"The Devil's Evangelion"
Note : 18/20
Vive King Satan ! Le démon finlandais mené par King Seth Aleister Satan (chant), EF-13
(guitare), Hekate “Kate” Boss (clavier / chant), Jerry Rock’n’Roll (basse) et Pete
Hellraiser (batterie) revient en 2024 avec le soutien de Noble Demon et annonce la sortie
de son quatrième album, "The Devil's Evangelion".
L’album débute sur l’entraînante "New Aeon Gospel", composition déjà révélée et qui mêle
sonorités joyeuses et violence pure pour créer un contraste des plus efficaces, en particulier
lorsque le vocaliste intervient sur la rythmique saccadée. L’accélération nous projette sur le
dernier refrain, puis sur la sombre "Abyss Of The Souls" où les touches électroniques
deviennent plus inquiétantes et qui verra l’apparition de quelques parties vocales de la part
d’Hekate, créant un duo intéressant avec King Seth Aleister Satan. Les riffs restent solides
et accueillent même un solo furieux emprunté au thrash avant de repartir dans une ferveur
communicative sur "Chaos Forever Now" où l’atmosphère est encore plus énergique,
proposant des vagues de rage brute en compagnie de Thomas Rainer (Nachtmahr). On
notera un contraste entre les hurlements puissants et les claviers planants du break, puis le
morceau revient à des tonalités plus agressives avant de revenir à ses racines inquiétantes
avec "Once Upon A Shadow", mettant les claviers et autres sons aériens à l’honneur pendant
que le vocaliste hurle. Le groupe ralentit avec "A Death Before Death", recréant lourdeur et
oppression de manière presque horrifique avec quelques brefs sursauts de violence, puis
nous nous retrouvons au beau milieu d’un champ de bataille lorsque "The Carnivalesque Of
Dark And Light" démarre, apportant alarme et explosions avant que la rythmique ne
s’enflamme.
Les claviers entêtants ajoutent leur part au chaos effréné qui nous entoure,
mais il prendra fin avec la douce introduction de "Destroy The World", laissant un piano
mélancolique accompagner les riffs simples où les deux vocalistes se rejoignent. Le
morceau fait office de power ballad, avec des passages plus lourds mais toujours
relativement mélancoliques, puis on assiste au dialogue entre un prêtre et un démon sur
"The Devils And Saints", pendant que les musiciens nous proposent des vagues de rage
régulières. La rythmique s’enflamme au fur et à mesure, s’adaptant à chaque personnage,
mais la pression redescend avec "Satanas Rex Mundi" et son climat apaisant, troublée par les
grognements, qui se révèle finalement presque religieux et majestueux. Le mélange occulte
entêtant est relativement long par rapport aux autres morceaux, mais il finira par laisser "The
Devil's Evangelion" faire revivre les éléments plus vifs et les claviers vaporeux, renouant avec
l’approche féroce que le groupe développe, menée par un blast ravageur. L’album touche à
sa fin avec "Epilogue (The Phoenix Song)", titre assez court qui utilise des influences blues
apaisantes pour accompagner le chant saturé, alimentant la dualité permanente qui règne
au sein du groupe.
La recette de King Satan n’a pas changé, et elle est toujours aussi efficace ! "The Devil's
Evangelion" va nous bousculer, nous émerveiller, nous donner envie de danser et nous faire
remuer le crâne frénétiquement avec ses compositions à l’identité marquée.
"I Want You To Worship Satan"
Note : 12/20
À vrai dire, j’avais un gros a priori sur King Satan. Pourquoi ? Parce que “King Satan”, bordel qu’est-ce que c’est kitsch. Puisqu’on en est aux confessions, j’ajouterai aussi que ce léger détail, aussi insignifiant soit-il, m’a longtemps fait repousser l’écoute de King Satan. Aujourd’hui, n’en déplaise à quelques hommes d’église, je propose donc enfin à mon oreille de s’abandonner à Satan. Enfin, plutôt King Satan, puisque ça fait un moment que mon tympan côtoie l’autre gusse musicalement !
