"Year Of The Four Emperors"
Note : 18/20
Le consul a tranché : Ex Deo nous offre un nouvel EP. Prévu pour sortir via Reigning Phoenix Music au début de leur tournée européenne de 2025, "Year Of The Four Emperors" a été créé par Maurizio Iacono (chant, Kataklysm, Invictus), Dano Apekian (basse, Ashes Of Eden), Stéphane Barbe (guitare, Kataklysm), Jean-François Dagenais (guitare, Kataklysm) et James Payne (batterie; Kataklysm, Hiss from the Moat, ex-Hour of Penance, ex-Vital Remains).
L’histoire débute en grande pompe avec "Galba", annonçant la mort de l’empereur Néron via un sample, puis les musiciens entrent en jeu avec une rythmique imposante et ses orchestrations majestueuses. Le son puissant est parfait pour accompagner un tel récit qui ne s’apaise que pour laisser le sample intervenir à nouveau pour dévoiler la funeste nouvelle et introduire le retour des riffs qui nous mènent à "Otho" et à ses leads planants qui nous hypnotisent avant que le chant ne reprenne sa place. La rythmique nous piétine et accélère à sa guise, conservant toujours cette approche martiale même lorsque les tonalités aériennes s’installent pour finalement présenter "Vitellius" et son atmosphère plus pesante, laissant un groove lancinant débuter la composition. Les riffs lourds suivent bien évidemment, guidant voix et claviers pour ne ralentir que lorsque le sample freine sa progression avant de laisser le final reprendre pour accueillir "Vespasian", dernier des quatre titres et premier morceau dévoilé, qui se montre rapidement plus vif que le titre précédent, avançant à une allure régulière et nous faisant remuer le crâne.
Avec ce nouvel EP, Ex Deo revient sur le devant de la scène et nous prouve que la légion est toujours en pleine forme. Le concept de "Year Of The Four Emperors" est intéressant, et les morceaux sont rythmés, promettant des merveilles en live.
"The Thirteen Years Of Nero"
Note : 18/20
Ex Deo se présente à nouveau au consul. Créé en 2008 en tant que side-project par
Maurizio Iacono (chant, Kataklysm, Invictus), il recrute rapidement Dano Apekian (basse,
Ashes Of Eden), Stéphane Barbe (guitare, Kataklysm) et Jean-François Dagenais
(guitare, Kataklysm), mais aussi les batteurs de Kataklysm pour que le projet prenne vie.
En 2020, Jeramie Kling (batterie, Eye Of Purgatory, Goregäng, Inhuman Condition,
Ribspreader, The Absence, Venom Inc…) les rejoint pour "The Thirteen Years Of Nero",
leur quatrième album.
Si vous connaissez et aimez Kataklysm, je n’ai pas besoin de vous présenter l’album, car
vous allez l’aimer de manière assez immédiate. Cependant, le thème change, car comme
son nom le laisse supposer, le groupe propose un death metal symphonique / mélodique axé
sur l’histoire de Rome. L’artwork de Seth Siro Anton (Septicflesh) et les orchestrations de
Clemens Wijers (Carach Angren) nous feront entrer dans cet univers dès "The Fall Of
Claudius", le premier morceau, introduit par une voix samplée. Les mélodies tranchantes se
mettent en marche, tout comme la rythmique martiale et le chant du vocaliste sous ces
orchestrations guerrières, puis le groupe continue avec "Imperator", un titre plus sombre
dévoilé par un clip très violent. Le morceau se prête parfaitement à cette ambiance grave et
imposante, tout comme "The Head Of The Snake", un titre plus rapide mais tout aussi
inquiétant et agressif. Les mélodies sombres nous laissent présager de la violence, incarnée
par "Boudicca (Queen Of The Iceni)", un titre très martial et incisif que lequel le groupe montre
un aspect violent et accrocheur avant d’accueillir Brittney Hayes (Unleash The Archers),
qui clôt également le morceau.
