"Embers"
Note : 15/20
La discographie de God Is An Astronaut commence à devenir conséquente puisque "Embers" est son douzième album ! Le groupe a toujours été étiqueté comme étant du post-rock instrumental mais l'approche diffère d'un album à l'autre, certaines fois plus électrique et d'autres fois plus planante et aérienne, ce qui était le cas sur l'album précédent "Somnia".
Que l'une ou l'autre soit privilégiée, on retrouve toujours des ambiances évocatrices et ce n'est pas "Apparition" qui va nous contredire avec ses mélodies aériennes et quelques riffs plus énergiques appuyés par un son de guitares un poil bourdonnant. Les habitués de la maison ne seront pas dépaysés puisque la patte du groupe se fait entendre de suite et que la constance est un des points forts de ces Irlandais. C'est probablement lié au fait que les albums sortent de manière assez rapprochée, on parle quand même de douze albums depuis 2002, ce qui fait que la progression se fait par petits paliers. On entend donc régulièrement une approche différente ou quelques petits éléments en plus, mais on ne se retrouve jamais face à une évolution brutale qui pourrait déconcerter. Ce point sera probablement un défaut pour certains qui regretteront une trop grande homogénéité, puisqu'il faut avouer que God Is An Astronaut n'a jamais violemment dévié de sa trajectoire. Pourtant, chaque album apporte une ambiance différente ou une approche particulière, la production variant d'ailleurs régulièrement d'une sortie à l'autre pour appuyer les ambiances voulues. Plus sèche, plus puissante, parfois plus synthétique et cette fois plutôt organique et assez chaude. Le groupe glisse aussi régulièrement des sonorités ethniques qui semblent venir de la musique indienne en général, ce qui confirme que chaque album a son petit détail qui lui donne une ambiance particulière.
Ce n'est certes pas révolutionnaire mais cela permet à "Embers" de proposer quelque chose de suffisamment différent de ses prédécesseurs pour rendre l'écoute intéressante. On entend aussi une petite pointe de Tool sur certains passages du morceau-titre, un bon gros pavé de dix minutes qui prend le temps de nous faire passer par de multiples ambiances. Quelques passages planants, d'autres bien plus nerveux et groovy, un batteur qui se lâche et des sonorités de claviers presque 80's pour couronner le tout. Bref, un sacré voyage qui ne semble pas durer aussi longtemps et ne s'étire pas inutilement. Les dix minutes ne sont pas superflues et le groupe en profite aussi pour nous faire entendre quelques sonorités un peu plus sombres et menaçantes sur la fin de gros morceau (dans tous les sens du terme). "Realms", quant à lui, nous saisit avec des mélodies bien plus mélancoliques et dramatiques, des mélodies sublimées par le jeu de la talentueuse Jo Quail au violoncelle (et que vous avez probablement déjà entendue chez My Dying Bride par exemple). Un magnifique morceau tout en finesse qui frappe droit au cœur et qui donne envie d'entendre ce type de collaboration plus souvent, ce qui tombe bien puisque Jo Quail joue aussi sur le morceau "Prism" ! Un titre tout aussi dramatique mais plus planant et cinématographique, le genre à vous faire apparaître des images devant les yeux à son écoute.
"Somnia" continue donc la progression tranquille de God Is An Astronaut avec une fois plus juste ce qu'il faut d'éléments particuliers pour ne pas sortir deux fois le même album. Cependant, les habitués ne seront pas dépaysés puisque le groupe poursuit sur sa voie et que le pouvoir d'évocation de sa musique est toujours bien présent.
"Epitaph"
Note : 17/20
Huitième album pour les petits gars venus d’outre-Manche. Ils ne sont plus à présenter dans ce milieu metal progressif qui trouve de plus en plus d'adeptes. Alors que certains précédents albums faisaient la part belle aux guitares, ici les ajouts électroniques sont plus présents et bien plus enivrants, à la limite d’envolées lyriques sur des pianos. Les ambiances y sont très mélancoliques, voire tristes pour certaines, mais la construction y est toujours la même : une lente montée comme une vague qui nous submerge encore et encore.
Chaque morceau a une identité et une ambiance propres mais mis bout à bout, ils permettent d'enflammer l’ensemble de l'album.
God Is An Astronaut n’est donc plus à présenter, et ça se vérifie une nouvelle fois avec "Epitaph". Cet album est un bonheur d’écoute. Il est lancinant, profond et même pesant parfois. Il flirte toujours avec les limites d’une sombre mélancolie, mais propose une ambiance différente sur chaque morceau.
Avec "Epitaph", il suffit juste de se laisser porter, de se laisser emmener, tout en gardant à l’esprit que la lumière existe et qu'il ne faut pas se faire happer par les ambiances de God Is An Astronaut. "Epitaph" est superbe de par sa diversité et sa construction, cet album démontre que, après une vingtaine d’années d’existence, les musiques, les mélodies et les constructions superbes des morceaux ne s'épuisent pas. God Is An Astronaut est référence du genre.
Dotés d’une production parfaite, les morceaux s’enchaînent sur un faux rythme, là où la batterie, sous-jacente, prend toute sa place. Les effets prenent une place mélodique, au travers des pianos, plus importante, et les guitares reculent alors un petit peu, mais on ne boude pas notre plaisir lors des lentes montées et des moments où tout s’enflamme et où le corps et l’esprit sont connectés aux morceaux.
Cet God Is An Astronaut place les vétérans de God Is An Astronaut tout en haut sur l’échelle du panthéon de metal progressif. Rien n’y fait, alors que la lente enveloppe de la mélancolie nous prend dans ses bras, notre doigt clique doucement sur repeat.
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