Le groupe
Biographie :

Kommandant est un groupe de death / black / thrash metal américain formé en 2004 et actuellement composé de : Tiernan O'Rourke (basse), Jared Muench (guitare / Mordatorium, Unsanctioned), Amon LG (chant / Hellwaffe, ex-Lugburz, ex-Ov Plagues), James Bresnahan (guitare / ex-Funereal, ex-Contagion, ex-Cianide) et Steve Uildriks (batterie / Elbow Deep, ex-They Die Screaming, ex-Empyreus). Kommandant sort son premier album, "Stormlegion", en Décembre 2008 chez Planet Metal, suivi de "The Draconian Archetype" en Avril 2012 chez Aeternitas Tenebrarum Musicae Fundamentum, de "The Architects Of Extermination" en Avril 2015, de "Blood Eel" en Septembre 2018, et de "Titan Hammer" en Janvier 2023.

Discographie :

2008 : "Stormlegion"
2010 : "Kontakt" (EP)
2012 : "The Draconian Archetype"
2015 : "The Architects Of Extermination"
2018 : "Blood Eel"
2023 : "Titan Hammer"


Les chroniques


"Titan Hammer"
Note : 16/20

Ce qui est pratique avec un groupe comme Kommandant, c'est qu'il suffit de voir son nom et son imagerie pour savoir de quoi il en retourne. Un patronyme martial, une imagerie qui joue avec les codes totalitaires, des masques à gaz partout ? Tout ça sent le black / death brutal et malsain avec peut-être de légères touches industrielles. Et c'est à peu près ce que nous propose une fois de plus le cinquième album du groupe, "Titan Hammer".

Si la musique du groupe a toujours été brutale, ne vous imaginez pas un pilonnage non stop pour autant, Kommandant sait placer quelques baisses de pression qui permettent de ralentir le rythme et d'amplifier le côté oppressant et froid des ambiances. Cela dit, ça cogne quand même fort et les oreilles les plus sensibles vont se faire maltraiter par ici ! "The Arrival" ne prend d'ailleurs pas de gants et ouvre l'album sans perdre de temps avec une quelconque introduction, on se prend donc du black metal bien crade et malsain en guise de comité d'accueil. On retrouve ce côté dissonant que l'on peut retrouver chez Mayhem et que Kommandant avait déjà fait entendre sur ses précédentes réalisations. Mais si la musique du groupe se fait parfois chaotique elle aussi, on reste quand même dans quelque chose de bien plus direct et frontal que ce que produisent les Norvégiens sur leurs derniers albums. Les riffs qui sont volontairement répétés amplifient encore le caractère impitoyable de l'ensemble et font comprendre très vite que le groupe n'est pas là pour ménager qui que ce soit. "Titan Hammer" est là pour défoncer tout ce qui bouge et annihiler toute forme de résistance, vous allez donc vous faire rouler dessus pendant une bonne quarantaine de minutes. Pourtant, Kommandant ne sombre jamais dans la facilité du blast en permanence et si le rythme de ce premier morceau est assez soutenu, il y a quand même de la place pour quelques mélodies dissonantes et glaciales.

Le morceau-titre qui suit enclenche la seconde et accélère donc le rythme avec là encore un black metal froid et impitoyable qui emprunte à la puissance du death et balance une ambiance tout aussi froide et glauque que son prédécesseur. "Atlantean Deathmarch" est le premier morceau à vraiment lever le pied pour un tempo majoritairement mid en dehors de quelques petites accélérations, ce qui ne l'empêche pas d'être tout aussi impitoyable que le reste avec là encore des ambiances très froides et malsaines. La plupart des morceaux s'approchent des quatre ou cinq minutes et appliquent un schéma souvent répétitif, à dessein puisque le but est d'évoquer une tyrannie qui finira inexorablement par vous broyer. Le feeling Mayhem dont on parlait plus tôt se fait entendre de façon plus flagrante sur "Siberian Overthrow" qui renvoie clairement à "De Mysteriis Dom Sathanas" avec la couche de puissance et de brutalité supplémentaire typique de Kommandant. Les petites touches que pouvait parfois faire entendre "The Architects Of Extermination", par exemple, ne sont pas de retour cette fois-ci, mais les ambiances arrivent à être glaciales, oppressantes et inquiétantes sans ce petit détail. "Sublimation Of Resistance", quant à lui, fait ressortir à merveille le côté le plus martial de la musique de Kommandant avec une alternance intelligente de mid-tempo et de gros blasts brutaux pendant près de sept minutes. Avec une telle longueur, ce morceau est évidemment plus dynamique et plus varié que les autres et le groupe en profite pour se faire un peu plus subtil.

Au final, Kommandant revient avec un nouvel album peut-être un peu plus frontal et brutal que son prédécesseur mais qui garde la patte bien connue du groupe. "Titan Hammer" balance donc un black / death malsain, martial et teigneux qui rase tout sur son passage en une petite quarantaine de minutes.


