Le groupe
Biographie :

Leprous est un groupe de rock / metal progressif fondé en 2001 et originaire de la ville de Notodden en Norvège d’où viennent déjà les groupes Emperor, Zyklon, Ihsahn, Peccatum et beaucoup d'autres. Après l'EP "Silent Waters" en 2004 et "Aeolia" en 2006, le groupe a enregistré son premier album "Tall Poppy Syndrome" en 2008 chez Sensory Records, pour une sortie en Mai 2009. En 2009, ils ont joué avec Ihsahn et avec Emperor. A la fin 2010, ils font la première partie du groupe de metal symphonique suédois Therion pour leur tournée européenne. Le troisième album sort le 24 Août 2011. Ihsahn y est présent en tant qu'invité au chant. Le groupe sort son quatrième album, intitulé "Coal", le 20 Mai 2013. Leprous est également le groupe qui accompagnait Ihsahn à tous ses concerts. Ihsahn a d'ailleurs été invité plusieurs fois à chanter sur les chansons de Leprous, notamment sur les chansons "Thorn" et "Contaminate Me", provenant respectivement des albums "Bilateral" et "Coal". L'album "The Congregation" sort le 25 Mai 2015 chez Inside Out Music, suivi de "Malina" le 25 Août 2017, de "Pitfalls" le 25 Octobre 2019, de "Aphelion" le 25 Août 2021, et de "Melodies Of Atonement" en Août 2024.

Discographie :

2004 : "Silent Waters" (EP)
2006 : "Aeolia"
2009 : "Tall Popy Syndrome"
2011 : "Bilateral"
2013 : "Coal"
2015 : "The Congregation"
2017 : "Malina"
2019 : "Pitfalls"
2021 : "Aphelion"
2024 : "Melodies Of Atonement"


Les chroniques


"Melodies Of Atonement"
Note : 15/20

Leprous n'a pas perdu de temps malgré la sortie de l'album solo d'Einar Solberg entre "Aphelion" et l'arrivée de ce "Melodies Of Atonement". On a d'ailleurs lu et entendu que le groupe allait cette fois remettre les guitares en avant et moins miser sur les orchestrations et la voix de son chanteur. Il est vrai que les deux derniers albums étaient de plus en plus centrés sur ces deux éléments et que la formule n'allait pas tarder à se répéter.

Alors pari réussi et parole tenue ? Oui et non. On entend certes plus de guitares et moins d'arrangements ou d'orchestrations, mais la voix d'Einar Solberg est toujours mise en avant et elle domine toujours autant le débat. On retrouve ces bends que le groupe aimait faire sur "The Congregation" par exemple, mais qui cette fois sont tellement nombreux qu'ils finissent par paraître forcés. Comme si le groupe voulait nous dire "Mais si, on est redevenus plus metal, écoutez toutes ces cordes qu'on tord comme au bon vieux temps", ce qui donne à cet exercice un air de gimmick ou de tic de composition. Bon, ça c'était pour les défauts de cette approche qui consiste visiblement à faire plaisir à une partie de son public, mais "Melodies Of Atonement" a évidemment des qualités. Leprous reste un groupe doué qui sait composer et ce nouvel album ne va pas devenir une bouse à cause de ça, les morceaux sont bons et les mélodies sont toujours efficaces. Mais il n'empêche que ces défauts doivent être pointés et comme on aime les groupes qui n'en font qu'à leur tête, on ne peut s'empêcher d'être déçus quand une démarche nous semble forcée. Ceci mis à part, on profite quand même de bons moments et si "Silently Walking Alone" balance pas mal de ces fameux bends que le groupe utilisait auparavant et qui prennent donc ici des airs de gimmick, il développe une ambiance plus sombre que les précédents albums qui fait plaisir à entendre. "Atonement", malgré des guitares bien présentes, prend un beat plus electro et crée un mélange entre les deux mondes assez efficace pour un morceau là aussi assez sombre. Pareil pour "My Specter" qui se fait plus inquiétant et pose une ambiance assez glauque avec là aussi des arrangements plus proches de l'electro et des guitares qui balancent des bends à tout-va.

