Le jeune groupe suisse Dyssebeia, qui nous amène ici son premier album "Garden Of Stillborn Idols", n'est pas constitué d'inconnus puisqu'il renferme en son sein deux membres de Stortregn, un groupe dont nous avons parlé il y a peu de temps. Cette fois c'est de black / death metal progressif dont il s'agit et comme cette étiquette est un peu fourre-tout on va plutôt se mettre l'album dans les oreilles et voir de quoi il en retourne.
"Mors Tua, Vita Mea" nous accueille avec des arpèges qui développent déjà une ambiance torturée et mélancolique avant de laisser la place à de gros riffs et quelques blasts qui annoncent la couleur et tranchent bien avec ce départ plus posée. On comprend vite que Dyssebeia est adepte des morceaux à tiroirs et que si l'étiquette progressive se vérifie dans la richesse et la complexité de sa musique, les racines n'en restent pas moins extrêmes. On a droit à pas mal de blasts, à de gros coups de double grosse caisse et à de bons gros riffs de bûcheron au milieu des leads tortueux et des arpèges plus dissonants. "Retribution", comme son nom l'indique, ne prend pas de gants et démarre de façon très directe et brutale avec très vite des mélodies qui rappellent la scène death mélodique suédoise et des passages plus techniques qui ne sont pas sans évoquer un certain Obscura. Vous aurez donc compris que les influences de Dyssebeia sont larges et que le groupe ne se refuse rien, les barrières stylistiques n'ont pas cours ici et si "Garden Of Stillborn Idols" renferme pas mal de sonorités différentes, il n'en devient jamais indigeste. La musique du groupe est complexe et profonde mais reste relativement accessible justement grâce à cette violence qui lui donne un côté assez direct, les riffs les plus puissants frappent droit au but et Dyssebeia contrebalance régulièrement tout ça avec une facette plus mélodique et plus sombre. Les passages les plus techniques ne versent jamais dans la démonstration stérile eux non plus et servent à ajouter une dimension supplémentaire à la musique du groupe.
Tout ça permet à ce premier album de proposer quelque chose de personnel malgré quelques influences reconnaissables, il y a quelque chose de plus torturé et de plus profond ici qui fait que ces huit morceaux touchent leur cible. "Moon Bearer" fait d'ailleurs clairement ressortir les influences black metal du groupe avec des riffs plus froids et assez dissonants là aussi, même si le naturel revient bien vite avec d'autres riffs plus death et des blasts qui mettent un bon coup de fouet là-dedans. Par contre, le refrain se fait bien plus mélodique et accrocheur avec pourtant toujours cette patte moitié black metal, moitié death mélodique suédois. Un mélange surprenant qui fonctionne pourtant très bien sur ce morceau unique et très efficace ! C'est aussi un des points forts de Dyssebeia comparé à une bonne partie de la scène dite death ou black progressive, cette capacité à foncer franchement dans le tas quand il le faut avec de bons gros blasts sauvages. "Hatch" nous fait d'ailleurs passer plus d'une fois d'une ambiance à l'autre avec des mélodies glaciales sur fond de blasts typiquement black metal, pour nous faire passer ensuite par des passages plus progressifs, techniques ou mélodiques avec un très bon solo de guitare tout en feeling en bonus ! On sent que tout ça a été sérieusement travaillé pendant un petit moment car là où certains groupes laissent entendre quelques transitions hasardeuses, Dyssebeia fait au contraire entendre une cohérence à toute épreuve et les différentes sonorités et ambiances s'enchaînent naturellement.
"Garden Of Stillborn Idols" est donc une très bonne carte de visite pour Dyssebeia qui fait déjà entendre une personnalité bien marquée et surprend son monde avec un premier album sorti de nulle part. Le groupe propose une musique violente, froide, complexe et qui mélange plusieurs sonorités avec une aisance déconcertante. Original sans être hermétique, ce premier album fait entendre pas mal de choses intéressantes qui font qu'on va garder un œil et une oreille sur Dyssebeia à l'avenir.
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