Murderworks
Mars 2023




"Blood Eel"
Note : 17/20

Kommandant n’est pas le roi de l’ambiance, c’est même l’antithèse absolue de notre Pat’ Seb’ national. Pour preuve, ces amerloches n’hésitent pas à étaler l’intro de leur disque sur quatre minutes, angoissante et monotone, manière de bien nous mettre en condition. La deuxième plage éponyme, prolonge le mal en étalant un riff macabre de deux notes, ponctué de voix et de sons vicieux, et le martèlement de la caisse claire en mode militaire, en préambule à un voyage musical des plus noirs, car oui, nous sommes face à un disque extrêmement sombre et méchant.

Au niveau discographique, nos cinq mercenaires n’en sont pas à leur premier méfait. Responsable de nombreux splits et démos, la formation propose son quatrième album sobrement intitulé "Blood Eel", véritable déluge de haine et de désespoir. En effet, musicalement, c’est un déluge de sonorités déshumanisées et désespérées qui s’abat sur l’auditeur. Le mix est assez étrange, la batterie manque de puissance, et sonne un peu trop triggée à mon goût. De plus, elle a du mal à se fondre au reste des instruments. La production est un peu écrasée et manque de relief, mais ce positionnement dans l’espace participe à la mise en œuvre volontaire de ce climat décadent et malsain. Déroutante dans un premier temps, on s’y habitue assez rapidement au final. Un peu à la manière de Mayhem dont la démarche consiste à offrir à chaque album une nouvelle facette de son art sombre, Kommandant élabore un black metal qui sort des sentiers battus. La musique est à l’image de la pochette, sombre et dénudée. Le logo très sobre, et l’imagerie du groupe qui s’inspire du troisième Reich, avec tout l’attirail, masques à gaz et matraque à la main, renforcent le sentiment impur et pernicieux qui se dégage de la musique du groupe.

La batterie domine l’espace sonore grâce à de très nombreuses interventions, on sent l’influence d’un Hellhammer (le batteur, pas le groupe). Les guitares sont lointaines mais omniprésentes et engagées. Sans jamais sombrer dans le cliché ou le malvenu, c’est dans la dissonance qu’elles se révèlent, à grands renfort de riffs malsains et d’arpèges à la fois distordus et tranchants. La basse est presque en mode "…And Justice For All", on la devine si on s’y attarde, grâce à ses fréquences aigus. Celle-ci fait son taf malgré tout en ajoutant une profondeur abyssale au rendu global. Tout ce chaos sonore ajoute du crédit à "Blood Eel", un album qui a pour objectif unique de déverser un flot de fiel nocif. De multiples ambiances et sons en tout genre interviennent régulièrement, et augmentent le sentiment d’angoisse qui émerge de ce voyage musical sadomasochiste. Le chant est sincère et impliqué, et élabore des lignes hurlées très efficaces. Il élabore de multiples timbres et nuances qui renforcent le côté macabre. De nombreuses voix parlées interviennent aussi pour colorer le paysage sonore.

Si vous recherchez, dans le black le côté haineux et misanthrope, alors cet album est fait pour vous. En sept titres pour 50 minutes, Kommandant parvient à convaincre avec son metal nuisible, néfaste et véritablement crédible. Un disque qui n’est cependant pas adapté à toutes les oreilles. Seuls les plus timbrés d’entre-nous apprécieront.


Trrha'l
Février 2019




"The Architects Of Extermination"
Note : 16/20

Patronyme militaire, visuel à l'esthétique néo-classique totalitaire, titre d'album et de morceaux à double sens, on peut dire que les Ricains de Kommandant savent se présenter. Mais rassurez-vous, rien de sulfureux chez ce groupe. "The Architects Of Extermination" est le deuxième (et troisième au total) opus longue durée à paraître chez les Italiens d'ATMF et se veut meilleur que les albums précédents, "Stormlegion", au style plus thrashy, et "The Draconian Archetype", qui marquait déjà une évolution vers un style plus dur et martial mais qui se révèle bien plus abouti ici.

Le black / death martial de Kommandant se veut particulièrement inspiré et incisif. Tantôt brutales, tantôt plus axées sur les atmosphères mais toujours portées par de lourdes et enténébrées saturations, les compositions sont des petites tueries de metal froid et sans compromis. Assez proche d'un Mayhem récent, Kommandant s'en démarque par une approche plus industrielle (dans l'attitude, non dans le son) et crade que chez les Scandinaves. Qui dit martial dit forcément percussions, et là, le groupe, dans sa lutte musicale contre l'humanité, en fait une arme de destruction massive. Ultra-carrée et renforcée par des toms basse assourdissants, la musique du commando est un pur assaut rythmique contre notre cerveau, une marche puissante et implacable vers la victoire.

Un vrai sentiment de grandeur et de puissance se dégage de cet album monumental. Sans être fondamentalement original, "The Architects Of Extermination" frappe là où ça fait mal et met une belle branlée à moult de combos d'obédience black metal. Hail Kommandant !


Man Of Shadows
Juin 2015


Conclusion
Le site officiel : www.kommandant.us