L'ambiance général de l'album est de toute façon plus dure et plus noire, on sent que la fragilité qui était mise en avant sur les deux précédents albums recule sur "Melodies Of Atonement". Le retour des guitares plus présentes participe aussi à ce durcissement de la musique du groupe. Mais c'est justement ce qui suscite la petite déception, c'est qu'au-delà de ces guitares qui se font un peu plus entendre l'approche est la même. Cela donne l'impression que les guitares n'ont été placées là que pour essayer de reconquérir une partie du public qui s'est éventuellement évaporée avec "Aphelion" et "Pitfalls". Encore une fois, l'album est bon et les morceaux sont efficaces avec leur dose de mélodies touchantes ou accrocheuses, mais il y a tout de même cet arrière-goût de retour forcé aux guitares qui se fait sentir à plusieurs moments. "Like A Sunken Ship" fait même revenir vite fait le chant growlé et crié, ce qui m'étonnera toujours de la part de chanteurs ayant précisé à plusieurs reprises qu'ils n'avaient plus rien à dire dans ce registre (comme le nouveau Opeth qui fait visiblement revenir le growl lui aussi, alors que Mike Akerfeldt avait juré ses grands dieux que cela ne l'intéressait plus). Là encore, on a l'impression que c'est pour faire un clin d'œil à la frange la plus metal du public. On peut évidemment changer d'avis avec le temps, certaines circonstances peuvent aussi amener à composer du matériel plus dur, mais les déclarations en question ne sont pas vieilles et quand le changement d'avis est aussi soudain on se pose forcément quelques questions. En deuxième partie d'album, le groupe semble proposer ce qu'il a réellement envie de faire et "Limbo" se fait presque dansant par moments avec une approche un peu plus légère et tubesque.

"Faceless" sort même la contrebasse (ça y ressemble en tout cas) et des chœurs presque gospel pour un morceau plus funky même si l'arrière-plan reste assez sombre. Là, on entend un Leprous qui semble vraiment vouloir faire ce qu'il a envie de faire, qui abandonne cette idée d'essayer de remettre des guitares pour dire au métalleux du fond qui s'est barré avec les deux précédents albums : "Non mais reviens copain, on a ressorti les guitares et je balance même un growl sur un morceau". Le contraste entre la première et la seconde moitié de l'album est assez saisissant et la première donne vraiment l'impression que le groupe se force à essayer de composer comme il le faisait par le passé. D'ailleurs, c'est sur ces morceaux qu'Einar Solberg repart dans les aigus, là où sent qu'il se retient sur la première partie de l'album. Encore une fois, "Melodies Of Atonement" n'est pas mauvais, loin de là même, mais on sent une certaine retenue et un retour un peu forcé vers certaines sonorités qui n'intéressent peut-être plus vraiment le groupe.

Au final, Leprous revient certes avec un bon album mais le groupe semble parfois se forcer à remettre une petite dose de metal dans sa musique. Ce qui n'enlève rien au fait que les morceaux de "Melodies Of Atonement" sont bons, mais cela crée quand même une petite gêne (chez moi en tout cas) avec cette impression que le groupe fait des appels du pied à son public le plus metal. Dans le doute, allez-y jeter une oreille, premièrement parce que ça reste un bon album et deuxièmement parce que cela ne dérangera pas forcément tout le monde.


Murderworks
Octobre 2021




"Aphelion"
Note : 19/20

Un peu moins de deux années se sont écoulées depuis la sortie de l'excellent "Pitfalls" et Leprous est déjà de retour avec "Aphelion" ! Pandémie oblige, les tournées sont annulées et les groupes ont du temps à passer en studio à composer et enregistrer. Si "Pitfalls" sentait la dépression, le titre de ce nouvel album n'annonce pas une ambiance plus joyeuse puisque dans le cadre du système solaire l'aphélie est le point où la Terre est le plus éloignée du soleil (l'opposé, donc le point où elle est le plus proche étant la périhélie). Loin de la lumière donc, ce qui en dit long sur les émotions qui ont mené à ce nouvel album.

