"Skulls N Dust"
Note : 16/20
Comment ai-je fait pour passer à côté d'IXXI ??? Je ne sais vraiment pas... Qu'importe, quand Osmose Productions nous donne en offrande le nouvel album de membres d'Ondskapt, on se jette dessus sans réfléchir !!! Surtout quand on nous parle de black'n'roll suédois, cela va sans dire... Alors, pétard mouillé ou bombe atomique ??? En tout cas, sur le papier et après avoir jeté un œil à l'artwork tout en sobriété de l'album, je suis conquis... Mais qu'en est-il après l'avoir écouté ??? Verdict plus bas...
Le premier morceau "Skulls N Dust" commence par une petite intro sans prétention mais suffisamment glauque pour nous mettre dans l'ambiance, ambiance confirmée au bout d'une minute par un riff monstrueusement dévastateur et un son gras qui suinte littéralement le stupre et la luxure !!! Ce son unique, c'est vraiment ce qui frappe au premier abord, de par sa lourdeur digne d'une division de Panzers, nous présentant des guitares assez acérées pour séparer des têtes de leur corps dans une colossale gerbe de sang, le tout agrémenté d'une touche purement old-school, chaleureuse à souhait !!! Mais cette chaleur n'est pas là pour vous réconforter, détrompez-vous, c'est la chaleur des flammes de l'enfer, contrastant à merveille avec des riffs aussi froids que le blizzard...
Voilà l'atmosphère générale de ce "Skulls N Dust", comme si l'apocalypse s'était invitée sur cette galette !!! Malgré la précision du jeu des musiciens, le mix parfois un peu chaotique vient participer à cette sensation générale : IXXI transpire la haine et cela se traduit par des morceaux aussi guerriers que malsains !!! Posez ces sentiments sur un black'n'roll de haute volée et vous aurez compris l'essence même de ce groupe suédois : point de finesse et de légèreté, si vous cherchez de belles mélodies langoureuses, passez votre chemin car c'est ici le royaume de la guerre et du chaos !!! Un chant désincarné, des guitares parfois dissonantes, une rythmique ravageuse, voilà les armes qui vous plongeront dans l'abysse torturé qu'est l'âme d'Acerbus, membre fondateur du groupe...
Malgré tout, pas de blast, on est bien en présence de black'n'roll, souvent mid-tempo, parfois même lourd comme le parfait "Soiled Soul", véritablement taillé pour le live !!! Impossible de ne pas headbanguer, et que dire de ce petit lead mélodique lancinant et envoûtant ?! Ce morceau résume pour moi à merveille ce nouvel album qu'est "Skulls N Dust"... Groovy, old school, sulfureux, tout ce qu'il faut pour hanter mon âme jusqu'à la nuit des temps !!! C'est en quelque sorte un voyage labyrinthique à travers notre propre être que nous offre ici IXXI... Car sous couvert d'une étiquette black'n'roll, les Suédois vous prennent par surprise : ce nouvel album est beaucoup plus mâture et travaillé qu'il n'y paraît, à l'image de l'instrumental "B"qui clôture l'album sur une note étonnamment mélodique !!!
Même si l'aspect rock est bien présent, comme sur le morceau "Necrocracy", la dominante reste black-metal et c'est ce qui fait la différence avec d'autres formations où le fun et l'alcool prédominent !!! Ainsi, malgré une certaine sobriété visuelle et une musique qui, sur le papier, paraît plus facile d'accès, IXXI a en fait la volonté insidieuse de faire passer un message des plus sombres... Tous ne seront pas réceptifs car il faudra passer, pour les non-initiés, par un son et une musique torturée, mais pour les autres, les Suédois réservent de bien noirs desseins !!! Confirmation là encore avec "Original Sin" qui vous possédera à proprement parler par son côté lancinant et hypnotique tout autant que par son lead mélodique aussi glacial que mélancolique... Une vraie réussite !!!
Voilà donc, une fois n'est pas coutume, un album qui ne se destine pas au plus grand nombre mais qui saura envoûter ceux qui sauront lui ouvrir leur âme !!! Un album torturé et tortueux qui ne se livre pas dès la première écoute... Mais si vous vous accrochez un peu, ils vous donnera accès à un sentiment qu'on pourrait qualifier de complétude spirituelle !!! Laissez-vous pénétrer par ces notes diaboliques et vous sentirez votre âme s'élever peu à peu... Comme quoi, quand on fait du black'n'roll avec ses tripes autant qu'avec son cerveau, on peut atteindre un niveau quasi orgasmique !!! Quand inspiration et intelligence donnent naissance à un être hybride parfaitement cohérent qui n'est autre qu'un des meilleurs albums de black-metal de ce début d'année...
"Elected Darkness"
Note : 12/20
Décidemment ! l’année 2009 sera black ou ne sera pas !
"Elect Darkness", voici le titre de cet album… Mais détrompez vous, contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne pense pas qu’il faille voir ici une preuve de soutien au président Obama mais plutôt une invitation à soutenir la cause du metal le plus sombre, le plus morbide et probablement l’un des plus jouissifs !
