En ces périodes de fêtes de fin d'année, il faut toujours faire attention à son taux de cholestérol, le problème c'est que le deuxième album des Américains de Fuming Mouth, "Last Day Of Sun", risque de le faire monter en flèche ! Le groupe est en effet influencé entre autres par la scène death metal old school suédoise avec ses guitares bien grasses et son tempo lourd et groovy. Si vous ajoutez à ça quelques influences punk ou crust, vous avez la combinaison parfaite pour tacher la moquette.

Seulement trois semaines avant l'enregistrement prévu de l'album, le chanteur, guitariste et fondateur du groupe, Mark Whelan, s'est vu diagnostiquer un cancer, duquel il a heureusement fini par triompher. Autant dire que ce nouvel album a tout du manifeste ! Le concept qu'il contient et qui raconte les réactions des gens pendant les vingt-quatre dernières heures d'existence du soleil reflète d'ailleurs tout ça, avec un appel à se battre et à ne pas baisser les bras, à ne pas se laisser tomber tout au fond de l'abîme. Un peu d'espoir au milieu d'un océan de noirceur, nul doute que vu le contexte actuel cela devrait parler à pas mal de monde... Mais revenons-en à la musique puisque c'est tout de même cela qui nous amène à la base. "Out Of Time" se charge de nous accueillir avec plus de six minutes, le morceau le plus long avec "Postfigurement" qui en fait plus de cinq et qui clôt l'album. On retrouve avec plaisir les guitares et basse façon HM-2 avec un son bien gras et baveux qui dégouline des enceintes. Le tempo est lourd et le groove typique du genre vient nous chatouiller les vertèbres à coup de massue avant que le groupe ne fasse ressortir ses influences punk dans des riffs plus directs balancés sur un up-tempo à l'ancienne. Le death et le punk / crust se marient très bien et le groove de l'un complète la nervosité de l'autre. Globalement, cette entrée en matière privilégie une ambiance lourde, noire et fait office de calme avant la tempête qui ne tarde pas à arriver avec "Respect & Blasphemy". Là, ce sont plutôt les influences des premiers Entombed et Dismember que l'on entend, le up-tempo se fait roi et ce deuxième morceau se fait bien plus nerveux et belliqueux que son prédécesseur. Les passages plus lourds sont toujours là et amènent ce qu'il faut de groove mais cela tape quand même déjà bien plus fort.

"The Silence Beyond Life" se paie même le luxe d'un refrain mélodique et accrocheur en chant clair bien arraché ! Après avoir frôlé la mort, on se doute que l'idée de sortir des codes du death metal n'est pas ce qui risque d'effrayer le leader du groupe, d'autant que si le passage en question est surprenant, il s'intègre plutôt bien à la noirceur ambiante par la mélancolie qu'il dégage. Sans compter que le gras revient vite à la charge avec "The Sign Of Pain" qui balance de bons gros riffs baveux sur un mid-tempo bien lourd. On retrouve une mélancolie bien marquée sur le cotonneux "Leaving Euphoria" qui fait office de petite surprise supplémentaire et confirme que Fuming Mouth ne s'impose aucune barrière stylistique. Les influences principales sont certes à trouver dans le death old school et le punk mais s'il faut en sortir pour appuyer le propos, le groupe ne se gêne pas pour le faire. Et il a bien raison puisque c'est ce qui lui permet de d'extirper de la masse et d'avoir une personnalité reconnaissable. C'est aussi une bonne façon de rendre le death old school plus vivant et dynamique, là où certains groupes ont tendance à sombrer dans le monolithisme. Ici, on a du up-tempo, du mid, des riffs punks, d'autres bien death metal et bien gras et un groove à décorner un buffle en plus d'ambiances parfois plus sombres et mélancoliques. Ce qu'a vécu Mark Whelan a eu un impact sur la musique de ce deuxième album puisqu'elle se fait moins brutale et moins directe que cette présente sur "The Grand Descent". Les morceaux ont connu des modifications par rapport à leurs premières versions, ce qui est logique puisque le propos qui devait s'y retrouver n'était plus le même.

Fuming Mouth revient donc avec un album plus fin, plus varié et plus sombre que son prédécesseur tout en gardant une certaine dose de groove brutal et de riffs broyeurs de vertèbres. Le death metal du groupe intègre une part de mélodie et de mélancolie mais ne perd pas totalement sa puissance pour autant. "Last Day Of Sun" est un album efficace, intéressant et parfois surprenant qui prouve que le groupe a de la ressource et ne se contente pas de recopier une vieille recette.