"Common Suffering"
Note : 14/20
Cinq ans après "Posthuman" (2018), les Américains de Harm’s way sont de retour avec un cinquième album, "Common Suffering", produit par Will Yip et édité par le prestigieux label américain Metal Blade.
Le groupe originaire de Chicago dans l’Illinois évolue plus que jamais dans un style typiquement metalcore / hardcore straight edge avec un petit côté métal industriel en filigrane - comme en témoigne le titre "Silent Wolf" qui ouvre les hostilités. Entre Godflesh, Slipknot, Cro Mags et Terror, la musique de Harm’s Way n’est pas à proprement parler très originale mais elle n’en est pas moins très efficace. La voix du chanteur James Pligge - qui a intégré le groupe dès ses débuts en 2006 - est toujours aussi gutturale et agressive. Avec "Denial", les coreux continuent sur leur lancée en poussant le volume au maximum. Le troisième morceau ("Hollow Cry") est nettement plus industriel dans sa structure - et par conséquent beaucoup moins speed et légèrement planant. Toujours aussi énervé, "Devour" lorgnerait presque du côté du death metal.
Par la suite, le son s’épaissit avec le titre "Undertow" qui a la particularité d’être le fruit d’une collaboration avec Kristina Esfandirari, la chanteuse du groupe de doom metal américain King Woman. Plus heavy et empreint d’une forme de mélancolie propre au doom, ce morceau est sans doute le plus intense de l’album. Dès le titre qui suit ("Heaven’s Call"), les Américains reprennent du poil de la bête. Il faut ensuite attendre le morceau "Terrorizer" pour que le groupe délaisse un peu le hardcore pour s’aventurer sur les contrées du métal indus façon Fear Factory ou Godflesh. Après le très brutal "Sadist Guilt", le disque s’achève avec "Wanderer" sur un morceau presque instrumental et plutôt progressif, tantôt speed tantôt atmosphérique. Sans doute un des meilleurs morceaux de l’album, au demeurant.
Finalement, "Common Suffering" est un album à la fois brutal, sans concession mais aussi assez varié, le groupe étant capable d’une certaine diversité dans son approche musicale. Intéressant !
"Posthuman"
Note : 17,5/20
Le chemin de Harm's Way est loin d’être un long fleuve tranquille. Non content de se reposer sur les bases d'un succès passé dans un hardcore bien rodé, Harm's Way arrive avec un "Posthuman" qui pose en 10 titres la barre encore plus haut.
Si les premiers albums se voulaient "classiques" dans le genre, avec des structures très entendues, avec des références old school, le groupe a su faire évoluer son identité jusqu'à sortir ce "Posthuman" complètement fou.
Harm's Way martèle les scènes et les oreilles depuis 2006, et, petit à petit, ils ont réussi à se faire une place au soleil malgré une scène remplie par pléthore de groupes. Loin de rester sur des acquis bien ancrés et une sévère culture HxC, Harm's Way s’est échappé pour conquérir de nouveaux territoires, en gardant une base hardcore sur le fond, avec un songwritter dément et imposant, mais en ajoutant ici et là divers éléments variés. Le groupe, se revendiquant toujours d’un hardcore méchant, incorpore des tempos lents et des breakdowns.
Le résultat est sans concessions, il fait peur, il fait mal et il envoie grave du bois. Le sentiment de crasse, de sale et de violence est omniprésent, un peu comme si on t’envoyait arracher les yeux de tes congénères avec les dents et que toi t’y allais avec le sourire. Le chanteur, merveilleux morceau de viande rempli de sympathie pour ses semblables quand il s’empare du micro, vient poser des lignes qui sentent bon l’amour et le sable chaud (sur tes plaies avec du sel et de l’acide).
Les schémas typiques du hardcore sont ré-interprétés pour être encore plus violents (merci la basse et les cordes qui sentent le sang). Harm's Way est intéressant, et pas seulement pour sa dimension totalement novatrice, sur le fond ça reste du hardcore ; tu oublies les solos de guitares et les grandes envolées lyriques ; mais du hardcore amélioré et renforcé pour devenir encore plus violent. Le chant, quant à lui, bien qu’étant rempli d’amour et extrêmement impressionnant, ne sort pas de l’ordinaire. En tout cas, Harm's Way est intéressant sur sa capacité à poser un projet avec une identité forte et on se retrouve à headbanguer plus rapidement que voulu. On notera un "Temptation" complétement différent qui donne un regard autre.
Harms Way est un groupe qui donne dans le hardcore mais les évolutions qu’il incorpore dans sa musique lui permettent de verser dans quelque chose de beaucoup plus passionnant que d'ordinaire. Cet album est très bon, il s’écoute en boucle et on ne s’en lasse pas, pour peu que l’on aime le gras, le sang et la sueur.
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