"Hälsingemörker"
Note : 19/20
Une nouvelle épopée commence pour Ereb Altor. Depuis 2003, le projet porté par Ragnar (chant / guitare / basse, Isole, ex-Forlorn) et Mats (chant / basse / guitare / clavier, Isole, ex-Forlorn), rejoints aujourd’hui par Tord (batterie, Undivine, ex-Isole) et Björn (basse / chant, Isole, ex-Loch Vostok, ex-Planet Rain) annoncent avec Hammerheart Records la sortie de leur dixième album, "Hälsingemörker".
On débute avec "Valkyrian Fate" qui instaure immédiatement un rythme rapide et des parties vocales motivantes tout en piochant dans l’agressivité de ses racines pagan. Un passage plus lent et dissonant nous permet d’apprécier les harmoniques dissonantes et les orchestrations avant de repartir à sa vitesse de croisière toute aussi accrocheuse avant de céder sa place à la composition éponyme, "Hälsingemörker". Elle démarre beaucoup plus lentement, mais on sent l’accélération arriver, et elle nous emporte à son tour dans sa marche guerrière motivante sur laquelle les vocalistes apparaissent, et qui deviendra plus mélodieuse, mais aussi parfois plus brute comme lors des éruptions de double pédale. Des influences black metal apparaissent vers la fin du morceau avant que l’entêtante "Ättestupan" ne prenne la suite, apportant avec elle des tonalités lancinantes bienvenues qui nous laissent apprécier sa mélancolie. Bien qu’assez sombre, l’atmosphère de la composition reste plutôt douce, même lors du final épique, alors que "Vi Är Mörkret" se montre très rapidement plus agressive, que ce soit avec le chant saturé ou les riffs en eux-mêmes qui trahissent une certaine sauvagerie, parfois remplacée par une lourdeur pesante.
"Träldom" va rapidement mêler ses riffs hypnotiques avec sa rage, créant un son fédérateur auquel le groupe ajoute ses harmoniques enivrantes qui se transformeront à nouveau en pointes de fureur après le break, nous guidant alors vers "The Waves, The Sky And The Pyre" qui démarre de manière plus modérée. On ressent les racines doom qui s’expriment d’abord lors des premiers moments, accueillant le chant, mais les autres teintes apparaîtront également, surtout lors de la deuxième partie du morceau où le son est plus puissant tout comme sur "The Last Step" qui se montre immédiatement vindicative. Bien qu’il soit majoritairement clair, le chant reste intense et accompagne parfaitement les mélodies perçantes des guitares, comme sur le solo tranchant avant le break apaisant, mais qui ne durera pas et laissera la rythmique repartir à la même puissance avec quelques cris pour clore l’album.
Les possesseurs de l’édition deluxe voient leur expérience prolongée, à commencer par l’imposante "Midvinter", qui débute avec seulement les voix, mais qui voit rapidement apparaître des riffs majestueux pour compléter le tableau. Le morceau est extrêmement prenant, mais aussi relativement long comparé à "Skogsrået" qui me fait beaucoup penser à du néofolk, mais qui accorde tout de même un peu de place à quelques éléments saturés pour alourdir son atmosphère. Les voix se mêlent à la perfection avant de laisser place à "The Lake Of Blood" avec qui on retrouve la noirceur de la rythmique tout en restant sur une lenteur pesante et quelques rugissements, mais qui ne font que complémenter les tonalités mélancoliques qui mettront fin à l’aventure.
Si Ereb Altor a toujours été renommé pour ses atmosphères nordiques épiques et guerrières, on peut clairement dire qu’"Hälsingemörker" nous plonge au coeur de la bataille ! L’album est saisissant de bout en bout, et ne souffre clairement d’aucun temps mort.
"Vargtimman"
Note : 17/20
L’aventure d’Ereb Altor est loin d’être finie. Depuis 2003 en Suède, le groupe mené par
Ragnar (chant / guitare / basse, Isole, ex-Forlorn) et Mats (chant / basse / guitare / clavier,
Isole, ex-Forlorn) et complété par Tord (batterie, Undivine, ex-Isole) et Mikael
(basse / chant, Undivine) nous propose un viking / black metal saisissant. "Vargtimman", leur
neuvième album, arrive en 2022.
On commence avec "I Have The Sky", un titre immédiatement très intense et épique, qui ne
met que très peu de temps avant de nous donner envie de rejoindre le combat, puis la
marche martiale et entraînante nous mène à "Vargtimman", une composition plus lancinante.
