"La Caída De Tonatiuh"
Note : 17/20
Qui a dit que la violence devait avoir un pays ? Impureza, des Français qui chantent en espagnol veulent vous prouver que non. Formé en 2004, par Lionelito (guitare), il faudra attendre un peu pour que les premiers sons paraissent, avec l'arrivée du batteur actuel, Guillermo, en 2006. Les démos s'accumuleront, jusqu'à former un premier album en 2010. Depuis 2013, date du premier EP, Esteban Martin (chant) et Florian Saillard (basse) ont rejoint le groupe, mais il faudra attendre 2017 pour qu'Olivier Hanoulle (guitare) rejoigne les Orléanais. Le line-up désormais au complet, le groupe peut terminer son second album, "La Caída De Tonatiuh", sorti chez Season Of Mist en Novembre. Vous vous attendiez à de la violence ?
"Lamentos De Un Condenado", le premier titre, est fait de samples et de d'une rythmique très flamenco. On sent ici les influences hispaniques du groupe, mais sans toutefois entrevoir "Sangre Para Los Dioses", la tornade qui suit. Ponctué d'éléments rappelant encore une fois du flamenco, ce titre très axé death metal vous fera revoir votre notion de la violence. "Otumba, 1520" nous prouvera les talents du bassiste, mais également de tout le groupe en matière de brutal death avec une rythmique aussi complexe que puissante. Le groupe redescendra d'un coup avec "El Dorado", un titre purement flamenco très rapide. Retour sur la puissance du death metal avec "Abre-Aguas (En La tormenta De Tlaloc)", une composition qui s'axe sur de la violence pure. Les riffs semblent avoir oublié toute notion de compromis en se concentrant uniquement sur l'aspect le plus pur du death, alors que "Leyenda Negra" sera plus modérée. Certes, la composition ne perdra pas réellement le temps d'une introduction dans les règles de l'art, mais elle s'accordera avec la partie dansante de la rythmique death metal qui sévit depuis le début de l'album. Une nouvelle pause avec "Corazón Al Cielo (Homenaje A Paco De Lucía)" qui, comme son nom l'indique pour les non hispaniques, est un hommage remarquable à Paco de Lucía, un guitariste espagnol décédé en 2014. Le groupe reviendra évidemment sur de la violence dans sa forme la plus pure avec les riffs saccadés de "Camino Hacia Miclan", un titre qui n'a pour vocation que de faire remuer un pit déjà échauffé, alors qu'"El Nuevo Reino De Los Ahorcados" vous fera patienter et analyser un peu plus la rythmique avant de vous jeter à corps perdu dans une fosse qui s'agite. Encore une fois, c'est la technicité qui primera sur "El Ultimo Dia Del Omeyocan", une composition qui mettra de côté toute notion de finesse, alors que le titre éponyme, "La Caída De Tonatiuh" est introduite par du flamenco et gardera ce côté dansant tout au long de la composition. Un étrange mélange, me direz-vous, et je vous le confirme, mais c'est tout de même très appréciable ! "La Llegada De Los Teules", le dernier morceau, est un concentré de violence pure et déchaînée. Cette composition s'axe sur le son lourd qui caractérise le groupe depuis ses débuts pour en faire un titre incontournable de l'album.
Mêlant deux styles complètement disparates, Impureza réussit à s'imposer dans un style plutôt normé et fermé. Le cercle clos leur est ouvert à présent, et les membres n'ont plus qu'à remuer une oreille pour être entendus de la scène française, si ce n'est européenne ! Puisse leur originalité durer encore quelques années, pour faire planer un vent frais sur la scène.
"La Iglesia Del Odio"
Note : 15/20
"Depuis le temps que je patiente dans cette chambre..." Mince c'est pas Français, c'est pas la corrida dont il est question ici, mais bel et bien pourtant de death flamenco... Ouais enfin, le voici cet album tant attendu, on commençait à croire qu'il ne verrait jamais le jour, la Terre a tourné depuis, mais il est là !!!
"La Iglesia Del Odio" s'est fait attendre, je peux vous dire qu'on commençait à désespérer de ne jamais pouvoir avoir ce petit bijou entre les mains.
Ça valait le coup de patienter, parce qu'on tient là, un représentant du plus Espagnol des death Français qui allie puissance, technique, originalité et brutalité. L'originalité de Impureza réside évidemment dans ses influences espagnoles aux intonations flamenco et au chant en Espagnol qui donne à leur musique une dimension hors normes et une capacité à toucher le plus grand nombre de métalleux extrême fans de death metal qui touche sa race...
On attaque fort avec une pochette signée Johann Bodin, oeuvre de toute splendeur qui pose le décor immédiatement, si certains achètent des châteaux en Espagne, il y en a d'autres qui se prennent pour le Don Quichotte du mal et détruisent les églises...
Après deux démos infernales qui n'attendaient qu'une confirmation de talent par un album, "Ruina De La Penitencia" et "En El Desierto De La Creencia" espéraient patiemment leur grand frère. Cet album est monstrueusement génial. On entre définitivement dans le monde d'Impureza, un paysage Espagnol, flamenco, où ses créateurs ont réussi l'exploit de produire un death metal brutal, technique aux ambiances lourdes parfois et en tous les cas jamais inutile, avec des passages hispaniques très exotiques. On pourrait se dire qu'il s'agissait simplement de balancer un peu de sauce guitare classique flamenco par-ci par là pour planter le tableau, mais non. Impureza va au delà de cette simplicité d'une part parce que leur death metal est de qualité, les accélérations sont intenses et calculées, les atmosphères sont gigantesques et les passages, justement de classique espagnol et de flamenco, sont tellement bien amenés qu'ils se fondent directement dans les tripes de chaque morceau. C'est tellement bien fait, qu'on en prend pleins les oreilles pendant quarante minutes sans jamais se dire qu'au final c'est du brutal death. Cette influence arrive à alléger le côté brutal de la chose pour faire passer la pilule tellement naturellement que "La Iglesia Del Odio" devrait devenir un classique du genre.
C'est une grosse pointure à l'Américaine que nous avons ici, Impureza peut amplement rivaliser avec les plus grand noms du death américain. Du blast, des rythmiques dévastatrices et cet énorme chant en Espagnol propulse cet album dans le firmament du death metal, ouais dans le colisée de la musique extrême, c'est le choc des titans dans mes oreilles quand j'écoute cet album.
J'ai lu quelques critiques, mais en fait il n'y en a pas. Le son est bon, même les castagnettes sont là quand j'écoute "Besar La Mano Del Infamo", alors rien à dire, rien à redire, nous avons ici un grand album.
Impureza déchire le slip à la façon catalane, et là si vous n'avez jamais voyagé c'est le moment de le faire parce que vous allez voir du pays avec ce joyau.
On retrouve certains titres des démos comme "El Gitano Maldito" ou "En El Desierto De La Creencia" et encore "La Luz De La Luna Negra", "La Checa Del Perverso", mais tous ces titres font d'Impureza un groupe à part avec son identité reconnaissable parmi des milliers de groupes et c'est ce qui fait aujourd'hui la différence: Une thématique singulière.
Huit titres, quarante minutes de bonheur, du death, du gros son, de la technique, de la brutalité, de la mélodie, du flamenco c'est tout ça en même temps dans un seul CD "La Iglesia Del Odio" .