Toujours chez Crypt Of Dr. Gore, nous avons cette fois le premier album de Horoh, one-man band tenu par J que l'on peut aussi entendre entre autres chez Tattva. Sauf que cette fois ce n'est pas du black metal que le bougre nous délivre mais bien du death metal old school et putride comme on l'aime. Une dose délivrée sur son premier album "Aberration" qui ne perd pas de temps en palabres et ne dépasse pas les vingt-neuf minutes.

"Gory Rampage" ouvre les hostilités avec un death metal rampant, mid-tempo, aux riffs bien sales et au son bien gras. On sent l'influence old school et des groupes et le côté malsain et parfois lourd des premiers Malevolent Creation ont laissé des traces chez Horoh. Vous savez donc où vous mettez les pieds et savez que vous ne trouverez ici aucun blast supersonique ni aucune démonstration technique. "Aberration" est là pour balancer du gros riff qui tache et redonner vie à cette ambiance sale, malsaine et poisseuse que le death metal a souvent tendance à perdre de nos jours. On reste sur un tempo assez lourd tout au long de l'album avec quelques accélérations raisonnables de temps en temps. La durée relativement courte de l'album et donc des morceaux permet de garder l'impact et de ne pas se perdre en route. Un morceau comme "Guru's Legacy", par exemple, est un très bon exemple de cette efficacité, seulement trois minutes pour un concentré de death metal old school qui sent bon le démon avarié. On sent un peu de Morbid Angel dans ces riffs malsains, rampants et sales évidemment, une influence inévitable quand on fait du death metal. Pour autant, Horoh arrive à faire oublier ses influences et "Aberration" concentre suffisamment de bonnes choses pour que l'on profite simplement de la dose de death metal old school qu'il nous envoie dans les dents sans chercher les ressemblances avec les grands anciens à chaque note. La preuve d'un véritable amour du genre et du fait que les influences en question sont digérées.

On a quand même droit à quelques explosions de violence, notamment sur "Slaves Of Suffering" qui sort les gros blasts de bourrin et fait monter la tension d'un bon gros cran. Une bonne idée puisque la place du morceau en milieu d'album ou presque relance le dynamisme de la bête et permet d'éviter de s'enliser dans un mid-tempo qui peut devenir lassant à la longue. "Devour The Saviour" convoque quant à lui les poètes de Cannibal Corpse à la barre avec là encore quelques accélérations bien senties et un côté gore et brutal plus prononcé. La deuxième moitié de l'album a d'ailleurs tendance à taper plus fort que la première, ce qui donne une monté en puissance pas désagréable du tout. "Vermine's Feast" se permet lui aussi quelques blasts et ne fait pas dans la dentelle avec ses riffs de bûcheron et son ambiance bien dégueulasse une fois de plus. Pour ce qui est du son, on sent qu'il n'y a pas un budget énorme derrière et pourtant cela sonne plutôt bien avec un son gras mais puissant. Tout ça reste largement audible et on distingue sans problème les instruments, ce qui nous évite aussi l'écueil du son synthétique dans lequel beaucoup trop de groupes tombent depuis un certain temps. Si vous aimez traîner vos guêtres dans les eaux boueuses du death metal underground et gore, c'est largement au-dessus de ce que vous avez l'habitude d'entendre.

Un premier album très sympa dans le genre et qui devrait parler sans problème aux amateurs de death old school sale, rampant et malsain. Horoh balance une petite demi-heure bien plaisante qui convoque les noms de quelques grands anciens sans jamais tomber dans la citation pure. On sent l'amour du genre et il y a suffisamment de bons riffs pour apprécier la bête sans se poser de questions.