La lenteur pesante de la rythmique permet aux vocalistes d’utiliser hurlements sombres et
chant clair entêtant selon la situation, tout comme des harmoniques tranchantes. Les
quelques cassures donnent un rythme étrange au morceau avant l’alliance finale, puis
"Fenris" conserve la lenteur apaisante de la rythmique avec des riffs très mélodieux. On
retrouve une progression qui accentue encore plus cette rage sous-jacente, puis "Rise Of The
Destroyer" accélère soudainement le tempo avec des riffs brûlants qui piochent dans un
black metal brûlant.
Le contraste avec le chant clair, souvent complété par des hurlements,
est très efficace, mais c’est la quiétude épique qui reprendra sa place sur "Alvablot" et ses
tonalités aériennes. Remplis de leads perçants, les riffs accueillent des frappes martiales en
plus de ce chant motivant et de ces claviers majestueux, puis c’est la noirceur oppressante
qui s’invite sur "Den Dighra Döden". L’introduction effrayante et suivie d’une rythmique lente
mais agressive, créant une vague de rage surmontée de ce chant rocailleux avant que "Ner I
Mörkret" ne prenne la suite en offrant un peu de diversité à la violence. Le groove inquiétant
qui sévit offre aux leads une base parfaite pour sévir et accentuer l’aspect pesant du son
lancinant, accompagné de ce chant mystique et parfois de choeurs, puis l’album touche à sa
fin avec "Heimdals Horn", le dernier morceau. Assez court par rapport aux autres, le morceau
nous permet de conserver l’ambiance mystérieuse avant un final épique qui fera
progressivement s’éteindre le son.
Ereb Altor reste dans son univers de prédilection tout en offrant des riffs épiques et inspirés.
Avec "Vargtimman", le groupe sait qu’il va satisfaire les fans tout en conquérant le coeur
d’autres guerriers.
"Järtecken"
Note : 14,5/20
Ereb Altor ou le successeur de Bathory comme diront certains. Dans cet article, je ne pourrai
pas répondre moi-même à cette question, mais plutôt vous laisser découvrir l’aventure
"Järtecken" qui signifie "présage" en français. Malheureusement, cette épopée ne livrera
là que de sombres présages.
Tout débute par quelques notes qui sonnent comme le désastre après une bataille,
avec l’ajout d’un chant à plusieurs voix qui nous annonce un évènement.
La langue suédoise est aussi un grand plus pour favoriser l’immersion. Le côté black /
pagan est toujours aussi présent dans l’esprit du groupe, armé d’une guitare lead qui
se libère de ses chaînes et d’un growl rocailleux.
Puis, on se repose au coin d’un feu, écoutant l’histoire mystique de la "Queen Of All
Seas" chantée par nos compagnons d’aventure. Un guerrier parcourt la bordure d’un
lac ténébreux curieux de savoir quelle puissance pouvait se dissimuler au fond de ces
eaux. Il s’y recueille et de multiples hommes chantent à l’unisson, comme si ce qui se
déroule actuellement n’est que tradition qui se répète à travers les âges. Peu de riffs
vraiment marquants sont présents dans cette chanson, seulement des effets (cors,
choeurs) non négligeables.
Des mélodies plus blackisantes suivront, annonçant là un changement drastique de ton
dans l’album. Le duo de chant impose un contraste intéressant entre le growl
symbolisant l’esprit de la déesse des mers dans l’esprit de notre héros; et le chant clair
symbolisant ce même protagoniste possédé.
L’intensité devient maintenant plus grave, symbolisant la descente dans les ténèbres
grandissante de notre héros. Les mélodies sonnent comme une légende qui s’écrira
autant dans le sang que dans les esprits.
Plus on avance dans l’album, plus on comprend que le growl accompagné de sa guitare
descendante et distordue rappelle l’esprit de la reine des flots. Alors que le chant clair
avec les cordes constantes décrivent plutôt le guerrier en plein coeur de cette
souffrance spirituelle. Cherchant à se repentir, il n’y trouvera aucun échappatoire.
A partir de "Prepare For War", les notes sonnent dans les graves et paraissent
tonitruantes. On peut sentir qu’une sauvagerie sans limite se prépare. Cependant, cela
reste un tant soit peu monotone.
Survient, quelques instants après l’espoir amené par "Hvergelmir", la guitare principale
fusionnant avec la batterie. Les choeurs l’attendaient. L’ambiance se
transforme pour annoncer qu’il demeure peut-être une nuance d’espoir, malgré que le chant
principal rime toujours autant avec la souffrance.
Toutefois, même si la malédiction est de plus en plus ancrée dans les abysses de l’âme du
héros, l’apogée vers le Valhalla n’est que plus proche.
Sans être exceptionnel, le dernier album d’Ereb Altor nous relate une histoire plus profonde que
la plupart des groupes de pagan que j’ai pu écouter jusque là. Je vous suggère de lire les
paroles en même temps que vous écouterez les chansons.