"Britannia: The 9th At Camulodonum" continue sur cette
dynamique guerrière et solide tout en présentant des sonorités profondes qui n’oublient pas
cette dynamique accrocheuse avant "Trial Of The Gods (Intermezzo)", un titre orchestral
majestueux qui nous permet de souffler. Le morceau présente des sonorités épiques qui
introduisent à merveille "The Fiddle And The Fire", un titre plus viscéral. L’ambiance est à la
fois plus sombre, mais également plus saisissante et perçante, puis "Sons Of The Defiled"
nous frappe avec une ambiance martiale rehaussée par des orchestrations pesantes. On
continue avec des mélodies majestueuses, puis avec la lourde "What Artist Dies In Me…" et
ses sombres orchestrations. Le morceau présente des mélodies dissonantes et guerrières
couplées à des tonalités graves et des samples, puis "The Revolt Of Galba" nous dévoile un
brouillard mélodieux qui nous retranscrit parfaitement ce que pourrait être une discussion au
sénat pour clore l’album.
Le son guerrier d’Ex Deo ne peut que vous séduire. Accompagné des ses guests, le groupe
nous présente "The Thirteen Years Of Nero" avec des influences martiales et des
orchestrations qui créent un univers prenant sur lequel remuer le crâne.
"The Immortal Wars"
Note : 18/20
Les Québécois d'Ex Deo entrent en grande pompe dans l'année 2017 avec la sortie de leur troisième album. Pour ma part, j'avais déjà entendu parler avec amusement de ce groupe de death metal qui joue sur scène déguisé en légionnaires romains mais je n'avais jamais pris le temps me pencher vraiment sur leur musique. C'est donc avec "The Immortal Wars" que je découvre la musique du groupe et je dois dire que je ne m'attendais pas à une telle claque !
Tout d'abord, on constate que la production est vraiment excellente avec des guitares à la fois massives et incisives et un son de batterie très maîtrisé sans paraître trop artificiel. Le tout soutenu par des orchestrations de toute beauté avec une très bonne utilisation des cuivres et des chœurs qui renforcent la dimension épique de la musique sans jamais paraître kitsch ou lourdingue. On appréciera aussi le traitement de la voix guerrière de Maurizio Iacono qui reste à la fois puissante et parfaitement intelligible, ce qui permet de bien pouvoir saisir l'essentiel des paroles même sans avoir une très bonne maîtrise de l'anglais.
Comme on l'aura rapidement compris, le groupe continue de nous parler, à travers ce troisième album, de la puissance guerrière de l'empire romain et de ses adversaires. Ainsi, des morceaux comme "Hispania (Siege Of Saguntum)" ou "Ad Victoriam (The Battle Of Zama)" s'inspireront de batailles historiques pour retranscrire la frénésie des combats à coups de double pédale et de matraquage de caisse claire. Mais les morceaux qui me transportent le plus restent tout de même "Crossing Of The Alps" et le superbe titre d'ouverture "The Rise Of Hannibal" qui retranscrivent plutôt la marche inexorable des armées prêtes à affronter leur destin au nom de leurs généraux et de leurs dieux. Par delà la dimension épique, on arrive ainsi à une forme de grandeur quasi-mystique dans cette célébration de la puissance guerrière des armées d’antan. Comme le relevait à juste titre ma collègue Nymphadora en chroniquant l'album précédent, on n'est jamais très loin de l'ésotérisme d'un Rotting Christ dans l'approche musicale et le mixage des morceaux.
En parlant du précédent album, j'ai pris rapidement le temps de jeter une oreille à ce "Caligula" pour me faire une idée de l'évolution du groupe. J'en suis arrivé à l'impression que les Québécois d'Ex Deo ont réussi, dans ce troisième album, à garder les meilleurs ingrédients de leur musique pour nous offrir une nouvelle recette encore inégalée jusqu'à présent. On relèvera aussi l'emploi plus généralisé de transitions orchestrales entre les morceaux avec de nombreux bruitages cinématographiques qui offrent plus de respirations à cet album tout en embarquant l'auditeur toujours plus loin dans ce voyage antique.
