Après être originellement sorti de manière indépendante en Mars 2023 uniquement en vinyle, le nouvel album de Lipid, "The Perfect Killing Machine", ressort en CD et numérique chez Great Dane Records. Et si ce groupe danois n'a sorti qu'un album et quatre EPS avant celui-ci? il n'est pas jeune pour autant puisque sa première réalisation, l'EP "Lipid", date tout de même de 1998 ! Pour le style, c'est du bon thrash qui tache et qui faisait déjà pas mal de dégâts sur "Deliver Us From Evil", le premier album du groupe sorti en 2006. Ne vous fiez pas à la pochette peu engageante, le contenu est bien plus intéressant !

Ce nouveau méfait affiche à peine trente-deux minutes au compteur et confirme donc son intention de rentrer dans le lard et d'envoyer la sauce de manière directe, ce qui tombe bien puisque c'est un peu ce qu'on cherche quand on écoute du thrash. "Dead For The Rest Of Your Life" nous accueille avec de bons riffs dans la grande tradition du genre et qui nous renvoient à la fameuse Bay Area. On sent du Slayer, du Testament, du Exodus mais le groupe arrive à y mettre sa patte et surtout son sens du groove qui fait déjà des étincelles sur ce premier morceau. Les passages les plus mid-tempo font aussi mal que les passages les plus teigneux, les mélodies sont bien présentes et enrichissent un thrash bien ficelé et les guitares incisives donnent le tranchant nécessaire à tout cet arsenal qui ne vous veut pas du bien. Le gros son puissant et propre en rajoute une couche et permet à "The Perfect Killing Machine" d'avoir tout ce qu'il faut sous la main pour vous péter les cervicales. Les morceaux ont beau aller régulièrement jusqu'aux cinq minutes, l'album ne souffre d'aucune longueur et le thrash de Lipid fait mal du début à la fin. On sent que les membres du groupe ont de la bouteille et connaissent le genre sur le bout des doigts. Le morceau-titre suit et nous envoie lui aussi une bonne dose de riffs brise-nuque avec là encore quelques passages mid-tempo et groovy du plus bel effet ! L'influence Testament s'entend clairement sur ce morceau jusque dans le chant de Søren Hartlev Pedersen qui nous rappelle ce bon vieux Chuck Billy. Nul doute que tout ça doit faire un sacré barouf sur scène, donc si les bougres passent près de chez vous seriez bien inspirés d'aller les voir et de nous en dire des nouvelles.

En attendant d'avoir peut-être une occasion de les croiser, profitons donc joyeusement de ce deuxième album inespéré qui distribue les claques à la chaîne comme si le groupe ne s'était jamais arrêté. Des retours d'anciens on en a eu beaucoup ces dernières années et tous ne sont pas heureux loin de là. Celui de Lipid est totalement justifié et ces Danois ont clairement la patate, l'envie d'en découdre et un amour du metal qui transpire de chaque note de "The Perfect Killing Machine". Même sur un morceau comme "Before The Storm" plus mélodique et posé on sent comme un souffle épique tout droit venu du heavy metal qui nous fout des frissons et nous pousse au headbanging. "Omnious Symphony" fait office de respiration au milieu de toute cette puissance en nous offrant un petit interlude mélodique et mélancolique qui ajoute un peu d'épaisseur à ce thrash sans pitié. Une coupure plus douce que "Wreck For The Past" s'empresse de briser avec joie en balançant un up-tempo et des riffs taillés dans le roc qui vous tombent sur le coin de la tronche sans prévenir. "Imagination For The Fake" avec ses six minutes remet la mélodie en avant et prouve que ces Danois savent faire autre chose que rentrer dans le lard, tout en gardant quand même quelques riffs bien puissants dans les poches. Ne cherchez pas tout est là : le groove qui tue, la puissance, la vélocité, la maîtrise technique, le gros son, les mélodies, bref vous n'avez plus aucune raison de vous contenter des gros noms du genre. Le groupe est revenu pour remettre les pendules à l'heure et je vous garantis que le coucou a pris cher au passage !

Lipid n'est peut-être pas le nom le plus connu en matière de thrash par chez nous, loin de là même. J'étais d'ailleurs moi-même totalement passé à côté du premier album à l'époque avec un rattrapage fait pour les besoins de cette chronique (et pour le plaisir aussi parce que ça envoie bien ce truc quand même !). Mais avec une signature chez Great Dane Records, label français certes petit mais passionné pour deux, il faut espérer que cela change parce que Lipid en a dans le ventre et balance un thrash aux petits oignons d'une efficacité redoutable.