Et là vous vous demandez comment va faire Leprous pour offrir un successeur à un chef d'oeuvre comme "Pitfalls", sauf que ce n'est pas la première fois que le groupe est confronté à cette problématique que bien des artistes aimeraient connaître au moins une fois. Se posait aussi la question de l'orientation musicale puisque le groupe a progressivement évolué vers quelque chose de plus aérien, de plus en plus mélodique et de moins en moins metal. C'est "Running Low" qui nous accueille et nous fait déjà entendre un sacré mélange des genres puisqu'on passe de sonorités orchestrales, à d'autres plus orientales, le tout avec un groove tout droit hérité de la soul ! Leprous confirme en un peu plus de six minutes qu'il s'est définitivement débarassé des barrières et des anciennes attaches. Si "Out Of Here" est bien plus éthéré pendant les trois quarts du morceau, on retrouve un groove très marqué dans le dernier quart et Leprous continue à y explorer des terres pas très loin de la pop. "Silhouette", quant à lui, est peut-être un des morceaux qui renoue le plus avec le Leprous de "The Congragtion" avec tout de même beaucoup moins de grosses guitares. La musique du groupe se fait de plus en plus variée, de plus en plus riche, et intègre des éléments de différents albums sans jamais chercher à en reproduire un seul. "Aphelion" marche dans les traces de "Pitfalls" avec toutefois des ambiances un peu plus lumineuses, la musique se faisant plus mélancolique là où le précédent album en laissait entendre de bien plus noires. Si ce dernier présentait un Leprous qui donnait l'impression de se mettre réellement à nu pour la première fois, ce nouvel essai évoque quant à lui un groupe qui prend son envol. Conscient de sa libération de tout carcan, de son affirmation par une introspection douloureuse mais nécessaire, le groupe déploie réellement ses ailes et nous montre son vrai visage.

"All The Moments" nous offre des moments très proche à la fois du rock progressif des années 70 et 80 et des mélodies aériennes qui évoquent une impression de sérénité similaire aux derniers Anathema. Une fois de plus, les cinquante-six minutes passent à une vitesse folle et si ce nouvel album est de ceux qui ne livrent pas ses secrets à la première écoute, il se fait suffisamment accueillant pour que l'on ait envie de s'y plonger. Comme sur "Pitfalls", les arrangements électroniques et les orchestrations interviennent régulièrement et si les guitares sont toujours présentes, elles ne s'expriment que rarement par de gros riffs. Pourtant, malgré ce côté moins direct qu'auparavant, moins metal et moins basé sur les riffs, la musique de Leprous reste assez accrocheuse et peut-être même faussement immédiate. Si les mélodies se mémorisent facilement et si les refrains vous restent dans le crâne très vite, "Aphelion" regorge de détails et d'arrangements que vous ne saisirez pas tout de suite. Sans compter un vrai travail sur le son qui est puissant et très organique et qui permet d'entendre le moindre détail lors d'une écoute au casque. Au-delà de toute considération stylistique, "Aphelion" est l'oeuvre d'un groupe enfin libre, qui donne l'impression d'avoir trouvé sa véritable voie après l'avoir longtemps cherché. On retrouve cette beauté d'une sincérité désarmante qui fera vaciller tous ceux qui ne sont pas des bourrins en puissance et un morceau comme "On Hold" frappe une fois de plus en plein cœur tout en faisant preuve d'un certain minimalisme. Un parti pris qui le dépouille de tout artifice et ne le rend finalement que plus touchant et sincère. Un dénuement qui se retrouve aussi "Castaway Angels" que le groupe avait laissé entendre avant la sortie de l'album et qui est construit autour de guitares acoustiques et d'un piano.