"Nattramn"
Note : 17/20
Les compères d’Ereb Altor reviennent avec un cinquième album.
Loin de l’univers d’Isole, le second groupe de Mats et Ragnar, le doom d‘Ereb Altor est plutôt orienté viking.
On retrouve donc dans cet album "Nattramn" un mélange de guitares lourdes et de sonorités nordiques.
Mais voilà, contrairement à leur précédent album datant de 2013, "Fire Meets Ice", ici les Suédois s’éloignent du doom pour aller vers un black metal viking comme dans les titres "Nattramn" ou "The Nemesis Of Frei" qui a une facette également plus mélancolique.
Et c’est vraiment pas mal !
Le chant black est bien géré, les riffs sont recherchés et le dynamisme est là.
Le doom est toujours présent mais de façon plus diluée dans les titres, sauf dans "Across The Giant’s Blood" qui mêle la force à de superbes mélodies.
Le titre "Midsommarblot", lui, met en avant le chant clair plein de violence qui tranche d'ailleurs bien avec la musique qui est plus lumineuse et aérienne.
"The Dance Of The Elves" est aussi voire encore plus léger mais reste très intéressant.
C'est en quelque sorte une bal(l)ade (avec de la guitare acoustique à certains moments) assez gentillette dans les bois,
le titre est donc bien trouvé.
En bref, il faut quand même dire que cet opus est aussi le plus varié que le groupe ait fait.
"Dark Waters" est d’ailleurs un très bon exemple de cette évolution musicale !
Cela fait du bien de retrouver ce groupe avec un album qui a de la pêche et qui lui correspond enfin.
Il faut avouer qu’on sentait les Suédois parfois légèrement perdus dans leurs précédents albums.
Avec ce "Nattramn", on sent qu'ils sont revenus sur la bonne voie.
Tout n’est pas parfait mais la musique semble plus vraie, plus variée et maîtrisée.
"Fire Meets Ice"
Note : 15/20
Les dieux nordiques réagiront sûrement aux appels de Ereb Altor.
En effet, le groupe suédois sort un nouvel album "Fire Meets Ice".
La pochette réalisée par Gustavo Sazes ne laisse pas de marbre avec ses couleurs mettant en scène un combat entre le feu et la glace.
On retrouve le groupe avec un black metal viking qui inclut toujours une certaine touche doom présente depuis les premiers albums.
Il y a des éléments faisant penser à certains groupes comme Bathory ou Enslaved dans l'agressivité, le chant ou encore le côté progressif.
"Fire Meets Ice" est le premier des 9 titres de l'album.
La première partie est apaisante avec la légèreté d'un piano et d'une guitare acoustique.
Puis, un épais brouillard s’installe et tout devient plus lourd avec un bel ensemble de chants se croisant.
Le ton devient plus agressif et froid avec des riffs ciselés et le chant black.
On découvre une fin avec des mélodies plus nordiques et même thrash parfois, ce qui est assez surprenant.
Plus lente et atmosphérique, "The Chosen Ones" prend ses racines dans le doom.
C'est un retour aux sources pour le groupe, rappelant son premier album "By Honour".
La suite est bien plus dynamique et black metal.
Le morceau se conclut en beauté avec un passage très planant emporté par un chant clair prenant.
On retrouve ensuite avec plaisir cette splendide voix envoûtante avec "Nifelheim".
C'est un titre posé avec quelques passages bien plus rentre-dedans.
"My Ravens" commence comme une ballade plutôt mélancolique et aérienne,
cela reste simple mais magnifique.
Ensuite, les guitares grognent, la batterie s'énerve et cela nous donne une suite énergique mais froide.
Puis, bien que "Sacrifice" soit le titre le plus long de l'album avec 8:26 minutes, il passe étrangement assez rapidement.
Tantôt ambiant, tantôt agressif, ce morceau est agréable.
Ensuite, on ressent une bourrasque glaciale de neige, on est emporté au loin.
Dans "Helheimsfard", tout est inquiétant et sauvage, voire même effrayant.
Notre esprit vagabonde dans une sombre forêt hantée par quelques âmes tourmentées.
"The Deceiver Shall Repent" se révèle léger et folklorique
mais un peu simpliste, l’ennui est vite là.
Bien plus agressive, "Post Ragnarok" est cependant inintéressante et certains riffs trop répétitifs deviennent vraiment énervants.
Et pour finir, on retrouve "Our Legacy", un titre calme avec des passages doom et d'autres plus énergiques.
"Fire Meets Ice" est un titre qui colle parfaitement à cet album qui est une rencontre entre l'agressivité du feu et le calme glacial de la glace.
Certains titres sont cependant assez inutiles et plombent la fin de l'opus. Cela est dommage car l'ensemble est vraiment appréciable.
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