"Convergence"
Note : 16/20
Les Canadiens de Fractal Generator reviennent nous matraquer les tympans avec un troisième album nommé "Convergence", toujours dans cette sorte de death brutal teinté de black et nourri à la science-fiction. Après deux albums déjà bien touffus et violents, le groupe en remet une couche et n'a clairement pas l'intention de lever le pied, donc sortez les casques parce que ça risque taper fort !
"Cryogenian" ne perd pas de temps et nous tabasse la tronche d'entrée de jeu à gros coups de blasts avec déjà une ambiance froide et étrange. Les accords sont dissonants, les structures sont régulièrement cassées et quelques arrangements installent un climat froid et oppressant. On se dit que le groupe a voulu ouvrir l'album de manière marquante et que la suite va peut-être lever le pied mais pas du tout, on enchaîne avec le morceau-titre qui pilonne encore plus fort et ne laisse que très peu de répit. Les rares passages plus lourds ne permettent même pas de respirer puisque le groupe profite de ces moments de calme relatif pour appesantir les ambiances et placer quelques claviers discrets qui balancent des nappes bien glauques. De gros tapis de double grosse caisse, des riffs malsains et dissonants, des rafales de blasts et des growls d'un autre monde, bref Fractal Generator est une fois de plus très énervé. Vous aurez donc déjà compris que "Convergence" est un album intense qui tabasse en permanence ou presque et qui va en laisser quelques uns sur les rotules. On sent aussi un peu de Morbid Angel sur les passages les plus lourds de "Askesis", ce qui est inévitable quand un groupe de death metal ralentit le tempo tant les grands anciens ont marqué le genre de leur patte. Quelqu'un je ne sais plus où avait qualifié ce groupe de Hate Eternal de l'espace et l'image est plutôt pertinente. On retrouve la même envie de tout détruire, la même intensité avec un matraquage de blasts et suffisamment de cassures rythmiques pour assurer la bonne dose de puissance et rendre le tout encore plus percutant.
Fractal Generator se démarque toutefois par son utilisation de claviers qui amènent une ambiance plus froide, plus science-fiction justement même s'ils restent assez discrets et ne s'imposent pas dans le mix. Les sonorités plus dissonantes et plus froides empruntées au black metal permettent aussi au groupe de sé démarquer encore un peu puisque même si le mélange death / black ne date pas d'hier, Fractal Generator le fait d'une manière toute personnelle qui fait que la musique de ces dingues est assez vite reconnaissable. Il faut s'accrocher un minimum parce qu'entre l'intensité de l'animal et les nombreuses cassures rythmiques il y a de quoi se perdre en route. "Convergence" est une fois de plus un album assez dense, un effet renforcé par la production froide, synthétique mais qui occupe presque tout l'espace et ne laisse que peu d'air. Et pour une fois je ne râlerai pas sur cette production synthétique justement puisqu'elle est justifiée par le délire spatial et science-fiction. On a l'impression d'entendre toute une tripotée de couches de sons superposées qui vous agressent simultanément, ce qui n'est pas arrangé par la matraquage presque incessant des blasts et de la double grosse caisse. Ceux qui connaissent déjà bien la musique du groupe vont s'y retrouver très vite puisque celui-ci n'a pas changé sa formule. Il la pousse toutefois un cran plus loin et donne l'impression de devenir de plus en plus brutal et massif avec le temps.
Fractal Generator revient donc avec un nouvel album brutal et sans pitié qui continue à distiller quelques ambiances plus froides, dissonantes et futuristes. "Convergence" est encore plus intense et agressif que ses deux prédécesseurs et si certains groupe semblent vouloir se calmer avec le temps, ce n'est pas le cas de ces fous furieux qui continuent à nous pilonner sans répit.
"Macrocosmos"
Note : 18/20
Le futur est là grâce à Fractal Generator. Créé en 2008 au Canada, le groupe nous offre
une démo la même année, puis il faut attendre 2015 pour le premier album. Aujourd’hui,
040118180514 (basse / chant, As Autumn Calls, Finnr's Cane, ex-Wolven Ancestry),
040114090512 (batterie, Symbiotic Growth, ex-Wolven Ancestry) et 102119200914
(guitare / chant, Fleshcraft) nous offrent "Macrocosmos", leur deuxième album.
Selon le groupe, le futur est un univers cruel illustré par Mark Erskine (Scordatura, Stass,
Temple Of Demigod, Ghoul Chapel…) où se rencontrent death metal et grindcore, avec
une bonne dose de technicité et des pointes de black metal. Sur neuf titres, le trio nous
assène une base lourde aux ambiances dignes d’un film de SF, surmonté par des
hurlements massifs. La rythmique est grasse, ultra rapide, mais surtout travaillée et
parfaitement mixée pour faire ressortir en temps voulu chaque instrument. Le contraste
entre la rage des musiciens et la douceur des ambiances spatiales épiques font de ce
mélange expérimental un excellent défouloir sur lequel headbanguer.
Une fois l’effet de surprise de la surpuissante "Macrocosmos" passé, on peut facilement
apprécier le groove entraînant de "Aeon", la lourdeur abyssale de "Serpentine" ou encore la
brutalité rehaussée par les claviers sur "Contagion". Les effets cybernétiques et les samples
angoissants de "Chaosphere" nous transportent à coup sûr dans l’univers du groupe, tout
comme la noirceur dissonante de "Shadows Of Infinity". Les influences black metal sont plus
marquées, mais le groupe n’oublie pas sa base lourde et violente. Même constat pour
l’entêtante "Pendulum" et la douce "Primordial", dont les riffs aériens sont renforcés par un
rouleau de blast et de double pédale. Plus lente, "Ethereal" n’en est pas moins oppressante,
puisqu’en plus de la recette habituelle très efficace, Chris Finlay (Beyond Within,
Fleshcrawl) nous offre des leads perçants. Cette dernière composition déploie toute la
puissance du groupe.
Fractal Generator utilise la lourdeur de l’espace pour nous écraser. "Macrocosmos" mélange
les influences lourdes, techniques et agressives, ce qui donne un album riche et brutal, qui
joue intelligemment sur des samples massifs.
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