Le groupe
Biographie :

Harakiri For The Sky est un groupe de black metal / post-rock autrichien formé en 2011 et actuellement composé de : M.S. (instruments / ex-Bifröst, Exartet) et J.J. (chant / Karg, ex-Seagrave, ex-Hoffnungstod, ex-Five Minute Fall, ex-Small Night Searching, ex-Schabbock). Harakiri For The Sky sort son premier album, "Harakiri For The Sky", en Octobre 2012 chez Art Of Propaganda, suivi de "Aokigahara" en Avril 2014, de "III: Trauma" en Juillet 2016, de "Arson" en Février 2018, de "Mære" en Février 2021, et de "Scorched Earth" en Janvier 2025.

Discographie :

2012 : "Harakiri For The Sky"
2014 : "Aokigahara"
2016 : "III: Trauma"
2018 : "Arson"
2021 : "Mære"
2022 : "Aokigahara MMXXII"
2022 : "Harakiri For The Sky MMXXII"
2025 : "Scorched Earth"


Les chroniques


"Scorched Earth"
Note : 19/20

Jamais Harakiri For The Sky ne s’est tu. Créé en 2011, le groupe autrichien est resté un duo, entre J.J. (chant, Karg, Lûs, ex-Seagrave) et M.S. (composition / guitare / basse, ex-Bifröst). Une intimité partagée avec le batteur Kerim "Krimh" Lechner (Septicflesh, Dååth, ex-Decapitated…) pour nous offrir "Scorched Earth", leur sixième album, avec le soutien d’AOP Records. Le groupe crédite également Jorge Cisternas (Humanotone, Sunvher) aux choeurs.

Ceux qui me suivent savent déjà mon amour pour Harakiri For The Sky, et elle recommence dès "Heal Me", titre déjà dévoilé et que je pensais avoir eu le temps de digérer, mais non, les larmes me montent aux yeux. Les harmoniques, le chant, accompagné par Tim Yatras (Austere), l’accélération tout me prend aux tripes pour me laisser désarmé face à "Keep Me Longing" qui commence doucement avant de me marteler et de me remuer le ventre avec des riffs cinglants. On sent une sorte de relation conflictuelle avec des passages presque guillerets, puis le duo m’offre un temps de répit avec "Without You I'm Just A Sad Song", dont l'introduction est finalement brisée par des riffs violents, mais aussi quelques leads aériens, avant que les tonalités heureuses et aériennes ne viennent teinter le morceau. Elles deviennent évidemment plus virulentes et plus intenses, puis s’effacent et reviennent à la quiétude avant de laisser place aux tonalités lumineuses avec "No Graves But The Sea", une création viscérale que le duo affirme comme fer de lance de leur violence, mais aussi de leur noirceur avant "With Autumn I'll Surrender", titre que nous connaissons déjà.

On y retrouve ces mélodies entêtantes et ces cris de détresse de J.J., qui deviennent mélancoliques avant de rencontrer des sons plus bruts sur "I Was Just Another Promise You Couldn't Keep" qui retrouve ses influences shoegaze, et je me retrouve à nouveau happé par l’univers du groupe et de son évidente tristesse. Elle se transformera en véritable rage sur "Too Late For Goodbyes", où les musiciens accueillent Serena Cherry (Svalbard) qui aide le vocaliste à nous envoûter avec son chant clair sur le break, mais également à nous matraquer avec son chant saturé. Le duo est tout simplement parfait, aussi équilibré que complémentaire, mais il laisse place à une dernière collaboration, celle de P.G. (Groza) pour reprendre "Street Spirit (Fade Out)", composition de Radiohead à laquelle l’invité donne une touche très intimiste grâce à sa voix claire, et si le morceau m’a tout d’abord surpris, il a fini par me captiver à son tour, et révéler toute son intensité.

Je pense qu’il n’y a pas une personne de mon entourage qui ne sait pas que j’aime Harakiri For The Sky, et pour cause, le duo a toujours su me toucher avec des compositions saisissantes. "Scorched Earth" m’a demandé une première, puis une deuxième approche, mais je reviens avec un véritable bonheur me faire piétiner par cette avalanche d’émotions.


Matthieu
Février 2025




"Mære"
Note : 16/20

Trois ans après leur dernier album, "Arson", les Autrichiens d'Harakiri For The Sky reviennent proposer une nouvelle ode à l’angoisse et au désespoir, à travers un post-black toujours très accessible, l’album se place directement dans la lignée de "III: Trauma" et "Arson", délaissant donc définitivement les ambiances beaucoup plus DSBM, notamment mises en valeur par un chant beaucoup plus écorché, explorées dans leur premier album "Aokigara". D’aucuns regretteront peut-être ce manque d’innovation (ou de retour aux sources) dans leur nouvelle production, il est cependant impossible de nier la qualité de cet album, qui, s’il ne réinvente définitivement pas la musique proposée par Harakiri For The Sky, les place une fois de plus comme un des groupes porte étendard de la scène post-black metal.

