Originaires de la ville de Richmond en Virginie, les Américains d’Enforced n’ont en tout et pour tout que sept ans d’existence derrière eux, ce qui peut paraître relativement court. Cependant, ce groupe de thrash fondé en 2016 sur la côte Est des Etats-Unis n’en est pas moins aussi expérimenté qu’on pourrait l’espérer comme en témoigne la production irréprochable et dénuée de toute aspérité dont bénéficie leur dernier né, "War Remains".
Troisième LP de la discographie des thrashers, il fait suite à "Kill Grid" (2021) et (avant celui-là) à "At The Walls" (2019). A la simple vue de l'artwork de l’album signé de la main du légendaire Joe Petagno (soit le dessinateur des pochettes les plus connues de Motörhead), on se doute qu’Enforced ne fait pas dans la dentelle. Et effectivement, "War Remains" frappe fort - et même très fort - dès les premières notes du morceau qui ouvre les hostilités musicales : "Agressive Menace". Le son sans fioritures du troisième album des Américains fait inévitablement penser à celui du Sepultura de "Beneath The Remains". En effet, l’influence des Brésiliens a laissé une empreinte indélébile sur la musique d’Enforced que l’on reconnaît immédiatement à l’écoute de ce disque. L’autre influence majeure du groupe est bien entendu celle du Slayer de la grande époque de "Reign In Blood".
Pas de doute possible, c’est bien à du gros thrash pur jus auquel on a affaire mais avec une petite touche death old school à la Obituary en sus. Sans la moindre pitié pour nos pauvres tympans de mortels, les thrashers assènent les riffs les plus meurtriers que l’on puisse composer, le tout dans la plus pure tradition thrash old school avec une légère pincée de hardcore tendance Cro Mags ou DRI. Condensé d’agressivité et de brutalité à l’état pur, "War Remains" n’en pas moins virtuose. Inspiré des classiques du thrash des années 80-90, il possède néanmoins un son résolument moderne. De "The Quickening" à "Starve" en passant par l’éponyme "War Remains" et "Mercy Killing Fields", les Américains remettent d’emblée les pendules à l’heure et font la démonstration d’un professionnalisme des plus étonnants pour une formation aussi jeune. A aucun moment, le groupe ne consent à ralentir le tempo, ce qui donne un disque radical et intransigeant. Dans la plus pure tradition thrash de la vieille école, la voix du chanteur Knox Colby tire parfois vers le death, évoquant le grognement rauque de John Tardy.
Même si l’originalité n’est pas forcément au rendez-vous, on est néanmoins surpris par le talent et la maîtrise technique de ce quintette furibond, ce qui fait de "War Remains" un des albums de thrash les plus marquants de l’année 2023 !
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