Il se passe quelque chose chez Entheos. Un an et demi après leur troisième album, Navene Koperweis (tous instruments, ex-Animals As Leaders, ex-Animosity) et Chaney Crabb (chant) dévoilent leur nouvel EP, "An End To Everything", chez Metal Blade Records.

On débute avec "An End To Everything", la composition éponyme où groove et technicité se combinent harmonieusement pour accueillir les vociférations de Chaney tout en proposant une certaine dissonance planante en arrière-plan. Quelques parties de chant clair viennent apporter un contraste intéressant à la violence avant qu’"All For Nothing" ne nous piétine à son tour grâce à une batterie survoltée et saccadée qui colle parfaitement au reste de l’instrumentale. Le titre est relativement lourd, en particulier sur la fin, rejoignant "Life In Slow Motion" où le duo est résolument plus agressif, plaçant une rythmique sauvage et quasi ininterrompue, avec seulement quelques moments de répit jusqu’au larsen qui signe le passage à "A Thousand Days", où la progression dans la violence reprend. La vocaliste se diversifie également pour proposer des refrains relativement planants et intenses, puis le groupe met déjà fin à sa création avec "Return To Me", la seule des compositions qui n’avait pas encore déjà été révélée, et qui s’ancre plus dans les racines prog du groupe, avec tout de même ses éruptions de violence et sa batterie bouillonnante.

Le message d’Entheos reste mystérieux, mais le groupe reste fidèle à lui-même, proposant sur "An End To Everything" une véritable continuité de "Time Will Take Us All". Leur travail reste extrêmement qualitatif, bien que l’EP soit un peu court.

Entheos est enfin de retour. Après leurs deux premiers albums en 2016 et 2017, le groupe se concentre sur le live pour finalement devenir en 2020 un duo créatif composé de Chaney Crabb (chant) et Navene Koperweis (guitare / batterie). Le groupe signe chez Metal Blade pour annoncer la sortie de "Time Will Take Us All", son troisième album. En live, le groupe est accompagné par sonancien bassiste Evan Brewer (Fallujah, ex-The Faceless), mais aussi par les guitaristes Brian James (ex-Fallujah) et Robert Brown (ex-Slaughter To Prevail).

L’album débute avec "Absolute Zero", un mélange moderne et accrocheur d’influences diversifiées que le groupe réunit sous une violence évidente au groove dévastateur, complété par des hurlements massifs. Les riffs saccadés et complexes laissent parfois place à des tonalités plus douces ou plus dissonantes avant qu’"In Purgatory" ne nous propose un son pesant, auquel le groupe finira par ajouter sa rage brûlante. L’énergie brute rencontre à nouveau l’approche progressive riche et variée tout comme sur "The Interior Wilderness" qui mêle habilement lourdeur et riffs labyrinthiques tout en laissant les influences plus douces et surprenantes s’exprimer sous la même bannièr, suivies par l’entêtante "Oblivion" qui se révèle beaucoup plus accessible pour un public non-initié, tout en restant très cohérent et mélodieux.

Le final cybernétique nous guide jusqu’à "I Am The Void" et sa fausse douceur qui se révèle aussi sombre qu’étouffante pour laisser chant clair et hurlements marcher main dans la main entre les harmoniques planantes avant que "Darkest Day" ne renoue avec l’agressivité pure du death metal technique. Riffs rapides et blast se rencontrent à nouveau sous les hurlements et les leads travaillés de ce court titre avant qu’un final prog ne laisse "Clarity In Waves" placer des tonalités lancinantes qui contrastent avec la violence en offrant des éléments post-metal, en particulier au niveau du chant. "The Sinking Sun" fera accélérer la rythmique tout en laissant le groupe créer un univers aussi réfléchi et vif que saccadé, laissant l’agressivité répondre à la complexité de ce long morceau, puis le titre s’achève dans la douceur pour laisser "Time Will Take Us All" clore avec un mélange de sonorités aériennes qui se renforce lentement pour devenir étouffant et finalement exploser.

Entheos ne se fixe aucune limite, et c’est sa diversité qui fait sa force. Si les amateurs de death technique / progressif seront comblés avec les morceaux les plus agressifs de "Time Will Take Us All", le groupe est certain de séduire les auditeurs plus aventuriers !

Entheos est l’un des groupes que j’attendais le plus au tournant cette année. La formation a beau être très jeune, elle est composée de musiciens très expérimentés notamment d’anciens membres de Animosity. Si vous vous demander ce qu’était Animosity, c’était du "deathcore" avant de s’appeler deathcore, du death metal moderne influencé mathcore et grind, avec des parties de two-step et des breakdowns ne sonnant pas comme la plupart des groupes du genre, je vous conseille de jeter une oreille sur ce groupe afin de saisir l’influence qu’a Animosity sur Entheos. Vu la composition du line-up avec 3 membres sur 4 provenant du défunt groupe, je m’attendais à ce que les musiciens jouaient une musique qui se rapprochait de leur précédente formation, et je n’avais pas vraiment tort sur ce point.

Sans autant refaire du Animosity, Entheos nous propose une musique bien technique avec une touche de progressif moderne, jouant beaucoup sur le rythme et le tempo. On débute l’EP avec le morceau "Specific Meaning In A Group Of Dots" avec une batterie qui va de suite mettre les choses au clair sur l’aspect de rythmique discontinue, la guitare et la basse vont suivre cette même voie et seront accompagnées du growl de Chaney, sa voix qui est très variable aussi dans le rythme mais aussi dans son intonation, allant autant vers des tons graves que dans du high-pitched typique au deathcore.

Ce premier morceau est une bonne introduction à l’univers d’Entheos, car on retrouvera ce style dans la composition dans les autres morceaux de l’EP, le morceau "Primal" commence par un sample qui démarre doucement avec un son qui pourrait être propre au djent, mais comportant beaucoup de parties blast beat et des breaks utilisés avec parcimonie. Les samples de ce morceau apportent une ambiance assez singulière et on notera l’enregistrement de la basse qui est plus dominante par rapport aux autres instruments, la guitare jouera dans un registre très progressif moderne sans pour autant faire du Meshuggah-like générique.

"Chemical Flashback" est un morceau très vif et qui nous fait bouger la tête tel un bobble-head sous l’effet d’un tremblement de terre, ici, Entheos va toujours se baser sur les contretemps et jouer un groove "à la djent" accompagné de certains samples qui vont créer une ambiance cosmique ou encore calme et paisible, ce qui contraste avec le côté massif du son des musiciens.

On finit avec "Form And Void" qui est le plus groovy de l’EP, morceau bien rythmé pour une durée de 6 minutes où la voix de Chaney dégage une hargne qui se fait ressentir. On à même le droit à un instant de répit par un sample electro ambiant avant de se finir par un petit solo mystique et hypnotisant de Frank.

Avec "Primal", Entheos démarre donc sur des bases bien solides, même si le côté Animosity est toujours présent dans les compositions, ce n’est que leur premier essai donc il est un peu normal que les musiciens se rattachent encore à leur passé musical. Même si je trouve qu’il était un peu facile de faire un son qui pourrait se fondre dans la tendance djent, on ressent avec cet EP que le groupe est plutôt singulier et veut proposer une musique qui ne veut ressembler à nulle autre et ainsi se faire une place notable au sein du metal moderne.