La vraie innovation qui se présente dans cet album réside surtout dans les featurings, en effet, deux morceaux proposent des couplets par des chanteurs bien connus dans la scène comme Neige d'Alcest qui intervient dans la dernière partie de "Sing For The Damage We’ve Done" et qui nous gratifie de sa voix angélique si reconnaissable. Le chanteur anonyme du groupe portugais Gaerea vient également poser sa voix dans cet album, au sein du morceau "Silver Needle // Golden Dawn", et apporte une touche plus étouffante au morceau à travers sa voix beaucoup plus profonde et caverneuse que celle du chanteur d’Harakiri For The Sky. Cependant, sa voix est un peu plus en retrait dans le mixage et il est souvent difficile de l’entendre dans les moments où les chants se confondent, ce qui est un peu dommage. Le duo fonctionne cependant très bien lors des passages où les chants sont alternés, ces derniers construisant une sorte de dialogue du désespoir, portés par un riff entêtant qui vient se répéter tout du long.

En dehors de ces featurings, la structure des morceaux présentés dans cet album restera très attendue et prévisible pour les habitués du groupe, sans pour autant avoir cette impression de réchauffé. Il est en effet assez impressionnant de constater à quel point le groupe sait séduire en utilisant la même recette depuis trois albums, sans tourner en rond. L’habituel piano, si plaisant et présent dans tous les albums de la formation, permet également d’apporter une petite touche mélancolique même quand ce dernier est mis en retrait derrière une avalanche de riffs. Ce piano, c’est un peu cet élément qui est en fond et sur lequel on ne focalise pas, mais qui donnerait une sensation bizarre s’il n’était pas là. L’utilisation de cet instrument est tout particulièrement appréciable dans les morceaux "Time Is A Ghost" et "I, Pallbearer", le premier pour son introduction qui le met largement en avant, et le second pour son utilisation en background de riffs en trémolo extrêmement caractéristiques du groupe et que l’on a toujours plaisir à retrouver. Pour ce qui est de la structure de l’album, ce dernier semble assez également réparti, distillant les morceaux aux riffs les plus accrocheurs dans tout l’album au lieu de tout envoyer au début et à la fin. On regrettera cependant quelques longueurs dans le milieu de l’album, qui parfois propose des morceaux en down-tempo constamment comme "I’m All About The Dusk", ces morceaux étant un peu longs, il est possible d’y percevoir quelques longueurs pas forcément utiles, mais qui ne présentent pas non plus des défauts majeurs pour l’album, car vite comblées par les morceaux qui suivent.

La vraie maîtrise musicale d’Harakiri For The Sky se montre également dans leur capacité à proposer des riffs tous plus efficaces les uns que les autres. En, effet, et c’est le cas depuis plusieurs albums, notamment avec des morceaux comme "Calling The Rain", la plupart des introductions et riffs qui suivent dans les morceaux d’Harakiri For The Sky sont des riffs mémorables, qui restent en tête pour longtemps et qui sont très agréables et doux à l’oreille. Pour les introductions, on a souvent affaire à des riffs en trémolo avec un tempo de batterie assez modérée, ces structures servent parfaitement les morceaux et les introduisent en douceur avant de nous plonger dans le désespoir plus profond. En ce sens, l’introduction du morceau "Us Against December Skies" est probablement la plus belle de l’album (parmi les morceaux composés par le groupe) avec toujours le piano évoqué plus tôt en retrait mais définitivement indispensable à l’efficacité du riff porté par la guitare lead. Souvent marqués par une augmentation du tempo, il est parfois possible de retrouver ces riffs dans un tempo encore plus élevé au sein des morceaux, marquant une plongée totale mais également contemplative dans l’abîme du désespoir, et symbolisant ce regard nostalgique vers un passé plus lumineux mais tout de même loin d’être dépourvu de toute noirceur. C’est souvent vers une note plus lumineuse que les morceaux se terminent, symbolisant plus probablement un abandon au désespoir qu’une réelle libération, ils permettent cependant de contempler la beauté des émotions humaines, même quand ces dernières sont chargées de sentiments négatifs ou d’angoisse.

