"To Usurp The Thrones"
Note : 19/20
Nouvelle conquête pour Feral. Après quelques années sous le nom de Valmer & Hook, le
groupe à présent composé de David Nilsson (chant, Dwoom), Viktor Klingstedt (basse,
Dwoom), Sebastian Lejon (guitare, Zonaria), Markus Lindahl (guitare, Dwoom) et Roger
Markström (batterie, Dwoom, ex-Leviathan) dévoile "To Usurp The Thrones" chez
Transcending Obscurity Records.
"To Drain The World Of Light" nous accueille avec notre son de HM-2 préféré, et qui commence
immédiatement à propager sa rage avec des riffs solides complétés par les vociférations
sauvages. Le solo cinglant conserve l’agressivité ambiante, que l’on retrouve aussi avec une
touche plus oppressante sur "Vile Malediction", proposant un son légèrement plus lent mais
toujours aussi caractéristique du death metal à la suédoise, que les musiciens rendent
parfois plus sombre et imposant. "Deformed Mentality" repart à toute allure, laissant les riffs
nous frapper à pleine vitesse avec des patterns accrocheurs, mais "Bound To The Dead "
reviendra à un groove morbide influencé par quelques éléments death / thrash, mais qui
peut aussi compter sur une double pédale féroce. L'accélération finale nous emporte jusqu’à
"The Devouring Storm" où des tonalités inquiétantes sont à l’oeuvre pour recréer un climat
angoissant grâce à une rythmique globalement plus lente, mais qui s’enflamme à nouveau
pour le dernier solo avant que "Spirits Without Rest" ne vienne tout saccager sur son
passage.
Inutile de dire que le morceau est vif, ses riffs parlent d’eux-mêmes et incorporent
des harmoniques sanglantes alors que "Decimated" s’oriente vers des tonalités plus grasses
et quelques passages plus massifs pour temporiser par moments. On retourne à la fureur
brute par vagues sur "Phantoms Of Antiquity", titre où la basse apporte du groove grâce à ses
ronflements épais, alors que l’on trouve des éléments plus travaillés sur la courte "Soaked In
Blood" dont l’introduction est finalement effacée par une rythmique saccadée propice au
headbang, surtout la dernière partie. L’atmosphère s’assombrit à nouveau pour "Into The
Ashes Of History", mais le groupe fait en sorte de la combiner à son intense bestialité pour
créer un voile ténébreux fascinant avant de le dissiper pour laisser "Stripped Of Flesh" clore
l’album dans la violence la plus déchaînée possible, incluant tout de même quelques
mélodies macabres.
Feral est l’incarnation du death metal suédois. Qu’ils soient sauvages ou plus sombres,
chaque riff de "To Usurp The Thrones" est parfaitement placé pour servir la composition.
L’album n’a tout simplement aucun défaut !
"Flesh For Funerals Eternal"
Note : 18/20
D’abord connu sous le nom de Valmer & Hook depuis 2003, Feral s’est donné pour
mission de donner vie à un death metal putride et old school à souhait. Le line-up de
Valmer & Hook a accepté directement ce changement de nom en 2007, mais il y a eu par la
suite quelques remplacements. Du line-up original, on retrouve le bassiste Viktor Klingstedt
(Darkcreed, Dwoom) et le chanteur David Nilsson (Dwoom, ex-Blodskald), mais
également Sebastian Lejon (Zonaria) et Markus Lindahl (Dwoom) aux guitares, ainsi que
Roger Markström (Leviathan, ex- Armagedda, ex-Volkermord) à la batterie. Le groupe
peut compter sur une discographie de trois albums, un EP et un split, mais c’est sur "Flesh
For Funerals Eternal", le dernier album des Suédois que nous allons nous concentrer
aujourd’hui.
On débute sur les chapeaux de roues avec la rapide "Vaults Of The Undead Horror". La
basse vrombissante donne à ces riffs old school cette saveur de mort, et les hurlements
puissants de David accompagnent le tout pour une production d’excellente qualité. Lorsque
l’on croit que l’intensité redescend enfin, le groupe relance sa rythmique jusqu’à l’éteindre
d’un coup avant "Black Coven Secrets". Plus technique et saccadé, ce titre est tout aussi
groovy que le précédent, grâce à un son de basse aussi gras qu’imposant, et des guitares
qui suivent ce modèle, et même lors des parties lead où le morceau est plus ambiant, le tout
est lourd. Très lourd. La masse s’abat à nouveau sur nous pour "Gathering Their Bones", un
morceau qui emprunte au doom / death groovy d’un des pionniers néerlandais du style. Très
entraînant, il est presque impossible de ne pas remuer la tête sur ce morceau, tout comme
sur la mélodique "Dormant Disease" et ses descentes d’harmoniques poignantes et rapides.