Au final, Leprous frappe très fort une fois de plus avec "Aphelion" et nous délivre un album aussi touchant et sincère que "Pitfalls" même si un peu plus lumineux. Ce nouvel album confirme que le groupe s'est définitivement débarassé de toute barrière et qu'il est bien parti pour continuer à faire tout ce qu'il a envie de faire, pour le plus grand bonheur de nos oreilles qui en profitent bien.


Murderworks
Octobre 2021




"Pitfalls"
Note : 19/20

Réglé comme une horloge, Leprous est de retour deux ans après un "Malina" superbe et efficace mais peut-être un peu trop facile et nous livre "Pitfalls" qui, comme je l'espérais, se démarque bien plus de ses prédécesseurs. Avouez que cela aurait été dommage de voir un groupe si créatif s'enliser dans une routine répétée à l'envie d'album en album.

C'est donc "Below" qui se charge de nous annoncer la nouvelle couleur des Norvégiens et ce premier titre se pare de ses plus beaux habits electro pour nous accueillir et nous faire comprendre que le metal n'est plus seul à avoir voix au chapitre chez Leprous. Cela se sentait depuis un moment mais c'est cette fois confirmé, le groupe chasse sur des terres plus rock, plus pop parfois mais l'ambiance est toujours aussi sombre et torturée. Ce premier morceau est d'ailleurs drapé d'une beauté vénéneuse qui contraste admirablement avec les rythmes presque trip hop et dansants que le groupe y développe. C'est d'ailleurs dans les rythmiques, plus que dans les arrangements, que se ressentent les influences electro et les métalleux vont clairement être dégoutés en entendant ça. Pourtant, ces six premières minutes sont d'une noirceur incontestable et je doute que l'on entende ça sur le dancefloor du coin ! Sans compter que la sensibilité présente depuis le début dans la musique de Leprous se trouve exacerbée par ces ambiances parfois feutrées. Les grosses guitares ne sont plus et "I Lose Hope" confirme ce virage très groovy qui remplace le gros son par une sorte de sensualité noire qui sied très bien au groupe. J'espérais que Leprous n'allait pas s'endormir sur ses lauriers et "Pitfalls" confirme avec brio que mes craintes étaient totalement infondées et que la créativité de ces gars-là est loin de s'être tarie. L'influence de Muse se fait certes entendre sur certaines lignes de chant mais ce n'est pas la première fois chez Leprous. "Observe The Train" montre lui aussi une tristesse et une noirceur poignante et à la sincérité désarmante. Un morceau tout en retenue et en simplicité qui prouve s'il en était besoin qu'il n'est pas utile d'en faire des tonnes pour avoir de l'impact. Globalement, le chant d'Einar Solberg se fait lui aussi plus maîtrisé, plus fin et les lignes de chant s'éloignent de ces fameuses vocalises qui étaient doucement en train de devenir un gimmick.

C'est au moment où le groupe semblait perdre un peu de vitesse qu'il nous prend par surprise avec ce "Pitfalls" inventif et aventureux qui prouve que Leprous a encore beaucoup de choses à nous dire et qu'il ne s'embarasse définitivement plus d'aucune barrière. Il ne fait aucun doute que le groupe va laisser du monde sur le carreau avec cette nouvelle orientation mais je soutiens totalement la démarche. Pour peu que vous ayez l'esprit suffisamment ouvert, ce nouvel album est un joyau noir et malgré sa simplicité apparente, il affiche une profondeur et une richesse impressionnantes ! Leprous signe ici son album le moins metal mais il s'agit pourtant bel et bien de leur plus noir méfait car même si le groupe n'a jamais été connu pour pratiquer une musique joyeuse, il y a ici une tristesse plus profonde, une mélancolie plus pesante. Vous allez entendre des sonorités proches du trip hop plus d'une fois et la reprise de Massive Attack présente sur l'édition limitée de l'album n'est probablement pas innocente. On sent en tout cas sur "Pitfalls" une sorte de sérénité dans la noirceur, une acceptation de cette part de nous qui plonge avec délice dans les eaux boueuses de la dépression et de la solitude. On entend clairement que le groupe y fait ce qu'il a envie, ou besoin, de faire sans jamais se demander si le risque est trop grand, si le public va les suivre ou non. Ce nouvel album est une véritable mise à nue et on sent que le groupe se livre à nous comme il ne l'avait peut-être jamais fait jusqu'à maintenant. Au point que "Foreigner" qui est le morceau le plus proche de ce que le groupe faisait auparavant est pour moi le titre le plus faible de ce nouvel album (mais bon, un morceau faible sur un album magistral, cela reste un bon morceau). Rien que pour ça, laissez une chance à "Pitfalls" si la première écoute vous refroidit car il y a de fortes chances qu'il finisse par vous parler au bout d'un moment. Personellement, j'ai été soufflé tout de suite et je me réjouis de cette évolution de la part des Norvégiens tant j'avais peur qu'ils tombent dans la facilité à répéter ce qui a fait leur succès.