Cet album marque également le retour d’un exercice auquel s’était prêtée la formation sur son premier album : la cover de morceaux qui ne s’inscrivent pas du tout dans le même genre musical que celui dans lequel elle évolue. Si l’essai avait clairement été réussi dans "Aokigara" avec leur excellente cover DSBM du "Mad World" de Tears For Fear, l’essai est définitivement transformé avec cette version post-black metal de "Song To Say Goodbye", originellement composée par le groupe de rock Placebo. Ce morceau venant clore l’album dans une nostalgie et une tristesse des plus mélancolique, il rend à la fois honneur à l’originale tout en y apportant cette touche de noirceur très caractéristique du black metal et qu’il est impossible de retranscrire dans d’autres genres de musique.

C’est donc à travers un album qui ne vise clairement pas à révolutionner les sonorités du groupe, mais plus à confirmer une troisième fois qu’il en est bien le maître et qu'il le maîtrise à la perfection, qu’Harakiri For The Sky signe une nouvelle réussite. Proposant toujours ces riffs doux et tendres en introduction pour mieux nous plonger dans le désespoir et la tristesse, à travers les caractéristiques trémolos du black metal, une touche de piano vient alléger le tout afin de rendre la noirceur la plus belle possible. La formation autrichienne sera donc attendue au tournant pour un prochain album, afin de constater si elle arrive une fois de plus à décliner sa recette pour une nouvelle réussite ou finalement commencer à tourner en rond dans une discographie qui est pour l’instant un sans-faute.


Praseodymium
Août 2021




"Arson"
Note : 15/20

Je sais que j’ai déjà raconté l’anecdote dans une précédente chronique, mais je suis navrée, chaque fois que j’entends parler de Harakiri For The Sky, je me revois tomber endormie dans un canapé d’un bar obscur en République Tchèque et ça me fait rire toute seule. Ce qui fait que ce groupe me met immédiatement de bonne humeur, et ce, sans le vouloir. Si ce n’est pas merveilleux tout ça. Cela étant dit, je ne pense pas avoir besoin de présenter le groupe. Harakiri For The Sky a fait son petit bonhomme de chemin depuis que le groupe a émergé d’Autriche, et ses albums précédents ont rencontré l’approbation des critiques ET des fans. En général, on s’accorde à dire que c’est du très bon. Qu’en est-il néanmoins de ce nouvel album ?

L’album s’ouvre sur "Fire, Walk With Me" soit une énième référence à Twin Peaks dans un album de metal. Il est vraiment temps que je me pose et que je regarde ça une fois pour toute. Et ce titre est une parfaite introduction à l’album. C’est énergique sans en faire trop, et il y a un moment dans le morceau (que vous reconnaîtrez directement à l’écoute) qui m’a clairement envoyé sur les roses, et dans le bon sens du terme. Ah cette guitare… Le titre suivant n’est pas pour me déplaire non plus, car "The Graves We’ve Dug" m’évoque un peu Agalloch, et Agalloch c’est la vie. C’est une atmosphère un peu plus pesante qui est mise en place, toujours accompagnée par une batterie constante qui encadre le reste de la composition.

On a ensuite affaire à "You Are The Scars" qui se veut un peu plus émotionnel, mais qui a davantage peiné à me convaincre. Pourtant je suis amatrice de ce genre de titres mais là j’ai été fermée à l’expérience. Allez savoir pourquoi. C’est à partir de "Tomb Omnia" que je suis remontée à bord du train de la hype. Les guitares se font plus chaudes, l’ambiance sous-jacente plus douce, et le titre est plus catchy. Mais il est long. Très long. En fait, c’est une des caractéristiques primaires de cet album : les morceaux sont tous longs, et je ne pense qu’aucun ne tombe en dessous des 8 minutes. Et avec une telle proposition, il faut arriver à tenir le rythme car sinon l’auditeur se détache et part broder un plaid pour l’hiver à venir en regardant méchamment ses voisins par la fenêtre. L’un des titres les plus audacieux de l’album pour moi reste "Stillborn" qui commence comme un titre normal d’Harakiri For The Sky avant de se lancer dans une espèce d’expérimentation tournant vers le folk qui n’est pas dégueulasse du tout.

En toute objectivité, il n’y a pas grand-chose à reprocher à cet album. Je pense que le groupe n’a jamais eu une production aussi carrée, et un son aussi travaillé. On retrouve ici tout ce qui a fait le succès des Autrichiens, il y a de l’idée. Mais le souci, c’est qu’il y avait déjà de l’idée sur les précédents albums… et peut-être de l’Idée avec un grand "i". La comparaison s’avère inévitable, hélas. L’album est convaincant, mais pour moi pas autant que les précédents, et j’avoue que c’était un peu long pour moi. Peut-être que je n’ai pas réussi à rentrer totalement dans le délire ce coup-ci, c’est d’ailleurs fort probable, mais j’aurais bien rogné quelques chansons pour avoir un album peut-être plus court mais plus intense. Mais musicalement c’est toujours génial, ça envoie quand il le faut et il faudrait être fou pour dire que c’est mauvais. C’est très bon. Mais Harakiri For The Sky pouvait être encore meilleur avec le potentiel démentiel qu’ils ont montré auparavant. Un album nécessaire toutefois, parce qu’il passe très bien quand même.