Le huitième et dernier titre de l'album, "The Roman", apporte une tonalité un peu différente des autres morceaux avec une introduction et une conclusion axées sur un thème de piano et des chœurs assez mélancoliques. J'y décèle une sensation de nostalgie, comme un adieu, en guise de final, aux fantômes des héros et des anonymes qui ont marqué ces grandes pages de l'Histoire. Un hommage à ces guerres immortelles dont le souvenir continue à vivre dans notre mémoire collective.
Au final, Ex Deo nous livre une troisième album assez court mais vraiment puissant avec une très bonne production et des orchestrations magnifiques qui, loin de sonner kitsch, élèvent le côté épique de cette musique vers une dimension quasi mystique. Le tout sans jamais mettre au second plan la puissance et la maîtrise musicale de chacun des membres du groupe. Il va être à présent très difficile pour nos six compères de réussir à faire encore mieux à l'avenir, mais c'est pourtant tout le mal qu'on leur souhaite !
"Caligvla"
Note : 15/20
Engouffrez-vous dans l’arène, délaissez le 21éme siècle avec le nouvel album d'Ex Deo pour découvrir la Rome antique.
Après "Romulus" en 2009, les Québécois en partie formés autour du groupe Kataklysm, nous reviennent avec un concept album "Caligvla".
Mauriozio Lacono, le chanteur, se glisse dans la peau de l'empereur Caligula, adulé puis détesté.
On savourera cet opus qui nous offre une production excellente nous permettant d'apprécier chaque détail.
A noter également la participation de Stefan Fiori de Graveworm pour le chant black et de Seth Siro Anton du groupe Septicflesh pour le chant et l'artwork qui est comme toujours splendide.
Ex Deo réalise du death mélodique incluant des riffs simples mais massifs avec des orchestrations imposantes et épiques nous rappelant à certains moments la musique de Rotting Christ.
Ceci dit, ce n'est pas une critique car les deux groupes ont un style bien distinct l'un de l'autre.
Des combats et batailles sont mis en scène sur 10 titres tantôt impitoyables et furieux, tantôt imposants et grandiloquants.
Les trois premiers titres sont excellents et nous plongent dans un film historique et sanglant.
"I Caligvla" débute sur une fanfare de cuivres et choeurs gargantuesques et magnifiques, puis les guitares et le clavier viennent soutenir des clameurs rageuses et le chant death martial.
Lourd mais à certains moments plutôt symphonique, ce morceau mid-tempo est superbe.
Plus froid et direct, "The Thiberius Cliff (Exile To Capri)" se révèle être la plus sombre de l'album.
En effet les orchestrations sont plus torturées à l'image du violon très présent et des vocalises mystiques et vaporeuses.
Une marrée humaine approche, les guerriers sont en marche avec "Per Oculus Aquila".
Les troupes sont encouragées avec des cris rageurs à se battre pour la haine.
En totale harmonie, la musique est épique et héroïque, et les claviers donnent un côté aérien à certains passages.
Ensuite arrive "Divide Et Imperia", rapide et direct mais ce titre se révèle peu accrocheur.
Heureusement que le chant de Mariangela Demurtas du groupe Tristania donne finalement de la personnalité à ce morceau.
Sa voix est énergique et étrange nous rappelant un peu celle de Agnete Klolsrud de Djerv.
La suite de l'album est moins captivante à part quelques exceptions telles que "Teutoburg (Ambush Of Varus)" nous évoquant Amon Amarth dans certains riffs très mélodieux, et donnant un petit côté pagan au morceau ;
"Once Were Romans" qui commence sous une pluie de coups de fouet, puis s'emballe avec un gros son entraînant et des passages de chant black redonnant du peps à la fin de l'album pour finir sur une outro sublime, tragique et épique.
"Caligvla" est un album vivant et intense qui perd quelque peu de sa magie et de sa dynamique au fil des morceaux, révélant un manque d'originalité.
Mais cela reste un bon moment.