Force est d’admettre que le premier titre, "The Killing Of God", condense relativement tout ce que je craignais de voir apparaître dans cet album : du déjà vu… La suite n’en démordera pas tellement d’ailleurs. Finalement, en grossissant le trait, "I Want You To Worship Satan" emprunte à Rob Zombie son attirance vers les univers glauques et psychédélique et à Ministry son côté “fix” ("Psychosadomasochism", "Fuck Yoga", "The Antichristification"). Pendant l’ensemble de la lecture des onze titres de ce second album, mon oreille n’a pu s’empêcher de comparer King Satan, ou plutôt son âme : King Aleister Satan, à une espèce de Kid Rock sous amphet' qui aurait rencontré un Rob Zombie au fin fond du Wisconsin lors d’une messe en l’honneur de l’ange déchu. D’ailleurs, bien qu’un tantinet plus agressif, cette étiquette de “Rob Zombie like” colle, malheureusement, un peu trop à la peau de King Satan à travers ce disque. Musicalement, à défaut de transcender réellement, "I Want You To Worship Satan" tient la route. Et, il n’est pas sans rappeler la mouvance industrielle à tendance horrifique du début de la décade 1990 du côté de la Teutonie ou de la Ricanie ("Fuck The World", "All Magick Is Chaos Magick", "Circus Of The Mind"). Pourtant, comme le laissait supposer la comparaison avec le sieur Zombie, "I Want You To Worship Satan" laisse derrière lui une trace amère : celle d’avoir affaire à une de ces oeuvres qui ressemblent à d’autres et qui peinent réellement à marquer après écoute.
Toutefois, le côté “hypnotique” des compositions devrait prendre un tout autre essor en live et rendre ce second opus bien plus attractif ! Quant à l’aspect “worship Satan”, oui, il est poussé à son paroxysme. Pour le meilleur, comme pour le pire. Fuck the rest, Satan is best...
"King Fucking Satan"
Note : 11/20
Depuis les pays du Nord, souffle souvent un vent d'excentricité, du moins de tentatives de nouveauté. En Norvège, on aime le mélange des styles en proposant des projets originaux comme Kvelertak et son black metal hard rock, Shining (Nor) et son metal jazz avant-gardiste, et d'autres Dodheimsgard, Ulver, Arkentype, Leprous... Bref une contrée où la diversité a déjà largement fait ses preuves. En Finlande, on est un poil moins fantaisiste, voire plutôt classique même si se démarquent le folk metal, le viking metal dont Korpiklaani, Finntroll sont les dignes représentants. Apocalyptica qui reprend les standards du metal avec des violoncelles. Et bien sûr n'oublions pas les "célèbres" et grimés Lordi, ce serait dommage de ne pas les citer même si leur hard rock reste assez conventionnel.
Aujourd'hui débarque un groupe jusqu'alors inconnu, King Satan avec un premier album modestement appelé "King Fucking Satan". Je pense que vous aurez compris ici que le thème de cet album est la nature enchanteresse de la forêt finlandaise.... Trêve de plaisanterie.
Après un EP qui les a propulsés et permis de signer avec le label Saturnals records, le groupe "nouveau né" de metal industriel King Satan a également pu partager l'affiche avec entre autres Carpenter Brut, Perturbator et les sus-nommés Shining (Nor).
Une belle promesse sur le papier.
King Fucking Satan offre 10 titres alliant black metal et "indus". Cependant, au terme de plusieurs écoutes, il est pour ma part difficile de comprendre ce que le groupe a voulu faire. Est-ce un projet qui se veut un peu parodique ? Ou est-il sérieux ?
En tous les cas, la résultante est que la mixité metal / techno ne prend pas. Oui car en réalité on est bien loin de l'indus ici. Je pense tout de suite à Little Big, le groupe russe, à cause du côté kitch et exagéré. Certes, Little Big n'est pas de la lignée du metal, mais avec son hardcore brut et complètement décalé, des costumes, des clips et un jeu de scène pourtant outrageusement kitch il a su tout de même séduire les fans de metal par sa belle énergie agressive et tout simplement des titres qui font mouche. A côté, King Satan paraît bien fade. Ceci est dû à l'usage d'une techno particulièrement identifiée années 80/90. Soit, un son qui a très mal vieilli et qui rappelle la très mauvaise techno commerciale des manèges à auto-tamponneuses. Depuis quelques années, le son des années 80 revient à la mode, et est de plus en plus remis au goût du jour par de nombreux groupes de rock / metal. Carpenter Brut en est sûrement le meilleur exemple.
Toutefois, pour que cela fonctionne il faut y mettre une bonne dose de modernisme. Ce qui manque cruellement aux compositions de King Satan. Quant à la part de black metal, elle n'arrive pas à relever ni à dégager la moindre énergie de l'ensemble.
Cet album n'a malheureusement pas réussi à me convaincre.
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