Je vais peut-être aller loin pour certains mais je crois que Leprous vient de nous livrer son chef d'oeuvre le plus simplement du monde ! "Pitfalls" est un bijou d'une noirceur impénétrable à la beauté vénéneuse et dont la sincérité désarmante devrait ébranler ceux qui sauront écouter.


Murderworks
Novembre 2019




"Malina"
Note : 17/20

Retour sur le dernier album de Leprous sorti depuis un petit moment maintenant, "Malina" de son petit nom. "The Congregation", même s'il manquait un peu de la folie de "Coal", avait fait son petit effet et ses morceaux sont restés dans le crâne de pas mal de monde pendant un bon moment.

Pour ce "Malina", c'est très simple on prend les mêmes et on recommence, ce qui sera sûrement le plus gros défaut de l'album sachant que cela vire parfois limite au gimmick. Que ce soit pour les vocalises, les structures des morceaux ou les mélodies on frise l'auto-parodie plus d'une fois. "Malina" ne serait donc qu'une pâle copie de tout ce que le groupe a fait jusqu'à maintenant ? Pas du tout, ce serait oublier le talent de composition de ces gars-là et leur faculté à balancer des mélodies qui tuent et des ambiances qui vous prennent à la gorge. Dès "Bonneville" qui ouvre l'album, on se fait avoir encore une fois et on se retrouve embarqués dans l'univers de Leprous sans même avoir eu le temps de résister. On retrouve tous les ingrédients qui ont fait le succès de "Coal" et "The Congregation", des morceaux à la fois doux, techniques, sombres, mélancoliques et pourtant terriblement accrocheurs. Globalement, "Malina" est peut-être un peu plus noir que "The Congregation", l'ambiance se fait régulièrement un peu plus pesante sans jamais se départir de ce côté extrêmement mélodique ou de cette beauté vénéneuse dont le groupe a le secret. Ceux qui trouvaient que leur musique devenait trop pop et que le metal s'y faisait de plus en plus discret ne risquent pas de trouver leur compte cette fois non plus, le groupe continue, comme je l'ai dit, sur la voie tracée par son grand frère et ne s'en écarte que pour apporter deux ou trois légères variantes de temps en temps.

Toujours est-il que l'heure que dure l'album passe très vite et que "Malina" nous embarque dans son monde sans jamais lâcher prise, la preuve que malgré les ressemblances avec "The Congregation" le talent de composition suffit à faire effet. Quelques petites expérimentations tout de même sont au programme, notamment des sonorités bien dégueulasses pour Leprous sur "Mirage" qui installe une ambiance plus pesante et oppressante que le reste de l'album. On retrouve donc, comme je le disais, cette capacité à vous ancrer des lignes de chant et des mélodies dans la tête au point qu'elles ne vous lâchent plus au bout de deux écoutes seulement, une preuve de plus que ce groupe sait composer de véritables chansons. Pourtant, même si le traditionnel couplet-refrain est de la partie, Leprous continue à faire bouger les structures, à bousculer le rythme, un héritage indéniable du progressif toujours bien présent évidemment. Bref, même si les ressemblances avec son grand frère peuvent gêner un peu aux premières écoutes, "Malina" finit très vite par vous avoir et vous allez y revenir plus d'une fois, là encore comme pour "The Congregation". J'espère quand même que le groupe va varier un peu les plaisirs à l'avenir histoire de ne pas s'enliser dans la même formule mais pour l'instant ça marche toujours et ce nouvel album (plus si nouveau vu mon retard...) est une fois de plus un grand cru. Niveau production, on est là aussi très proche de "The Congregation" donc pas de souci, ça sonne parfaitement bien.

