Le groupe
Biographie :

Immortal Bird est un groupe de crust / black / sludge metal américain formé en 2013 et actuellement composé de : Rae Amitay (chant / Errant, Thrawsunblat, Wretched Blessing), Matt Korajczyk (batterie / Air Raid, Dysphoria) et Nate Madden (guitare / Roman Ring, ex-The Infected, ex-Small Town Murder). Immortal Bird sort son premier album, "Empress / Abscess", en Juillet 2015 chez Broken Limbs Recordings, suivi de "Thrive On Neglect" en Juillet 2019 chez 20 Buck Spin, et de "Sin Querencia" en Octobre 2024.

Discographie :

2013 : "Akrasia" (EP)
2015 : "Empress / Abscess"
2018 : "Live At Migration" (EP)
2019 : "Thrive On Neglect"
2024 : "Sin Querencia"


Les chroniques


"Sin Querencia"
Note : 16/20

Les Américains d'Immortal Bird font une musique assez difficile à cerner puisque celle-ci s'amuse à jongler entre le death metal, le black, le hardcore et le noise-rock entre autres. Un mélange évidemment extrême qui tape fort et sonne de manière aussi brutale que dissonante. Le troisième album du groupe qui nous arrive dans les oreilles se nomme "Sin Querencia" et on comprend bien vite que le groupe ne s'est pas calmé.

"Bioluminescent Toxins" démarre de manière très dissonante d'ailleurs avec une ambiance bien froide avant de partir en tricotage technique avec des structures éclatées et des accélérations qui débarquent de nulle part. Immortal Bird n'a pas changé son fusil d'épaule et continue à faire évoluer son metal extrême chaotique, froid et violent. "Sin Querencia" opte pour l'évolution dans la continuité et sans rien bouleverser à la formule pousse quand même le bouchon plus loin. Ce premier morceau se fait déjà menaçant et malsain, laissant temporairement de côté la facette la plus brutale du groupe pour installer une ambiance plus pesante. C'est d'ailleurs le plus long morceau de l'album et le groupe en profite pour appuyer sur son côté le plus noir et le plus malsain. Une entrée en matière qui confirme que Immortal Bird n'a toujours pas envie de plaisanter et que son maelström sonore est toujours aussi intense et éprouvant. "Plastered Sainthood" remet la brutalité au premier plan avec une rafale de blasts qui nous tombe dessus d'entrée de jeu et une intensité qui ne nous lâchera pas pendant quatre minutes. On pense aussi à Gorguts dans les passages les plus techniques et dissonants, ce qui n'est pas la moindre des références ! Bref, vous devez déjà avoir compris que le groupe n'a pas décidé de vous faciliter la tâche et que ce nouvel album va être aussi difficile à encaisser que ses prédécesseurs. Ce mélange de plusieurs scènes différentes permet en tout cas à Immortal Bird de créer quelque chose de personnel et de franchement noir et extrême. C'est violent, malsain, intense et le chaos est suffisamment contrôlé pour que tout ça ne vire pas à la jam sans queue ni tête.

On sent une folie prête à exploser à tout moment et tout juste contenue, tiraillée entre la rage et le désespoir qui lui bloquent le chemin. Les structures sont souvent éclatées, les morceaux sont à tiroirs et le tempo change régulièrement en ne vous laissant jamais savoir de quel côté vous allez être attaqué. Pour autant, le groupe maîtrise son sujet et ne se laisse jamais aller au piège de la complexité à outrance. Tout ça laisse suffisamment de place aux ambiances et à la violence frontale pour garder ce qu'il faut en impact, on reste donc sur un metal extrême complexe et profond certes, mais qui n'oublie pas pour autant l'efficacité. Des morceaux plus courts comme "Propagandized" ou "Ocean Endless" se font justement bien plus directs et brutaux, même s'ils gardent cette patte dissonante et légèrement déstructurée. Ce dernier balance même quelques sonorités totalement punk avec le chant idoine, de quoi trancher avec le passage saccadé façon Meshuggah qui arrive juste après. Quand on vous dit que ce groupe n'a pas envie de vous faciliter la tâche et fait tout pour vous agresser et vous perdre ! Sur "Contrarian Companions", c'est clairement Deathspell Omega qui vient à l'esprit dans les passages dissonants, une référence difficile à éviter quand on commence à jouer avec ce genre de sonorités. Bref, Immortal Bird va prendre son inspiration un peu partout et se sert de tout ça pour créer son monde, pas très accueillant ni très chaleureux il faut l'avouer. L'ambiance est constamment lourde, malsaine et pesante avec cette folie qui cherche une faille pour pouvoir exploser. Cela ne plaira pas à tout le monde puisque le groupe ne cherche clairement pas à rendre sa musique facile d'accès, même s'il ne tombe pas dans l'excès inverse non plus.

