Le groupe
Biographie :

Ershetu est un groupe de black metal progressif international formé en 2021 et actuellement composé de : Vindsval (basse, guitare / Blut Aus Nord, Forhist, ex-Children Of Mäani, ex-Karras, ex-The Eye, ex-Eitrin, ex-Vlad, The Meditant, Yerûšelem, ex-Xezbeth), Void (paroles), Intza Roca (batterie / percussions / xylophone), Sacr (écriture / arrangements) et Lazare (chant / Borknagar, Solefald, ex-Old Words New, ex-Silent, ex-Age Of Silence, Black Void, White Void, ex-Carpathian Forest, ex-Ásmegin). Ershetu sort son premier album, "Xibalba",

Discographie :

2023 : "Xibalba"


La chronique


Formé par le compositeur Sacr et le parolier Void, le groupe Ershetu a ensuite été rejoint par Intza Roca à la batterie, Vindsval aux guitares et à la basse et Lars Are Nedland au chant aussi connu sous le nom de Lazare lorsqu'il tient le micro chez Solefald. Un projet intéressant puisque chaque album est censé se pencher à l'avenir sur la conception de la mort d'une civilisation ou d'une religion, à commencer par la civilisation maya abordée sur ce premier essai nommé "Xibalba" et inspiré par les textes du Popol Vuh.

Une approche conceptuelle intéressante qui ouvre la porte à des expérimentations musicales et qui permet à Ershetu de mélanger le black metal à des sonorités folkloriques, traditionnelles ou carrément cinématographiques. "Enter The Palace Of Masks" installe d'ailleurs une ambiance forte et particulière avec des sonorités folkloriques qui nous envoient directement en pleine cérémonie rituelle maya, une longue introduction de quatre minutes qui prend le temps de vous emmener dans le monde d'Ershetu. Et c'est suffisamment bien fait pour éviter le côté cliché ou gimmick, d'autant que tout ça va par la suite se mélanger au black metal pour un effet saisissant. Cela commence d'ailleurs sur "From Corn To Dust" qui est le premier vrai morceau de l'album, des morceaux assez longs qui vont fréquemment tourner autour des huit minutes d'ailleurs. Quand les guitares se font entendre et posent des mélodies épiques, on peut entendre une très légère patte issue des deux premiers Blut Aus Nord tant le jeu de Vindsval est distinctif, cependant Ershetu se démarque largement de ces derniers et de tout le reste de la scène par l'incorporation de ces fameuses sonorités traditionnelles ou folkloriques et les ambiances qu'il fait entendre. On sent que le concept n'est pas là pour faire beau, il ne s'exprime par que par les textes mais imprègne aussi la musique que propose "Xibalba". Non seulement cela rend cette dernière bien plus intéressante mais cela donne aussi une bonne idée de ce que le groupe va pouvoir proposer en abordant d'autres civilisations ou religions. Il y a toute une palette de sonorités très différentes à utiliser et donc toute une série de mélanges intéressants et originaux à portée d'Ershetu qui pourrait nous proposer à l'avenir des albums encore plus surprenants. De quoi bousculer une scène black metal qui a une fâcheuse tendance à s'enfermer dans ses codes.

Vous aurez vite compris que la brutalité outrancière ou les ambiances malsaines et glaciales ne sont pas le propos ici, "Xibalba" utilise bel et bien des influences black metal mais ne s'en sert que pour illustrer son propos et appuyer certaines ambiances. Les explosions de violence sont là mais rares, les riffs sont plus proches de la vague black mélodique du début des années 90 que de la seconde vague norvégienne. On sent un côté épique et dramatique dans les mélodies de "The Place Of Fright" par exemple, un morceau évocateur qui prend aux tripes plus d'une fois et connaît quelques transitions brutales dans tous les sens du terme. Les mélodies de "Hollow Earth" apportent par contre un côté un peu plus lumineux par moments en plus de ce caractère épique et dramatique toujours présent. Il y a clairement un côté expérimental là-dedans et pourtant ce premier album ne nous perd jamais en route, il nous tient toujours soit par des mélodies poignantes soit par la puissance de ses ambiances. Le chant de Lars Are Nedland est fondu dans la masse, presque en arrière-plan, comme pour donner une impression de bloc et appuyer le fait que le chant est utilisé ici comme un instrument supplémentaire. Les puristes qui ont vu une étiquette black metal là-dessus vont évidemment fuir à toutes jambes, "Xibalba" n'aura pas grand-chose à leur offrir et ne s'adresse probablement pas à eux de toute façon. En tout cas, c'est typiquement le genre d'album auquel il est difficile de rendre justice avec une simple chronique, il est donc vivement conseillé d'aller y jeter une oreille. Ne serait-ce que par l'originalité de la démarche et du rendu, "Xibalba" mérite que vous lui donniez une chance, il y a fort à parier que vous vous laissiez embarquer facilement par ce premier album étonnant à plus d'un titre.

"Xibalba" est donc un album étonnant, original et très intéressant et si Ershetu tient sur la longueur, la suite risque d'être tout aussi intrigante. Difficile à catégoriser, ce premier album s'adresse aux esprits aventureux et aux amateurs d'un black metal mélodique et épique plutôt que violent et noir. Dans le doute, allez y jeter une oreille attentive, car peu importe le style pratiqué un groupe qui tente de sortir des sentiers battus mérite qu'on lui donne une chance !


Murderworks
Décembre 2023


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.facebook.com/ershetu