"War Against All"
Note : 18/20
Immortal sera toujours présent. Créé en 1991 en Norvège, le groupe fait partie des
légendes de ce style old school. En 2023, et après de nombreuses pauses, Demonasz
(guitare / basse / chant), accompagné par Ice Dale (basse, Audrey Horne, Enslaved) et
Kevin Kvåle (batterie, Gaahls Wyrd, Horizon Ablaze), annonce la sortie de "War Against All",
son dixième album.
Dès "War Against All", le titre choisi pour introduire l’album et le dévoiler au public, on
remarque que la puissance brute est toujours présente. On retrouve toute la froideur des
riffs old school, les hurlements bruts et l’approche agressive permanente du black metal
intransigeant, puis le son se coupe net pour faire place à "Thunders Of Darkness" et à ses
mélodies entêtantes. Le groupe injecte une pointe de thrash cinglante à sa rythmique
saccadée et accrocheuse, puis "Wargod" nous propose une véritable marche guerrière
rythmée par des frappes fédératrices. Les mélodies prennent également une place plus
importantes tout en restant très sombres, mais le break en son clair nous dévoile également
une approche plus douce avant de revenir dans la fureur avec "No Sun", un titre très pesant
qui plaira sans nul doute aux amateurs des débuts du groupe. L’équilibre entre parties
massives et harmoniques dissonantes est parfaitement géré, tout comme l’approche
beaucoup plus mélodieuse et aérienne de "Return To Cold", la composition suivante, qui
adopte à nouveau des passages entêtants.
Les racines old school sont intactes sur ce titre,
qui rappelle à nouveau une époque lointaine et ses sonorités martiales, puis le son clair
apparaît à nouveau pour introduire "Nordlandihr", le plus long titre de l’album, qui construit
habilement un contraste entre riffs solides et tonalités mélancoliques grâce à son
instrumentale entêtante. Pas de chant, les mélodies parlent d’elles mêmes sur cette
rythmique solide en toutes circonstances, mais les cris reviendront avec "Immortal", un titre
ancré dans les racines du groupe tout en se révélant être très symbolique. Si les paroles
restent évidemment axées sur cette approche imposante, le "I am Immortal" prend tout son
sens lorsque l’on connaît l’histoire du groupe, qui referme cet album avec "Blashyrkh My
Throne", une ultime composition qui renoue avec les influences les plus mélodieuses des
Norvégiens tout en restant glaciale, continuant de construire la légende de Blashyrkh si
chère au groupe.
Immortal porte son nom avec une excellence rare. Bien que le groupe ait subi plusieurs
coups durs, Immortal n’a jamais cessé de vouloir vivre, et "War Against All" symbolise
parfaitement cette rage sombre qui brûle sous la bannière du black metal.
"Northern Chaos Gods"
Note : 18/20
Alors que nous n’avions plus de nouvelles du projet depuis ses déboires judiciaires entre
ses deux membres fondateurs, Abbath (guitare / chant) et Demonaz (parolier et
compositeur), Immortal ressurgit de nulle part pour nous offrir "Northern Chaos Gods", un
album qui est décrit comme “revenant à ses origines”. Et que dire du groupe à présent mené
par Demonaz (chant / guitare, ex- I, ex-Old Funeral) et Horgh (batterie, Hypocrisy)... Les
deux hommes ont en effet su revenir aux origines de leur son si particulier pour forger cet
album. Aidés de leur producteur fétiche Peter Tägtgren (Hypocrisy, Pain, Lindemann…)
qui leur enregistre également la basse suite au départ d’Apollyon, le groupe est plus motivé
que jamais. Place au son.
On commence très fort avec "Northern Chaos Gods", le premier titre qui est également le
premier single. Tout en violence et en vitesse, les Norvégiens semblent déterminés à nous
prouver que cette épreuve les as rendus plus forts que jamais. La voix de Demonaz est
affutée, et les riffs du combo sont tranchants comme l’acier, alors que les blasts d’Horgh
sont d’une précision et d’une puissance effroyable. La tempête ne s’arrêtera que lors du
passage à "Into The Battle Ride", qui est également un morceau très froid et martial.
L’ambiance sombre accompagne les harmoniques sanglantes du trio, et les parties lead
semblent fendre le blizzard pour se ruer sur un ennemi invisible qui charge également.
Après cet hymne guerrier qui a presque ralenti sur la fin, arrive "Gates To Blashykh". Plus
calme, mais également plus mélodique, cette composition nous enferme dans l’univers
glacial d’Immortal, tout en étant un véritable hymne au headbang. Dans la même veine,
"Grim And Dark" ajoute une bonne dose de blast beat supplémentaire à des riffs imposants et
un chant monstrueux. Les ténèbres avancent lentement tout au long de ce morceau, et on
sent une fois la moitié de la chanson passée que les riffs sont plus sombres, avec toujours
cette basse vrombissante en arrière-plan.
Comme son nom l’indique, "Called To Ice" est un titre plus contemplatif qu’autre chose, avec
une ambiance lourde et pesante, tout en incluant des riffs tranchants et une présence vocale
très charismatique de la part du chanteur. Aucun temps mort, aucune pause, seulement du
black metal dans sa forme la plus pure. Avec une introduction en son clair, on aurait pu
douter un peu de "Where Mountains Rise". Mais aucune inquiétude à avoir, ce titre est
également l’un des plus planants que les Norvégiens ont composé depuis une bonne dizaine
d’années. Autant de par les riffs pesants mais aériens que de par le chant, tout est fait pour
nous faire voyager entre les glaciers. Retour à la vitesse et la puissance brute sur "Blacker Of
Worlds", qui finira par devenir moins oppressante sur la fin, avec certes un blast
ininterrompu, mais qui ajoute une dimension atmosphérique au mélange. Le dernier
morceau, "Mighty Ravendark", commence aussi par un riff en son clair. Cette longue
composition n’a pour moi aucun égal dans la discographie d’Immortal . Elle allie un black
metal glacial et poignant à des riffs plus tranquilles et une voix d’outre-tombe. Car oui, la
voix de Demonaz me semble différente sur ce titre : plus apaisée, plus posée, je ne saurais
pas dire avec précision. Mais si vous ne devez écouter qu’un seul titre pour vous convaincre
qu’Immortal a bel et bien changé, c’est celui-ci, qui se termine exactement comme il a
commencé.
Un pari réussi ? Un retour gagnant ? Pauvres fous, c’est bien plus que cela ! Alors que l’on
croyait que le groupe allait se reposer sur ses lauriers et sortir un album générique, c’est un
véritable brûlot de compositions ténébreuses qu’Immortal nous offre ici. Pour avoir parlé
avec Horgh et Demonaz lors d’une interview, je comprends leur approche qui est pure et
sincère, qui n’a pas changé depuis le début, mais qui est à présent motivée par un désir de
revenir sur le devant de la scène avec la même force qui les animait lors des premières
années de la création du groupe.
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