Personne ne s'y attendait après leur retour au metal bien gras avec Bloodbath pour l'un et Vallenfyre et Strigoi pour l'autre. Pourtant Nick Holmes et Gregor Mackintosh sont de retour avec un projet nommé Host comme le fameux album de Paradise Lost, ce qui confirme évidemment le retour à des sonorités new wave, cold wave et gothiques. Inattendu mais logique finalement puisque tout est une question d'équilibre, leur facette la plus brutale s'est réveillée, ce n'est finalement pas si étonnant que celle-ci fasse de même. Un premier album qui s'appelle donc "IX" et que ceux qui n'ont jamais digéré "Host" vont adorer détester.
Ne jouons pas les anciens, "Host" est sorti quand j'avais encore quinze ans, j'étais encore dans ma période bourrin pseudo métalleux puriste à deux ronds et ai donc rejeté cet album tout comme son prédécesseur, "One Second". Ce n'est que quelques années plus tard avec un peu plus de bouteille et une envie d'explorer d'autres styles musicaux que j'y suis revenu et ai compris que non seulement c'était toujours du Paradise Lost (même si "Host" sentait quand même fort le Depeche Mode parfois, là aussi un groupe que j'ai apprécié par la suite d'ailleurs), mais surtout que ces deux albums étaient très bons et le sont toujours. On a reproché au groupe de s'être trahi, d''avoir viré commercial mais en fait "One Second" lui a déjà fait perdre des fans dans le metal et ne lui en a pas fait gagner ailleurs. Plutôt que de revenir avec un "Draconian Times 2" qui aurait fait un carton sans le moindre doute, les Anglais ont préféré suivre leurs envies et enfoncer le clou plus profondément encore avec le fameux "Host", pas vraiment ce qu'on peut appeler un calcul commercial ! Bref, tout ça nous amène à ce premier album sous ce nom et "Wretched Soul" ne laisse aucun doute sur la voie empruntée, même si avec le temps les deux compères ont évidemment évolué musicalement, l'influence de Depeche Mode est donc moins flagrante même si toujours présente. Ce premier morceau se fait d'ailleurs bien plus noir et glauque avec quelques guitares discrètes qui amènent des notes et arpèges malsains. Des guitares qui étaient d'ailleurs bien présentes sur l'album "Host" justement mais qui étaient tellement truffées d'effets qu'elles en devenaient méconnaissables.
On reconnaît donc bien la patte et la façon de composer de ces deux apôtres de la joie musicale qui prennent un malin plaisir à revenir à leurs premières amours dark wave, ou cold ou new, bref toute cette scène qui constitue des influences majeures de Paradise Lost et donc de Host. "Tomorrow's Sky" enchaîne et se fait bien plus accrocheur tout en restant glacial avec des mélodies et lignes de chant qui transpirent évidemment la mélancolie. Le mélange d'ambiances froides et de groove à gros coups de beats electro rend ce morceau assez irrésistible et lui donne des allures de hit qui ferait un carton dans les boîtes de nuit du pôle nord s'il y en avait. "Divine Emotion", quant à lui, fait vraiment ressortir la patte typique de Paradise Lost mais en version électronique, les mélodies sont typiques du groupe et le mélange des deux renvoie d'ailleurs à "One Second". "My Only Escape" transpire lui aussi la mélancolie et fait entendre des mélodies et lignes de chant magnifiques qui confirment une fois de plus le talent de compositeur de Gregor Mackintosh. "IX" est une succession de morceaux accrocheurs qui vous entrent dans le crâne, vous gèlent le cœur et remplace votre sang par de l'azote liquide. En une petite quarantaine de minutes, il enchaîne des coups imparables et ces dix nouveaux morceaux sont tous d'une efficacité redoutable ! Non seulement on n'attendait plus ces deux-là sur ce terrain après tout ce temps mais surtout pas de façon aussi noire, car même si tous les morceaux vous entrent dans le crâne dès la première écoute, il y a une ambiance glaciale et extrêmement sombre sur "IX". "Instinct", par exemple, a tout du hit lui aussi mais ses choeurs féminins lui donnent un air fantomatique et malsain, sans compter les leads de guitare en fond qui sont eux aussi glauques et pesants.
Il est évidemment préférable que toute la scène new, cold ou dark wave et gothique en général vous parle mais même si ce n'est pas le cas on retrouve la patte de ces deux joyeux lurons sur ce "IX" qui est tout simplement un excellent album accrocheur, efficace et glacial. On espère que le projet Host est destiné à durer parce que des albums comme ça, on en veut d'autres !
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