Velgbortlivet
Juillet 2018




"III: Trauma"
Note : 17/20

Quand j’ai reçu cet album, je me suis tout d’abord sentie gênée. Tout d’abord, précisons que Harakiri For The Sky est un groupe autrichien, fondé en 2011 à Vienne. Et maintenant je vais expliquer les raisons de ma gêne. Ma première rencontre avec ce groupe restera à tout jamais gravée dans mon esprit, et pourquoi ? C’était un petit festival en République Tchèque, je venais de débarquer de Norvège après donc un vol, et un espèce de road trip à travers l’Allemagne et tout ce que je voulais c’était dormir. Vous me direz que ce n’est pas très metal : je le conçois. Mais le dit festival commençait le soir-même, et je me suis donc retrouvée devant Harakiri For The Sky qui jouait et qui était pour moi un groupe inconnu au bataillon. Et... je me suis littéralement endormie dès leur premier titre, me réveillant sur le canapé de la salle avec d’autres gens un peu bourrés qui s’étaient aussi endormis. Au final, je ne sais rien de Harakiri For The Sky, mis à part qu’ils ont réussi à me bercer et à me faire dormir en moins de 5 minutes. Voilà donc pour l’histoire gênante qui explique comment je connais le groupe, mais en même temps ne le connais pas musicalement. C’est donc en riant toujours avec un peu de gêne que je vais me pencher sur cet album.

L’album est composé de 8 titres et s’ouvre sur "Calling The Rain". Première surprise. Vu le titre de l’album, je m’attendais à quelque chose de violent et d’incisif. Quelque chose qui ferait l’impression d’une blessure mal refermée dont le pus gicle dès qu’on y exerce une pression. Eh bien non. Je trouve au contraire qu’il y a un aspect "sain" dans la musique de Harakiri For The Sky. Même quelque chose de rassurant. Je reste sur ma surprise et poursuis sur "Funeral Dreams" qui s’enchaînera d’ailleurs assez rapidement avec "Thanatos". Comment décrire cette musique ? Travaillée, riche et intense. Il est aussi assez surprenant de constater que la musique du groupe a une ambition... d’ascension. Je ne saurais pas trop expliquer le pourquoi du comment, mais là où je vois le black metal foncer vers le sol, cherchant à atteindre les profondeurs, Harakiri For The Sky cherche à s’élever, à atteindre une nouvelle dimension musicale... Bref, j’ai eu un ressenti assez étrange sur ce début d’album, et ce qui me laisse dans l’interrogation la plus totale est souvent grandement apprécié. Un bon point donc !

Mention spéciale à "This Life As A Dagger" que j’ai particulièrement apprécié. Il y a un certain contentement à avoir dans le fait que le groupe prend le temps d’instaurer une atmosphère et de développer son propos. On ne se sent pas rushés, on a le temps de poser et d’ouvrir son esprit à ce qu’ils veulent exprimer, et c’est tout à fait remarquable. On retrouve une certaine mélancolie dans "The Traces We Leave", un morceau empli de sensibilité, et je ne dis pas ça de manière péjorative. Loin de là. Harakiri For The Sky peut aussi développer un aspect majestueux, presque grandiloquent, ce que le groupe démontre dans "Viaticum". J’ai eu clairement l’impression que les Autrichiens s’étaient lancés dans une envolée lyrique qu’ils n’avaient pas réussi à contenir, et que devant le rendu final ils avaient simplement hoché les épaules et décidé de balancer le produit final tel quel. Encore une fois, c’est un titre très riche et travaillé, et je pense que plusieurs écoutes seront nécessaires pour en saisir toutes les subtilités. On arrive à la fin de l’album avec "Dry The River" et "Bury Me" qui sont probablement la parfaite conclusion à cet album, et les titres qui m’ont le plus enthousiasmée.

Je ne comprends pas pourquoi je me suis endormie. C’est la première chose qui m’est venue à l’esprit quand j’ai terminé la première écoute de cet album. Et puis finalement j’ai compris. Il y a dans Harakiri For The Sky une certaine forme de confort et de sécurité. On se sent très à l’aise en écoutant le groupe. Et bien que je cherche encore comment qualifier leur musique (post-black metal ?), je suis assez satisfaite de ce que je viens de découvrir. Une bonne surprise, et une gêne encore plus affirmée pour cette première expérience live totalement ratée.


Velgbortlivet
Décembre 2016


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/harakiriforthesky