Malgré le fait que l'album soit par certains points très proche de son prédécesseur, "Malina" permet au groupe de faire mouche une fois de plus et de frapper en plein cœur. On espère tout de même que le groupe ne va pas choisir de se reposer sur ses acquis à l'avenir, même si ce n'est que la première fois qu'il n'y a pas un fossé entre deux albums.


Murderworks
Janvier 2018




"The Congregation"
Note : 17/20

Si vous n'avez pas vécu ces dernières années dans une grotte, vous avez forcément entendu parler des Norvégiens de Leprous, que ce soit par la qualité de leurs trois premiers albums ou par le fait que les membres du groupe accompagnaient encore il y a peu de temps Ihsahn sur scène. Succéder à un joyau comme "Coal" n'est pas chose aisée, et "The Congregation" va forcément être comparé à son illustre grand fère.

Si Leprous naviguait allègrement dans les eaux du metal progressif sur ses deux premier albums, "Coal" les voyait s'émanciper vers une musique tout aussi complexe mais plus accrocheuse et empreinte d'une sensibilité plus appuyée. En résultait une pépite de metal à la fois progressif, mélodique, avec une légère touche extrême par moments et toujours d'une qualité exceptionnelle. Bien entendu le chant versatile d'Einar Solberg fait beaucoup pour la personnalité de ce groupe, mais ce chant n'est pas leur seul atout. Tout ça pour dire que "The Congregation" se trouve en mauvaise posture d'entrée de jeu, il arrive après un chef d'œuvre et risque de se faire allumer si la prise de risque et la qualité sont absentes. Rassurez-vous, ce n'est pas le cas, cela dit et comme il fallait s'y attendre, ce nouvel album n'atteint pas toujours les sommets de son prédécesseur (le refrain de "Third Law" est dantesque par contre). Pourtant, Leprous a gardé à peu près le même cap, un metal progressif riche en émotions et en sensibilité avec la dose syndicale de technicité sans jamais déborder dans le domaine de la démonstration ou de la jam. Et le chant a gardé ses lignes mélodiques parfois très proches de Muse depuis le précédent album, je sais que ça va faire hurler ceux qui détestent ce groupe mais je pense que le chanteur de Leprous doit les apprécier. En tout cas, dès "The Price", on reconnaît clairement la patte que le groupe a commencé à arborer sur "Coal", le morceau nous accueillant par ces fameuses vocalises, l'ambiance assez sombre etc. Le changement de section rythmique sur ce nouvel album n'a pas vraiment bouleversé les habitudes du groupe et c'est tant mieux pour nous. Je ne sais pas si c'est parce que "Coal" m'a vraiment marqué ou si c'est parce que je le connais forcément mieux que ce nouvel album mais je trouve "The Congregation" un très léger poil en dessous.

