Retour de Felgrave. Plus de quatre ans après son premier album, le projet de M. L. Jupe (tous instruments / chant, ex-Dead Hills) s’accorde les services de Robin Stone (batterie, Norse, Ashen Horde, Chestcrush, ex-The Amenta…) pour enregistrer son deuxième album, "Otherlike Darknesses", qu’il sort chez Transcending Obscurity Records.

On attaque avec "Winds Batter My Keep" - première et plus longue (de quelques secondes) des trois compositions - qui commence immédiatement à nous envelopper dans ses riffs brumeux et entêtants avec une dissonance très marquée. Les leads viendront transformer la rythmique en un flot chaotique d’abord assez aérien, puis finalement plus violent entre les grognements terrifiants et la batterie survoltée avant de s’apaiser grâce à des harmoniques inquiétantes pour mieux s’embraser à nouveau en combinant la batterie infernale et les touches sombres, mais également des choeurs mystérieux. Le morceau changera à nouveau de patterns pour son final légèrement plus lumineux - tout en restant assez peu accessible aux néophytes - avant d’exploser une dernière fois en nous menant à "Pale Flowers Under An Empty Sky" qui nous accueille avec une douce mélodie en arrière-plan, mais qui ne restera bien entendu pas si apaisant.

Les riffs vont à nouveau tout dévaster sur leur passage avec des tonalités aussi complexes que surprenantes, mais les douze (excusez du peu) minutes de son vont à nouveau changer, passant autant dans la quiétude que dans un imbroglio de violence ou même par des parties atmosphériques hypnotiques avant de repasser à des parties effrénées laborieuses. Le morceau prend fin et laisse sa place à "Otherlike Darknesses" qui mettra un point d’honneur à tisser des sonorités toutes aussi angoissantes et imprévisibles que les deux autres morceaux, avec tout de même un attrait plus prononcé pour l’agressivité qui finira forcément par corrompre toute tentative de retour au calme qui se solderont par l’apparition progressive de touches obsédantes et finalement brutales jusqu’à ce que le néant ne les absorbe.

A l’inverse de l’album précédent, "Otherlike Darkness" est un album beaucoup plus fou et expérimental que Felgrave nous offre ici. Si vous vous attendiez à un doom / death pesant, vous serez plus que surpris par les tonalités dissonantes et avant-gardistes.

M. L. Jupe (tous instruments / chant, ex-Dead Hills), le one-man band, sort "A Waning Light" en collaboration avec Personal Records en ce début d’année 2021.

Si le précédent projet du musicien s’orientait vers un black metal glacial, celui-ci en garde quelques racines, auxquelles s’ajoutent une imposante base de doom / death crasseux et pesant. Illustrée par la sublime plume de Mariusz Lewandowski (Abigail Williams, Bell Witch, Jupiterian, Psycroptic…), c’est une musique inquiétante, sombre et épaisse comme un brouillard que l’on découvre avec "Millenium Shroud". Le son nous enveloppe imperceptiblement, puis il se diffuse lentement, entre cette rythmique lourde et ces leads intenses. Des hurlements nous parviennent, renforçant ce sentiment d’insécurité lugubre qui rampe, puis le tempo accélère. Il reste toutefois très lancinant et pesant, bien que les riffs soient très riches et variés, comme sur "The Borrower", où on trouve également un doux son sans saturation et une voix claire mystique, puis l’agression reprend, de plus en plus fort et de plus en plus vite.

Rapide interlude aérienne à la guitare et au clavier avec "Summer’s Widow", puis c’est "Withered Years" qui prend la suite. Dès les premières secondes, l’ambiance s’assombrit et les riffs imposants ne tardent pas à nous matraquer, mais on ressent parfois un contraste avec quelques tonalités plus douces en fond. Les leads hypnotiques donnent une saveur intéressante à ces riffs violents Le désespoir finit par prendre possession de la voix, et c’est après quelques cris déchirants que le musicien nous envoie sur "Oracular", le dernier titre. Sans grande surprise, il suit cette tendance lourde et ténébreuse, mais il se pare également de sonorités ambiantes, d’accents mystiques, et d’une rage qui finit par s’exprimer au travers des mélodies tranchantes.

Ceux qui connaissent déjà le travail du maître à penser de Felgrave ne seront pas surpris de le voir évoluer dans ces sphères pesantes. Pour les autres, "A Waning Light" sera l’occasion de découvrir lourdeur, mélancolie et oppression sous une forme musicale sublime et prenante.