des introductions pour rendre cet album encore plus épique qu'il ne l'est déjà. Prenez le temps de décompresser un peu, et laissez-vous surprendre...

L'introduction éponyme, "For Doom The Bell Tolls", fait intervenir quelques samplers, sons de cloche et claviers ambiants. Le vent nous poussera rapidement vers "Twelve Bell Toll In Salem", un morceau long de treize minutes. Ce vibrant hommage au son de Saint Vitus et Cirith Ungol met la basse très en avant, puisque c'est avant tout elle qui soutiendra le chant plaintif de Nemetheanga. Une guitare assez effacée l'accompagne, osant quelques harmoniques pour renforcer l'ambiance inquiétante qui plane au dessus du groupe depuis le début, ainsi qu'une batterie lente mais assez caractéristique du genre. Le sampler du son de cloche laissera place à un solo hypnotique, mais ce qui surprend le plus c'est que malgré sa durée le titre ne souffre d'aucune longueur. Chaque note compte réellement. On passe alors à "This World Is Doomed", dont le tempo beaucoup plus rapide en fera un titre presque entraînant autant que dérangeant. L'ambiance pesante demeure, mais le chant semble enjoué alors que Nemetheanga nous conte notre perte. Changement d'ambiance à nouveau avec le court "Draped In Sepulchral Fog" qui est, comme le premier titre, un sample au son de cloche à l'ambiance cémétériale. Une fois cet interlude passé, "The Spines Of Saturn" relance l'offensive. Les claviers renforcent les riffs lents et lourds de ce titre qui nous semble avoir été écrit il y a trente ans. Si le chant se fait lointain et avec beaucoup d'écho, c'est pour parfaire le côté hypnotique de la composition. Le dernier riff s'évanouit lentement, alors qu'une sirène nous annonce le dernier titre et reprise de Venom, "Live Like An Angel, Die Like A Devil". Après un larsen et quelques sons qui font penser à un début de répétition assez hasardeux, les trois compères s'y mettent enfin. Ce titre de Venom colle parfaitement à l'univers du groupe, énergique et malsain, mais avec le son gras qui nous assomme depuis trente minutes. Venom étant une des principales influences revendiquées par Nemetheanga, il est logique de voir cette reprise en fin d'album, agrémenté d'un riff final à la basse.

Leader de deux groupes à l'univers assez similaire, mais au but bien différent, Nemetheanga est un musicien hors pair. Si Dread Sovereign peut dérouter au premier abord, les amateurs du son vieilli y trouveront largement leur compte, ainsi que les amateurs de musique sombre et empreinte d'une réelle âme. On espère quelques shows pour observer toute l'étendue de ce son sur scène, mais il est certain que ce projet est florissant !


Matthieu
Avril 2017




"Forensic Nightmares"
Note : 14/20

Très bel artwork, nouveau groupe irlandais avec deux membres de Primordial, il n'en fallait pas plus pour attirer mon attention et me donner envie de découvrir ce qui sera j'espère une petite pépite !!! A la lecture de la biographie du groupe, je vais quand même me rendre compte que le groupe n'évolue pas tout à fait dans mon domaine de prédilection, mais j'aime les défis, alors plongeons dès à présent dans les méandres de ce "All Hell's Martyrs"...

Après deux minutes d'introduction, Dread Sovereign rentre dans le vif du sujet grâce à un son résolument old-school qui sent bon l'analogique !!! Ici, pas de triggers sur la batterie, plutôt discrète, mais une basse ronflante à souhait donnant toute sa dimension à l'identité sonore du groupe, entre 70's et 80's... Une bien belle réussite pour tout ceux qui ont encore une certaine oreille musicale !!! Pour les autres, il faudra peut-être un petit temps d'adaptation : c'est que la bête ne va pas se laisser dompter aussi facilement !!! Mais rassurez-vous, plus le challenge est important et meilleure sera la satisfaction...

Musicalement, Dread Sovereign nous offre un véritable hommage au doom occulte du début des années 80, mais n'oublie pas certaines références purement 70's, parfois un peu psychédéliques mais donnant toute sa saveur à la musique du groupe... Pour utiliser des références actuelles, c'est un peu comme si Sahg était au volant d'un rouleau-compresseur !!! Parfois quasi aériens, les Irlandais savent garder les pieds sur terre grâce à une lourdeur pachydermique fort délectable. On plane autant qu'on headbangue, ce qui donne un certain relief aux morceaux, pas ou peu lassant malgré un aspect très lancinant propre au doom...

Mais là où les morceaux prennent vraiment vie, c'est dans la chant de Nemtheanga, proche de celui qu'on lui connaît dans Primordial, mais présentant aussi un autre visage plus nasillard pouvant parfois rappeler le chanteur des Smashing Pumkins pour citer une référence que tout le monde a en tête !!! Ce chant unique, qui fait entre autres la réputation de Primordial, habite véritablement les morceaux de ce premier album, leur apportant une dimension malsaine et sépulcrale des plus intéressantes à l'image de l'excellent titre "Pray To The Devil In Man", où Nemtheanga se permet même une courte incursion dans le monde du chant extrême...

Même si l'album est assez long, les morceaux ne le sont heureusement pas trop, permettant ainsi à l'auditeur de ne pas sombrer dans une état végétatif... Je parle bien sûr de ceux qui ne sont pas habitués à ce registre musical particulier qui mise plus sur l'introspection que sur l'action !!! Cet album peut par contre laisser contemplatif, et c'est tout à son honneur... Mais il faut reconnaître que ce n'est pas un album facile d'accès !!! Certes, les amateurs de blasts s'ennuieront, c'est un fait, mais là n'est pas le propos de Dread Sovereign... Mais pour les autres auditeurs, il faudra quand même faire preuve d'une certaine ouverture d'esprit !!!

Véritable hommage à une époque révolue, c'est album transpire la sincérité et s'offre même le luxe de se réapproprier un style moribond grâce au formidable travail vocal de Nemtheanga. Mais malgré tout, ce "All Hell's Martyrs" reste destiné à un public averti de trentenaires, de quadra et de quinqua !!! Qu'importe, old-school dans sa démarche, Dread Sovereign nous offre ici une vraie pépite 100% underground... Beaucoup passeront à côté et c'est dommage, mais c'est là le privilège de l'âge, et pour une fois, je suis heureux de ne plus être aussi jeune et inculte qu'avant !!!


Carcharoth
Mars 2014


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/dreadsovereign