La dernière fois que j’ai reçu un truc de Fishing With Guns, MySpace existait encore. Il y a 10 ans avec "The Night Fell". Entre deux les gars ont tout de même sorti deux opus. J’irai les écouter plus tard, on va passer directement à l’EP de cette année, "Under The Silver Lake".

Ca tabasse direct avec "Beware The Dog Killer" et un son particulièrement hardcore. Ca paraît de prime abord beaucoup moins rock'n'roll tout en étant beaucoup plus puissant. Ca pousse fort. Je me replonge dans le "The Night Fell" et ses sonorités étaient déjà là, bien présentes, mais plus nuancées. L’artwork le présageait avec une inspiration beaucoup plus sombre. On appréciera d’ailleurs le soin apporté à l’enveloppe pour cet EP de 5 titres et 22 minutes.

Après cette entrée matière sans manière, je retrouve ce petit grain de folie plus rock'n'roll avec notamment "Owl’s Kiss" et "Homeless Ghost", changement de rythme, gros break, solo de furieux, effets stéréo, chant clair, riffs de malade. Bordel, je suis content de les retrouver ceux-là ! Déjà plus que deux pistes ! Les salauds ! Avec "Under The Silver Lake", le titre cette fois-ci, on atteint le point culminant de l’opus, bien construit, complet, il nous satisfait de sa violence, de sa précipitation, le tout mêlé à un chant inspiré. Je sens que le dernier titre va avoir l’effet d’un rapport sexuel qui s’arrête juste avant l’orgasme. Franchement avec "I Am Your Rebellion", l’EP se ferme sur un ton ultra dynamique, tu sais quand tu as l’impression que ton père te prend pas le colbac en t’intimant de te bouger le cul ! Tu allais te taper ta prof de physique dans ton rêve, sale réveil.

On ne vas pas se mentir , les trois piliers du groupe ne sont plus. Le caractère rock des FWG a été délaissé pour renforcer ses deux autres facettes que sont le metal et le hardcore. Très sincèrement, ce côté un peu fou m’avait beaucoup séduit avec "The Night Fell" mais les groupes évoluent, heureusement, et objectivement cet EP est très bon ! Je ne m’attendais pas à ça et ça fait toujours du bien d’être surpris ! Et puis on ne sait jamais, peut être que le prochain sera à nouveau surprenant… dans l’autre sens ! A dans 4 ou 5 ans les mecs !

"Pêcher avec des flingues", ça me paraît être une activité ludique et intéressante surtout après en avoir vu la démonstration sur le MySpace du groupe. D'emblée Fishing With Guns m'interpelle avec leur nom mais aussi avec leur artwork que je qualifierais d'ironique mélancolie (ou l'inverse peut-être...). Mais que se cache-t-il derrière ce joli digipack ? Le skeud commence avec "Tom Selleck Is A Mustache", le pauvre se retrouve réduit à sa pilosité alors qu'il nous a tous fait rêver dans la célèbre série Magnum, mais sérieusement, on s'en fout ! C'est osé, original et drôle. Mais le son est pourri ? Ah non, c'est encore un de ces effets tendance et crado qui permet de mettre l'explosion en valeur. Et pour exploser ça explose. Le riff rock 'n' roll sauce hardcore est entraînant. D'entrée de jeu on se rend à l'évidence que FWG n'est pas un groupe comme les autres et rapidement les oreilles demandent la suite.

La suite c'est "A New Beginning (Or Not)". Le son est terrible. Il est poignant, moderne et colle parfaitement aux compos du groupe. Déjà on admire l'incroyable polyvalence de Jean, le chanteur, qui joue avec sa voix pour notre plus grand plaisir. Le morceau s'écoule et s'achève sur des sonorités du post-hardcore mais peut-être que le groupe lui-même me répondrait "ou pas !". Les cinq énergumènes nous remettent un coup de pied au cul avec "Aouaneugaine Amistoufly" et sans fautes d'orthographe s'il vous plaît ! Comme on dit, ça envoie du poulpe, ça frappe plus vite, plus fort, avec un "Come on ladies and gentlemen" digne d'un cabaret pour deux minutes d'une séduisante furie. Ni plus, ni moins, avec toujours ce côté rock 'n' roll qui insuffle à leur musique une fraîcheur et une modernité incontestable ; et ce n'est pas contradictoire ! "Split" prend la relève avec ses dissonances merveilleusement maîtrisées ponctuant la mélancolie du morceau d'énergies positives pour finalement s'achever en tendresse. Ah ! Voici "Supra Patate", un titre instrumental qui vous donne des ailes bien plus que certaines boissons bien connues. Oubliez les morceaux instrus longs et chiants et écoutez ces quelques minutes de pur bonheur. Ça monte doucement, puis un peu plus, jusqu'au big bang, avec ce riff qui tourne, et tourne, et tourne encore sans jamais se ressembler. Après Tom Selleck c'est l'acteur Kurt Russel qui trinque avec "Kurt Russel Is A Lover". Outre les très bonnes parties "traditionnelles" on remarque surtout la présence d'un passage que je qualifierais de "valse-metal", et c'est tout simplement génial. Les originalités continues avec "Mad" où l'intro ambiance "far west" donne le ton pour ce titre réussi. Les riffs sont réutilisés et remaniés de telle sorte que les morceaux sont d'une parfaite cohérence sans jamais que l'auditeur ne ressente de longueurs. On termine avec "The Night Fell", le titre le plus long, qui sévit dans un registre un peu différent. Plus mélancolique, plus pesant. Les Parisiens vous prennent par les sentiments pour majestueusement conclure cet album.

Fishing With Guns c'est tout un tas d'émotions très différentes qui n'empêche pas pour autant ces musiciens de nous livrer un album on ne peut plus cohérent. Le groupe jouit d'une forte personnalité grâce à son humour plutôt subtil et à ses compositions originales. Un groupe que je ne saurais que trop vous conseiller si vous êtes avide de fraîcheur.