"Ontological Mysterium"
Note : 14/20
Il aura fallu cinq années à Horrendous pour nous offrir son cinquième album. Créé par
Damian Herring (chant / guitare), Matt Knox (chant / guitare, The Silver) et Jamie Knox
(batterie, The Silver) en 2009 aux Etats-Unis, le groupe intègre en 2016 Alex Kulick
(basse, live pour The Silver). "Ontological Mysterium" sort en 2023 sur Season Of Mist, label
qui les accompagne depuis leur précédent opus.
L’album débute avec "The Blaze", une sorte d’introduction étrange où les musiciens couplent
de premiers riffs dissonants avec des voix fantomatiques en arrière-plan avant de laisser se
renforcer en nous menant à "Chrysopoeia (The Archaeology Of Dawn)" et à sa rythmique
peuplée de leads cinglants. Le groupe pioche allègrement entre death, thrash et metal
progressif pour construire un son cohérent, agressif et entêtant qui jongle aisément avec
des mélodies saccadées et des parties vocales saturées ou claires, avant de laisser place à
"Neon Leviathan" qui reste ancré dans cette complexité musicale stridente. Le groupe profite
d’un tempo relativement élevé pour donner vie à ses riffs énergiques avant un break assez
soudain, suivi par une reprise de la rage soutenue par des choeurs envoûtants, puis par la
sombre "Aurora Neoterica", une instrumentale qui dévoile des tonalités inquiétantes mais
mélodieuses.
Le groupe nous autorise un moment de flottement avant que "Preterition Hymn"
ne prenne la suite, faisant revivre les parties vocales entre les riffs accrocheurs aux
harmoniques très lancinantes, puis intégrant à nouveau des parties de chant clair
apaisantes qui collent à ce rythme lent, mais qui s’effaceront pour faire place à "Cult Of
Shaad'oah" et à ses sonorités occultes. Les parties vocales rappellent sans mal une
cérémonie impie où le meneur invoque des démons pendant que les musiciens se
démènent pour proposer une base agressive, qui débouche sur les riffs d’"Exeg(en)esis" qui
mettent rapidement en place une ambiance old school empruntée à un heavy torturé et
sombre avant de la laisser exploser pour placer une rythmique énergique. "Ontological
Mysterium", le titre éponyme, prend la suite en revenant dans des tonalités plus
conventionnelles qui ne manqueront pas de profiter de la technicité et de l’approche
irrégulière parfois rapide, mais l’album touche à sa fin avec "The Death Knell Ringeth" et sa
noirceur inquiétante que le groupe couple à sa rythmique alambiquée et à ses mélodies
inattendues infusées de diverses influences.
La complexité est le maître-mot d’Horrendous, qui parvient à coupler une quantité
incroyable d’influences pour tisser des vagues plus ou moins vives de mélodies entêtantes
et surprenantes sur "Ontological Mysterium". L’album est incroyablement riche, et plaira aux
mélomanes.
"Idol"
Note : 16/20
Ce qui est appréciable avec le death metal, c’est qu’il est possible de le coupler avec
énormément d’influences pour donner parfois des projets totalement fous, comme l’est
Horrendous. Créé en 2009 par Jamie Knox (batterie), Damian Herring (guitare / chant) et
Matt Knox (guitare / chant, Crypt Sermon), les trois musiciens se sont connus à l’université
et ont décidé au fur et à mesure d’ajouter à un death metal violent des éléments techniques
et progressifs. Une première démo sort très rapidement après la formation du groupe, mais
il faudra attendre trois ans pour que le premier album ne soit complet. Le groupe ajoute alors
de plus en plus de touches de death progressif au fur et à mesure de ses compositions et
recrute Alex Kulick à la basse afin d’atteindre le point culminant de leur art : "Idol". Trois ans
ont été nécessaire à sa composition, et je vous laisse en juger.
L’album commence sur l’inquiétante "...Prescience", une introduction instrumentale qui laisse
le bassiste jouer avec son instrument sur un sample qui nous amène droit sur "Soothsayer".
Les deux voix se mêlent à merveille, alternant scream typé death metal et hurlements
plaintifs qui me rappellent un DSBM sale, mais le tout sur une rythmique chiadée et
travaillée au possible. La tempête de notes arrive de toutes parts, repart de plus belle, met
en lumière un instrument, tourne et retourne entre les mains habiles des musiciens. Les
hurlements s’effacent soudain dans un écho lointain alors que les riffs s’entrechoquent en
avançant vers l’infini. Soudain, le groupe s’arrête et passe à "The Idolater", qui commence
calmement, tout en instaurant une ambiance pesante menée par une basse (fretless ?) au
son clair. Mais les autres musiciens la rejoignent vite, et c’est bientôt les quatre membres qui
alignent des notes à une vitesse folle en en alternant à nouveau les hurlements pour deux
ambiances différentes. On passe à "Golgothan Tongue", qui me séduit déjà plus, et ses riffs
sanglants. Ce morceau est de loin le plus sombre de l’album, mais également le plus proche
des influences old school que le groupe a pu avoir par le passé, mais quelques voix claires
lui donnent également plus d’intensité.
"Divine Anhedonia" reste sur cet aspect sombre de l’univers du groupe avec des riffs étouffés,
mais qui ne se taisent jamais. Soudain, une accélération inattendue nous propulse dans
cette déferlante de violence. Les musiciens exploitent pleinement les capacités de leurs
instruments, parlent, chuchotent, et une fois toute cette folie arrivée à son paroxysme,
reviennent à une rythmique plus classique qui s’éteint en larsen. On reprend avec "Devotion
(Blood For Ink)" qui se base sur des influences thrash qui, ajoutées à cet imbroglio de
sonorités violentes et recherchées, se fond finalement à merveille dans la masse. Si la
composition ralentit parfois, ce n’est que pour ajouter un nouvel élément et repartir avec un
solo de guitare qui fend l’air. Petite pause douceur avec "Threnody", un titre instrumental d’à
peine plus de deux minutes qui met en avant des sonorités planantes mais maussades pour
nous apaiser et nous mettre en condition avant de lâcher la dernière composition, "Obulus".
Ce long morceau est déroutant car il est à la fois old school, groovy, mais également assez
épique et mélancolique à la fois. Bien qu’à la première écoute il y ait quelques longueurs, on
se rend compte que chaque note est une pierre qu’il faut ajouter à l’édifice pour qu’il soit
finalement complet et le contempler après l’avoir déjà aperçu une fois prend une autre
saveur. Après le milieu du titre, la rythmique change drastiquement pour reprendre ce ton
old school qui m’avait à la base séduit chez Horrendous. Comme une évolution
perpétuelle de leur style.
Loin d’être accessible à la première écoute, voir même longuet, j’ai fait le choix d’écouter
une seconde fois "Idol". Si quelques éléments m’avaient frappé la première fois, j’en ai
découvert d’autres qui partaient dans d’autres directions. La grande force d’Horrendous est
de maîtriser à la perfection chaque partie instrumentale, mais aussi de pouvoir compter sur
deux chants fondamentalement différents. Cependant, j’ai toujours (à titre tout à fait
personnel) du mal avec le metal progressif sous toutes ses formes, et je me soupçonne de
n’avoir pas encore saisi toute l’importance du projet.
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