On ralentit à nouveau mais sans enlever les harmoniques pour l’introduction d’"Of Gods No
Longer Invoked", mais c’est littéralement le calme avant la tempête, car les Suédois auront
bien vite fait de renforcer cette rythmique assassine, comme en ajoutant un break
pachydermique qui débouche à un trio basse / batterie / chant, rattrapé par les guitares avant
un lead perçant. Avec ce petit sample inquiétant avant "Accursed", le groupe donne une
dimension supplémentaire à sa musique, et se permet de la faire évoluer sur un tempo plus
lent que la moyenne, sans que cela ne gêne outre mesure. Au contraire, c’est un morceau
prenant, qui accélère sur la fin, avant "Horrendous Sight". Créé pour briser des nuques, je
pense que c’est l’un des titres qui fera le plus de ravages en live.
Pourquoi s’arrêter en si bonne voie, alors qu’on peut inclure un peu de vélocité avec "Stygian
Void", un titre rapide et aux influences diverses, mais toujours avec le gras de la composition
des Suédois. Les harmoniques perçantes du lead s’intègrent à merveille avec cette
rythmique, tout comme la voix hargneuse du chanteur. Une fois de plus le groupe nous offre
un titre un peu lent mais plus imposant avec "Buried", qui semble nous enfoncer un peu plus
dans le sol à chaque note. Pour contraster avec cette rythmique, le chanteur utilise un
scream furieux en plus de son growl caverneux, et bien que ce morceau dure cinq minutes,
il semble passer en un instant. Dernier morceau plutôt rapide, "Bled Dry" et ses racines
grindcore vient nous tabasser une dernière fois pour nous faire comprendre qui donne les
mandales ici, et ce n’est sûrement pas vous.
Une belle découverte pour ma part que le son old school de Feral, couplé au mix moderne
qu’offre "Flesh For Funerals Eternal". Le groupe tire pleinement parti de cette identité qui est
la leur et qui leur offre une place importante dans les sorties de fin d’année. Le groupe est
visiblement assez rare sur scène, mais je ne désespère pas que ce nouvel album leur
apporte enfin une reconnaissance internationale.
"Where Dead Dreams Dwell"
Note : 16/20
Vous ne connaissez peut-être pas Feral, et pour être honnête, moi non plus. Je pourrais bien vous dire qu'entre 2003 et 2007, ce groupe s'appelait Valmer & Hook, mais je doute que cela vous aide. Pourtant, derrière ces deux noms qui n'ont d'égal que mon papier toilette se cachent un groupe de death old school fort sympathique, venu tout droit de Suède.
Plus le temps passe, plus je me dis qu'il est difficile d'oeuvrer dans le death old school et d'obtenir un truc au moins correct. À chaque fois, soit c'est trop brouillon, soit on s'ennuie, ça manque de punch, c'est trop banal etc… Et autant le dire tout de suite, tous ces problèmes récurrents ne trouvent pas leur place ici. Bien qu'il s'agisse d'un second d'album, on remarque une très forte maturité chez Feral, une forte volonté de bien faire les choses, ce qui leur a d'ailleurs permis de partager plusieurs fois la scène avec des groupes comme Six Feet Under, dont on sent une forte influence ici. Avec un bassiste issu de Darkcreed, un chanteur issu de Sangre et un batteur venant de Leviathan, les ingrédients laissaient déjà entrevoir de bonnes perspectives.
Feral délivre un death old school puissant et audacieux, qui sait mêler les bonnes vieilles valeurs du death à l'ancienne tout en faisant appel à une voix assez variée, dans les graves comme les aigus. Les riffs sont lourds, imposants, et savent véritablement donner l'impulsion à un tout qui n'est pas en reste. Clairement, du début à la fin, on n'a jamais l'impression d'entendre deux fois la même chose. Certains titres nous restent clairement en tête, comme l'excellent "Creatures Among The Coffins" par exemple. On peut également remarquer la présence de Jonas Lindblood (Puteraeon) sur "Mass Resurrection", mais celle-ci n'apporte pas grand-chose à un album déjà très bon. Certains pourront critiquer une légère baisse de régime vers la fin de l'album, mais rien de méchant puisque la dernière piste, "Succumb To Terror", envoie carrément du pâté grâce à une technicité à la gratte de haut niveau ! Seule mauvaise surprise : l'artwork, pourtant réalisé par Cosin Chioreanu (At The Gates, Necrophagia, Arch Enemy…).
On a beau chercher, on a du mal à trouver des reproches à faire à ces 10 charmantes pistes. Une très belle découverte personnellement, j'espère qu'ils pourront vite émerger de l'iceberg afin d'envahir les scènes françaises.
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