Le groupe
Biographie :

Immortal est un groupe de black metal norvégien, originaire de Bergen. Fondé en 1990 par Abbath et Demonaz Doom Occulta, Immortal recense plusieurs albums devenus des références dans la scène musicale black metal. Après avoir sorti trois albums, Immortal a finalement trouvé un batteur permanent, Horgh, et c'est avec lui qu'est produit le quatrième album, "Blizzard Beasts". Peu après, Demonaz doit quitter le groupe à cause d'une tendinite au bras et est remplacé par Abbath à la guitare. Le groupe composé seulement d'Abbath et de Horgh sort son cinquième album, "At The Heart Of Winter", qui marque un changement significatif dans le style du groupe avec l'introduction d'éléments thrash metal. Dans les mois qui suivent, le bassiste Iscariah rejoint le groupe pour permettre à Abbath de se concentrer seulement sur la guitare. Après avoir publié "Damned In Black" en 2000, le dernier album produit avec Osmose Productions, le groupe signe avec Nuclear Blast et produit son septième album, "Sons Of Northern Darkness", qui grimpe dans le palmarès de plusieurs pays en Europe. Après s'être dissous en 2003, le groupe se réunit en 2007 pour la tournée 7 Dates Of Blashyrkh Tour. En 2009, Immortal produit son huitième album, "All Shall Fall", avec pour membres Abbath, Horgh et Apollyon d'Aura Noir. En Mars 2015, Abbath annonce la fin du groupe. En 2018, Demonaz et Horgh annoncent qu'ils ont terminé leur nouvel album. Demonaz est à la guitare et au chant, Horgh à la batterie et Peter Tägtgren s'occupe de la production et de la basse en studio. "Northern Chaos Gods" sort en Juillet 2018. "War Against All" sort en Mai 2023 avec le seul Demonaz aux commandes.

Discographie :

1992 : "Diabolical Fullmoon Mysticism"
1993 : "Pure Holocaust"
1995 : "Battles In The North"
1997 : "Blizzard Beasts"
1999 : "At The Heart Of Winter"
2000 : "Damned in Black"
2002 : "Sons Of Northern Darkness"
2009 : "All Shall Fall"
2018 : "Northern Chaos Gods"
2023 : "War Against All"


Les chroniques


"War Against All"
Note : 18/20

Immortal sera toujours présent. Créé en 1991 en Norvège, le groupe fait partie des légendes de ce style old school. En 2023, et après de nombreuses pauses, Demonasz (guitare / basse / chant), accompagné par Ice Dale (basse, Audrey Horne, Enslaved) et Kevin Kvåle (batterie, Gaahls Wyrd, Horizon Ablaze), annonce la sortie de "War Against All", son dixième album.

Dès "War Against All", le titre choisi pour introduire l’album et le dévoiler au public, on remarque que la puissance brute est toujours présente. On retrouve toute la froideur des riffs old school, les hurlements bruts et l’approche agressive permanente du black metal intransigeant, puis le son se coupe net pour faire place à "Thunders Of Darkness" et à ses mélodies entêtantes. Le groupe injecte une pointe de thrash cinglante à sa rythmique saccadée et accrocheuse, puis "Wargod" nous propose une véritable marche guerrière rythmée par des frappes fédératrices. Les mélodies prennent également une place plus importantes tout en restant très sombres, mais le break en son clair nous dévoile également une approche plus douce avant de revenir dans la fureur avec "No Sun", un titre très pesant qui plaira sans nul doute aux amateurs des débuts du groupe. L’équilibre entre parties massives et harmoniques dissonantes est parfaitement géré, tout comme l’approche beaucoup plus mélodieuse et aérienne de "Return To Cold", la composition suivante, qui adopte à nouveau des passages entêtants.

Les racines old school sont intactes sur ce titre, qui rappelle à nouveau une époque lointaine et ses sonorités martiales, puis le son clair apparaît à nouveau pour introduire "Nordlandihr", le plus long titre de l’album, qui construit habilement un contraste entre riffs solides et tonalités mélancoliques grâce à son instrumentale entêtante. Pas de chant, les mélodies parlent d’elles mêmes sur cette rythmique solide en toutes circonstances, mais les cris reviendront avec "Immortal", un titre ancré dans les racines du groupe tout en se révélant être très symbolique. Si les paroles restent évidemment axées sur cette approche imposante, le "I am Immortal" prend tout son sens lorsque l’on connaît l’histoire du groupe, qui referme cet album avec "Blashyrkh My Throne", une ultime composition qui renoue avec les influences les plus mélodieuses des Norvégiens tout en restant glaciale, continuant de construire la légende de Blashyrkh si chère au groupe.