Concernant cette galette, ce qui m’a rapidement interpellé c’est ce chant délicieusement "crade", en effet la voix du hurleur de service possède ce grain dans la gorge qui la rend lugubre à souhait. Les compositions sentent bon le black / thrash "old school" pour ne pas dire "raw", le son sale des guitares en témoigne… Mais on sent bien qu’ici tout cela est voulu et non pas accidentel ou dû à un manque de moyens, non il s’agit bien d’une quête d’un son, d’une identité car côté production c’est bon, très bon même ! Ce n’est guère une surprise pour une signature estampillée Candlelight, car en effet si il y a bien un label qui ne flirte plus avec l’amateurisme depuis des années et qui surtout n’a plus rien à prouver en matière de prod’ black metal, ce sont bien eux…
Dés la piste 1 la voix se fait terriblement expressive, glaciale, une voix qui ne pourra qu’évoquer le grand "Kvarforth" de Shining de par la variété des registres qu’elle embrasse… Et cette impression de se renforcer… le côté malsain des riffs, le caractère profondément torturé et théâtrale de certaines compos, le tout accentué par cette voix décidemment très expressive… la comparaison est évidente et pourtant des différences sont à noter dans leur expression musicale respective car là où Shining brillait par sa liberté de création en allant puiser parfois du côté de la musique planante ou progressive (je fais ici bien sur référence au génial "V-Halmstad"), chez IXXI c’est plutôt les vieux démons du black et du rock n’ roll qu’on à choisi d’invoquer et d’évoquer, presque un hommage aux prémices du "metal noiré dont je suis si gourmand !
Prenons par exemple le morceau "Southern Tribes" en piste 3, l’un de mes préférés !
On a en effet ici affaire à un titre bien primaire, très jouissif et crade de black n' roll, limite punkisant… Ce qui nous donne l’occasion de constater que les guitares et les voix sont décidemment les points forts de ce groupe. Les riffs sonnent en effet parfois très "bizarrement" comme au début de ce morceau, sans doute dû à un accordage spécial, toujours est il que l’effet "malsain" voulu est très réussi.
Cette remarque vaudra d’ailleurs pour la piste suivante baptisée "Sinrush" qui remet le couvert dans le domaine de la méchanceté gratuite mais au combien jubilatoire car ici c’est carrément du côté du thrash qu’il faut chercher l’influence… Décidemment cette galette est assez surprenante de par sa variété et de par la largeur du paysage musical qu’elle utilise. Même si l’ensemble donne globalement dans le mid-tempo, les Norvégiens usent fréquemment de la formule qui consiste à alterner parties lourdes et riffs plus enlevés. Cet album est clairement truffé de bonnes idées, notamment dans l’art de poser les ambiances. J’en veux pour argument cette performance vocale, tant le chanteur explore une palette très large, même si malheureusement l’influence d’autres se font sentir… Quand ce n’est pas Shining, la piste 5 m’évoque davantage le cultissime groupe tchèque Root et son leader Big Boss par ce côté "narration", façon maître de cérémonie, qui insuffle un petit côté "rituel" à certaines pistes, et ça, autant vous dire que moi j’aime beaucoup ! En effet à mon humble avis, il n’est nullement nécessaire de jouer à 200km/h et de blaster à tout va pour poser une atmosphère "Evil"à souhait, bien au contraire, la lourdeur, l’insistance font souvent des merveilles dans ce domaine. Excellent titre au passage, somme toute classique mais bougrement efficace !
La batterie, très typée rock n’ roll dans certaines accélérations, est utilisée comme il se doit tout au long de l’album, ni trop en avant, ni en retrait, bref bien mixée et plaisante à écouter sans être transcendante. Les parties de guitares, quant à elles, sont aussi rondement menées, même s’il manque un petit je ne sais quoi (manque d’originalité sans doute) pour emporter mon adhésion et mon soutien aveugle, toujours est il que sur la fin l’ennui à un peu commencé à me gagner… Je ne sais trop comment l’expliquer… C’est bien exécuté, plutôt plaisant à écouter même, mais à mon humble avis il manque un soupçon d’âme, une identité propre, une couleur, un son "IXXI" pour leur permettre d’entrer dans la catégorie des groupes incontournables de la déjà surpeuplée scène black metal Européenne, bref vous l’aurez compris, pas assez convaincant !
Quant à l’existence de ce groupe, on n’a pourtant clairement pas affaire ici à des inconnus puisque ces messieurs oeuvrent dans divers groupes cultes de la scène suédoise : Ondskapt, Zavorach ou encore les brillants Lifelover dont je ne saurais que trop conseiller le dernier opus en date "Konkurs".
En conclusion, j’avouerais que le résultat n’est pas mauvais, loin de là même, cet album est truffé de bonnes petites idées mais pour moi il manque clairement l’étincelle de génie qui aurait pu faire de cette galette un grand disque, il faut que quelque chose se passe !!!
Sans doute une nécessité de se démarquer de ses influences les plus évidentes, (Shining en tête) pour permettre à IXXI de sortir sa tête de l’eau, gageons que le prochain album nous livrera un groupe plus personnel, en tout cas je croise les doigts pour eux car le potentiel est bien là, c’est une évidence mais il manque ce fameux petit quelque chose qui démarque de la concurrence et qui fait les "grands" groupes… Copie à revoir donc…
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