"Ethos"
Note : 19/20
Nouvelle percée pour Firtan. Deux ans après sa dernière production, le groupe composé de
Phillip Thienger (chant / guitare / clavier, ex-Anwar), Oliver König (basse / chant, Finsther
Thron, Maersung, Finsterforst en live), David Kempf (batterie, Profanity, Algetic,
ex-Zerfall), Chris S. (guitare, ex-Ichorid) et Klara Bachmair (violon) dévoile "Ethos", son
quatrième album.
Markus Stock (Empyrium, The Vision Bleak…), responsable du mix et mastering, y joue
également du dulcimer en plus de faire quelques choeurs.
C’est avec "Hrenga" que les musiciens nous laissent pénétrer dans leur noirceur, d’abord
avec une introduction brumeuse, puis avec une rythmique lancinante où ils accueillent J.J.
(Harakiri For The Sky, Karg) pour un duo vocal viscéral. Le son nous étouffe jusqu’à une
courte accalmie qui ne sert qu’à tempérer l’oppression qui revient avant de céder sa place à
"Zores" et à sa fureur immédiate d’où sortent les rugissements intenses, mais également des
harmoniques inquiétantes mais mélodieuses qui tempèrent l’atmosphère avec l’aide du
violon. "Contra Vermes" dévoile une touche de dissonance aérienne qui s’allie parfaitement à
la déferlante, mais également une pointe de douceur bienvenue qui nous permet de respirer
avant que le son ne devienne plus imposant, puis c’est dans la quiétude que "Arkanum" nous
autorise à continuer notre chemin pour rencontrer des riffs majestueux. Bien
qu’extrêmement lourds, ils restent mélancoliques même lorsque les vociférations puissantes
sont à l’oeuvre avant que le violon ne fasse s’embraser la rythmique pour un final explosif,
puis c’est avec une approche old school saisissante que "Wermut Hoch Am Firmament" nous
surprend en déboulant à toute allure, accueillant L.G. (Ellende).
On notera tout de même un
moment plus lent complété par des murmures avant de reprendre sa vitesse morbide initiale
en rejoignant "Moloch" qui reste sur une dynamique relativement similaire tout en créant plus
de moments apaisants, rendant la charge assez mystérieuse. Le final confirme cette aura
obscure que l’on retrouvera sur "Ruakh" et ses premiers instants envoûtants qui se
transforment en ouragan violent, mais qui sait également proposer des passages plus
aériens ou mêler les deux pour alimenter son ambiance unique, qui devient à nouveau plus
brumeuse sur "Komm Herbei, Schwarze Nacht". La composition s’oriente naturellement vers
des teintes pesantes mais entêtantes que l’on doit aux guitares dissonantes bien que
relativement douces, si bien que la progression finale devient terrifiante avant que "Wenn
Sich Mir Einst Alle Ringe Schließen" ne referme l’album entre claviers et violon mélodieux.
La magie sombre de Firtan opère à nouveau sans mal sur "Ethos" qui n’hésite pas à nous
envelopper dans les ténèbres pour nous émerveiller. Les musiciens savent exactement quoi
faire pour capter notre attention tout en délivrant une performance intense à chaque instant.
"Marter"
Note : 19/20
Firtan revient. Créé en 2010 en Allemagne, le groupe composé de Phillip Thienger
(chant / guitare / claviers, ex-Anwar), Oliver König (basse / chant, Finsther Thron, Maersung,
Finsterforst en live), David Kempf (batterie, Profanity, Algetic, ex-Zerfall) et Chris S.
(guitare, ex-Ichorid) annonce la sortie de "Marter", son troisième album, chez AOP Records.
L’album débute avec la mélancolie abrasive de "Fadir", rapidement complétée par des
hurlements massifs et bruts. Le tempo effréné rend le titre agressif et très direct, avec
notamment ces parties vocales aux inspirations pagan suivies de blast, d’harmoniques
entêtantes et de cris viscéraux intenses, mais on remarque également quelques parties plus
douces comme le break ou le final mélodieux qui nous mène à "Amor Fati" et son introduction
envoûtante, rattrapée par la saturation et les hurlements furieux. Les claviers envoûtants et
les guitares claires apportent ce contraste à la rage brute, créant une dualité saisissante au
sein de ce long titre qui sait également laisser les rênes à un blast ravageur avant de
s’apaiser pour le final, mais "Labsal" fera s’embraser la rythmique à nouveau. Le vocaliste
laisse la fureur la plus brute du poète allemand Hugo Ball s’exprimer avant que les riffs
saturés ne disparaissent au profit d’un doux break mélodieux et envoûteur, puis la rythmique
finit par exploser avant de laisser place à "Lethe", un titre au son plus sombre.
On ressent
également cette noirceur dans les interventions vocales de ce morceau dissonant, parfois
lancinant ou entêtant mais toujours oppressant qui laissera place à "Parhelia" et son
introduction mystérieuse suivie par un sample vocal en allemand, puis par des mélodies
mystiques. Le titre saura laisser la rage sombre et viscérale parler, mais il reste ancré dans
ces sonorités aériennes et mélancoliques avant que l’atmosphère ne s’apaise avec "Odem",
une composition mélodieuse surmontée par des hurlements sauvages. L’ambiance reste
ancrée dans cette dualité entre la douceur et la violence avant de laisser place au silence
qui nous conduit à "Menetekel" et ses racines old school. Le morceau profitera d’une
dissonance brute, mais également d’orchestrations apaisantes pour laisser les différentes
parties vocales créer une diversité intéressante tout en conservant les influences pagan
épiques avant la douce outro qui sera brisée par "Peraht", la dernière composition, qui reste
dans les sonorités old school dissonantes tout en créant une vague de fureur brute et
inattendue. Les choeurs renforcent cette atmosphère imposante et agressive qui finira par
mourir dans la douceur de ce final apaisant.
L’univers de Firtan est fait d’un somptueux contraste entre black metal old school,
influences pagan majestueuses et hurlements bruts, créant une véritable tornade viscérale
mélodieuse, intense et agressive qui se canalise en une heure sur "Marter", leur dernière
oeuvre en date. Impossible de ne pas être conquis.
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