Si vous connaissez Voltaire, l’expression Ecr.Linf ne vous est probablement pas inconnue. Signifiant “Écrasons l'infâme”, elle a également inspiré Krys Denhez (chant, Ophe, Neo Inferno, ex-Demande A La Poussière), Rémi Serafino (batterie, Igorrr, ex-Hyrgal, ex-Svart Crown), Jiu Gebenholtz (basse, ex-No Return), Dorian Lairson (guitare, Jarell) et Jean Lassalle (claviers, Jarell) à créer "Belluaires", un album distribué par Source Atone Records et My Kingdom Music.

Je vais être honnête avec vous : la philosophie est pour moi un concept abstrait, que je comprends parfois, mais sur lequel je n’ai que peu de connaissances. Ça ne m’a jamais réellement intéressé, et je ne me suis jamais cultivé plus que nécessaire, nous nous intéresserons donc ici essentiellement à l’aspect musical de cet album. Le chant vindicatif en français est extrêmement présent dès "Le Désespoir Du Prophète", un premier morceau aussi intense que chaotique qui s’adoucira tout de même par moments puis sombrera à nouveau dans la fureur. Les mélodies entêtantes et intenses nous conduisent à "Tribunal De L'Âme", où le groupe se pare d’un voile de désespoir étouffant avant d’adopter des patterns plus agressifs et saccadés, mais l’atmosphère deviendra plus pesante encore en avançant, ralentissant parfois pour laisser les claviers développer une touche plus lumineuse, avant que "La Danse Des Crânes" ne nous happe dans son ballet majestueux. La confusion règne dans les riffs qui révèlent parfois des tonalités étrangement entraînantes, notamment grâce à cet accordéon inattendu qui nous conduit jusqu’à la quiétude de "Missive" qui se laisse teinter peu à peu par la noirceur avant de s’abandonner aux ténèbres, qui hanteront définitivement sa progression jusqu’au néant.

"Le Royaume Du Vide" dévoile quelques influences indus bruitistes qui ranimeront un black metal mélancolique qui s’enflamme pour nous piétiner sans ménagement sous les orchestrations inquiétantes, qui prendront à nouveau le contrôle du son pour l’adoucir, puis devenir menaçantes sur "Mon Ultime Projection", titre où les racines brutes ressortent le plus, tout en conservant la touche de folie. Les claviers apporteront l’aspect théâtral imposant à certains passages, laissant la rage exploser dans une ambiance hautement contrastée, suivi par un final où le vocaliste reste seul pour nous mener à "Valetaille", où les sons brumeux du début sont remplacés par un vaste océan de violence intimidante et viscérale où le côté solennel rencontre avec fracas les éléments belliqueux jusqu’à ce que "Feu Pâle" ne mette un terme à l’album avec une dernière partie bruitiste angoissante.

Le nom de "Belluaires" fait sans aucun doute la part belle à la violence, et c’est dans un paysage chaotique et incroyablement sombre qu’Ecr.Linf nous la décrit à travers ses riffs malsains et son ambiance apocalyptique. Les rares touches de quiétude sont salvatrices.