C'est le malheur des groupes qui vous habituent à l'excellence, quand ils se contentent de faire un très bon album, on ne peut s'empêcher d'être légèrement déçu. Et c'est un peu ce qui vient d'arriver à Leprous, parce que concrètement, "The Congregation" est un excellent album et il y a un sacré paquet de groupes qui aimeraient pouvoir composer des morceaux de cette envergure. Encore une fois, le problème vient du fait que "Coal" soit sorti avant lui et que la concurrence est forcément déloyale, celui-ci étant quasiment parfait il était forcément très difficile de retrouver le même niveau. "Coal" est le genre d'albums qui n'arrive qu'une fois chez les groupes qui ont la chance d'être touché par la grâce, très peu sont capables de réitérer l'exploit une deuxième fois d'affilée. Mais si vous arrivez à mettre celui-ci de côté et à surmonter votre éventuelle déception à la première écoute, vous vous rendrez compte que "The Congregation" est tout de même un digne successeur et que les frissons sont au rendez-vous une fois de plus. Que ce soit le refrain de "Third Law" cité plus haut ou la beauté froide de "The Flood", le groupe réussira une fois de plus à vous choper aux tripes. Les passages poignants sont légion une fois de plus et Leprous prend un malin plaisir à étaler son talent de composition et son sens inné de la mélodie qui tue pendant une bonne heure. Inutile de préciser que techniquement il n'y aucun reproche possible, le son est parfait et les musiciens sont tous des monstres comme d'habitude. L'inquiétude légitime quant au changement de batteur est balayée d'un revers de baguette, le jeu de Baard Kolstad étant aussi inventif et varié que celui de Tobias Ornes Andersen.

En tout cas, malgré la comparaison avec "Coal" qui sera faite de toute façon par tout le monde, ce nouvel album est un excellent cru une fois de plus. Passé la minuscule déception d'entendre un album un poil en dessous de son prédécesseur, l'album nous délivre ce qu'il a dans le ventre : une sensibilité hors norme, un sens de la mélodie que beaucoup doivent leur envier, un chant superbe et particulier, bref de quoi justifier un achat sans réfléchir.


Murderworks
Juillet 2015




"Coal"
Note : 1920

Pour ceux qui auraient lu ma chronique de leur concert au Biebob de Vosselaar le 21/10/2012, vous savez désormais que je suis un grand fan des norvégiens de Leprous. Ça ne sera donc pas une surprise de me voir chroniquer dans la foulée leur nouvelle livraison depuis "Bilateral" sorti en 2011.

Et en deux ans, on peut dire qu’ils n’ont pas chômé les p'tits jeunes. Non content d’avoir réalisé leur première tournée européenne en tête d’affiche, le groupe au complet accompagne Ihsahn en live, soit autant de temps passé sur les routes. A ce rythme, peu auraient pu trouver le temps de donner naissance aussi rapidement à un album aussi fouillé que l’est "Coal". De la première note de "Foe" à la dernière mesure de "Contaminate Me", le quintette donne une véritable leçon de progressif dans son sens le plus littéral. Tout est ici pensé et réfléchi, technique sans démonstration, sombre sans être larmoyant, original sans verser dans le pompeux, émotionnel sans guimauve, bref, paradoxal... Longtemps considéré comme les petits frères de Pain Of Salvation, Leprous a su mettre de côté toute ressemblance trop présente pour se bâtir une véritable identité, tissant une ambiance générale froide, moderne et malsaine assez proche d’Ulver époque "Perdition City". La paire de guitaristes rivalise, quant à elle, d’ingéniosité pour bâtir un canevas tour à tour tranchant et atmosphérique, mais toujours empreint de mélodies torturées. Mais la clé de voûte du groupe réside certainement dans la voix si unique d’Einar Sorberg qui enchaîne ici les acrobaties, aussi à l’aise dans les cris que dans le lyrique ou les ballades, mais sans jamais se départir de cette sensibilité et de cette émotion qui font dresser les poils de l’auditeur ("The Cloak").

Rares sont les groupes capables d’assumer et surtout de maîtriser avec autant de classe ce type de musique, toujours au bord de la rupture, en équilibre constant entre beauté et noirceur et poussant l’auditeur dans l’introspection. Avec "Bilateral", j’avais pressenti un groupe à fort potentiel. Je ne savais même pas à quel point j’étais loin de la vérité…


Ben
Septembre 2013


Conclusion
Le site officiel : www.leprous.net