Immortal porte son nom avec une excellence rare. Bien que le groupe ait subi plusieurs coups durs, Immortal n’a jamais cessé de vouloir vivre, et "War Against All" symbolise parfaitement cette rage sombre qui brûle sous la bannière du black metal.


Matthieu
Mai 2023




"Northern Chaos Gods"
Note : 18/20

Alors que nous n’avions plus de nouvelles du projet depuis ses déboires judiciaires entre ses deux membres fondateurs, Abbath (guitare / chant) et Demonaz (parolier et compositeur), Immortal ressurgit de nulle part pour nous offrir "Northern Chaos Gods", un album qui est décrit comme “revenant à ses origines”. Et que dire du groupe à présent mené par Demonaz (chant / guitare, ex- I, ex-Old Funeral) et Horgh (batterie, Hypocrisy)... Les deux hommes ont en effet su revenir aux origines de leur son si particulier pour forger cet album. Aidés de leur producteur fétiche Peter Tägtgren (Hypocrisy, Pain, Lindemann…) qui leur enregistre également la basse suite au départ d’Apollyon, le groupe est plus motivé que jamais. Place au son.

On commence très fort avec "Northern Chaos Gods", le premier titre qui est également le premier single. Tout en violence et en vitesse, les Norvégiens semblent déterminés à nous prouver que cette épreuve les as rendus plus forts que jamais. La voix de Demonaz est affutée, et les riffs du combo sont tranchants comme l’acier, alors que les blasts d’Horgh sont d’une précision et d’une puissance effroyable. La tempête ne s’arrêtera que lors du passage à "Into The Battle Ride", qui est également un morceau très froid et martial. L’ambiance sombre accompagne les harmoniques sanglantes du trio, et les parties lead semblent fendre le blizzard pour se ruer sur un ennemi invisible qui charge également. Après cet hymne guerrier qui a presque ralenti sur la fin, arrive "Gates To Blashykh". Plus calme, mais également plus mélodique, cette composition nous enferme dans l’univers glacial d’Immortal, tout en étant un véritable hymne au headbang. Dans la même veine, "Grim And Dark" ajoute une bonne dose de blast beat supplémentaire à des riffs imposants et un chant monstrueux. Les ténèbres avancent lentement tout au long de ce morceau, et on sent une fois la moitié de la chanson passée que les riffs sont plus sombres, avec toujours cette basse vrombissante en arrière-plan.

Comme son nom l’indique, "Called To Ice" est un titre plus contemplatif qu’autre chose, avec une ambiance lourde et pesante, tout en incluant des riffs tranchants et une présence vocale très charismatique de la part du chanteur. Aucun temps mort, aucune pause, seulement du black metal dans sa forme la plus pure. Avec une introduction en son clair, on aurait pu douter un peu de "Where Mountains Rise". Mais aucune inquiétude à avoir, ce titre est également l’un des plus planants que les Norvégiens ont composé depuis une bonne dizaine d’années. Autant de par les riffs pesants mais aériens que de par le chant, tout est fait pour nous faire voyager entre les glaciers. Retour à la vitesse et la puissance brute sur "Blacker Of Worlds", qui finira par devenir moins oppressante sur la fin, avec certes un blast ininterrompu, mais qui ajoute une dimension atmosphérique au mélange. Le dernier morceau, "Mighty Ravendark", commence aussi par un riff en son clair. Cette longue composition n’a pour moi aucun égal dans la discographie d’Immortal . Elle allie un black metal glacial et poignant à des riffs plus tranquilles et une voix d’outre-tombe. Car oui, la voix de Demonaz me semble différente sur ce titre : plus apaisée, plus posée, je ne saurais pas dire avec précision. Mais si vous ne devez écouter qu’un seul titre pour vous convaincre qu’Immortal a bel et bien changé, c’est celui-ci, qui se termine exactement comme il a commencé.

Un pari réussi ? Un retour gagnant ? Pauvres fous, c’est bien plus que cela ! Alors que l’on croyait que le groupe allait se reposer sur ses lauriers et sortir un album générique, c’est un véritable brûlot de compositions ténébreuses qu’Immortal nous offre ici. Pour avoir parlé avec Horgh et Demonaz lors d’une interview, je comprends leur approche qui est pure et sincère, qui n’a pas changé depuis le début, mais qui est à présent motivée par un désir de revenir sur le devant de la scène avec la même force qui les animait lors des premières années de la création du groupe.


Matthieu
Mai 2018


Conclusion
L'interview : Demonaz & Horgh

Le site officiel : www.immortalofficial.com