"Sin Querencia" poursuit donc sur la route tracée par ses deux prédécesseurs et continue à mélanger plusieurs scènes extrêmes pour créer son propre univers. Toujours aussi intense, malsaine et violente, la musique d'Immortal Bird ne fait pas de cadeaux et il va falloir s'investir un minimum pour saisir le propos et ne pas se laisser déborder par la folie qui rampe dans tous les recoins de ce troisième album.


Murderworks
Février 2025




"Thrive On Neglect"
Note : 18/20

J’ai un bon plan pour tous les métalleux blasés de constater que la scène extrême est telle un serpent qui se mort la queue, écoutez Immortal Bird ! Quelle surprise, un groupe qui arrive à mixer autant d’influences sans pour autant être caricatural, qui possède une sacrée technique, mais qui profite de celle-ci à bon escient, c’est rare. Signé chez 20 Buck Spin, un label qui possède en grande majorité des formations en provenance du continent nord-américain, Immortal Bird pratique une sorte de metal crust expérimental / metalcore à tendance grind à la fois énergique et très sombre.

La première chose qui saute aux oreilles, c’est le son, qui possède un petit côté vintage, ça sent l’ampli à la lampe, et la drum possède de la chaleur, malgré l’usage du trig. Le mix est parfaitement équilibré, la basse est profonde et ajoute de la lourdeur aux guitares, quant au chant, il est pile poil où il doit être dans le mix. La voix est rageuse et sincère, la dame qui chante possède un registre peu étendu, mais par l’agencement des lignes vocales, elle parvient à se fondre d’une belle manière à l’ensemble tout en y ajoutant la rage adéquate. Le disque fourmille de détails, les riffs prennent parfois des détours assez osés, mais privilégient l’efficacité. La dissonance laisse place à la mélodie, la simplicité se fait parfois balayer par des structures alambiquées, pendant 37 minutes, c’est la foire des contrastes. En effet, et c’est en ça que réside toute la richesse de "Thrive On Neglect", l’album est très nuancé mais préserve une identité forte. Il y a une énergie incroyable qui se dégage du skeud, avec une intension et une interprétation assez proche du post-rock, voire parfois du mathcore, écoutez le surprenant titre "Solace In Dead Structures", un véritable joyau brut de metal prenant avec des touches progressives et death métalliques. Il faut de nombreuses écoutes pour se familiariser avec les compositions d’Immortal Bird tellement celles-ci s’engagent dans de multiples directions et tracent des lignes aux contours anguleux. Les riffs se chevauchent, s’entrecroisent, créent de multiples cassures qui ont pour effet de sublimer la partie qui va suivre, avec en toile de fond, cette atmosphère inquiétante et très noire. L’auditeur se retrouve bousculé de gauche à droite dans un tourbillon d’idées géniales misent en musique par un groupe qui l’est tout autant, génial.

Une fois l’album terminé, on n’a qu’une envie, c’est de se le recaler une fois de plus dans la tronche tellement la musique d’Immortal Bird est addictive. Malgré le foisonnement et la charge d’informations sonores, le groupe élabore des compositions qui sont de véritables leçons d’innovations et de créativité contrôlées. Laissez-vous embarquer par des titres tels "Stumbling Towards Catharsis", qui procure une sensation auditive étrange d’évanouissement, avant de s’engager dans de multiples cassures qui se concluent par un blast black metal chargé de mauvaises ondes pour passer ensuite par de nombreuses formes et contours. Tel Pennywise, le clown du film It, inspiré du roman de Stephen King, Immortal Bird est une entité qui maîtrise le "shape shifting", mais qui préserve son identité principale. Un grand disque qui mérite que l’on s’y attarde… longuement.


Trrha'l
Août 2019


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/immortalbirdband