"The Illuminant"
Note : 18/20
Les arts sombres parlent avec Lucifer’s Child. Il aura fallu quelques années à George Emmanuel (guitare, ex-Necromantia, ex-Chaostar, ex-Rotting Christ en live), Marios Dupont (chant, ex-Karma Violens), Nick Vell (batterie, Chaostar) et Kostas Gerochristos (basse, Decipher, ex-Warhammer) pour créer leur troisième album, "The Illuminant", qu’ils sortent chez Agonia Records.
"Antichrist" attaque immédiatement avec un hurlement viscéral et une rythmique féroce lancée à pleine vitesse, adoptant des touches old school ainsi que des harmoniques inquiétantes et des vociférations furieuses. L’atmosphère s’alourdit lorsque les riffs ralentissent tout comme sur les premiers instants d’"As Bestas" où les mélodies aériennes nous guident vers cette marche quasi militaire en devenant plus dissonantes et en rencontrant des nuages de rage. Le morceau reste assez entêtant, mais il finira par laisser place à "The Serpent And The Rod" et à ses racines punk qui ne manqueront pas de s’enflammer et provoquer des passages massifs où le vocaliste se déchaîne avant de revenir à une partie instrumentale assez majestueuse.
"Ichor" prendra rapidement le relai avec une lenteur dissonante presque solennelle, mais une fois de plus le morceau s’embrase et nous dévoile des teintes plus violentes avant d’accueillir des choeurs et devenir beaucoup plus intense, puis le final nous offre un moment de répit apaisant avant de laisser "Righteous Flama" revenir à des patterns bien plus agressifs. Le morceau sera parfait pour dynamiser les sets du groupe avec sa batterie sauvage, mais les musiciens repartent sur une approche d’abord plus atmosphérique avec "Curse", pour finalement laisser les riffs devenir entêtants mais également assez vifs. "The Heavens Die" prend immédiatement la suite avec des riffs rapides et ravageurs, ne nous laissant qu’un court break pour reprendre notre souffle avant de lâcher à nouveau les rênes pour plus de rage ou au contraire un passage lent et pesant avant de déjà rejoindre "And All Is Prelude", le dernier morceau, où l’introduction mystique débouche sur un son obsédant où même les parties vocales suivent ce schéma oppressant jusqu’aux derniers instants.
Lucifer’s Child a récompensé notre attente avec un troisième excellent album. Si certains titres restent ancrés dans une approche très old school, les mélodies grecques de "The Illuminant" sont pleines de surprises, et elles n’attendent que de nous les dévoiler.
"The Order"
Note : 18/20
Plus je chronique d’albums, plus je me rends compte que la Grèce abrite de sublimes
perles, tel Lucifer’s Child. Formé en 2013 par Georges Emmanuel (guitare, Rotting
Christ, ex-Chaostar, ex-Valet Parn) et Stathis Ridis (basse, Nightfall, ex-Valet Parn), ils
sont rejoints la même année par Marios Dupont (chant, Karma Violens) et Nick Vell
(batterie, Chaostar, Descending). Ensemble, ils commencent à composer ce qui sera le
premier album du groupe, et le sortent finalement en 2015. Mêlant une base black metal à
des influences progressives, l’album est reçu de manière plutôt positive. Ne voulant pas
rester sur cette réussite, le groupe se remet au travail et nous offre aujourd’hui "The Order",
son deuxième album, sur lequel Alelxandros Antoniou (Macabre Omen, Necromaniac,
The One, ex-Lucifyre, ex-Scythian) a prêté sa voix. Si la religion catholique vous est chère,
je pense que vous n’apprécierez guère les paroles…
L’album démarre sur la diabolique "Viva Morte" et ses riffs aussi rapides que torturés. Le blast
beat est évidemment de mise, mais les harmoniques malsaines également. Le chant est
évidemment saturé, mais des échos nous parviennent dans tous les sens, nourrissant une
impression de folie blasphématoire qui s’étend partout à la fois. Deuxième titre, "The Order"
est nettement plus martial, surtout avec cette introduction qui amène des riffs impies mais
calmes. La batterie viendra ajouter la vitesse, mais le reste des instruments reste plutôt
ancré dans cet aspect ritualistique oppressant. les choeurs viendront évidemment renforcer
l’oppression ressentie, alors que "Fall Of The Rebel Angels" est nettement plus… enjouée.
Jouant plus sur le côté prog du son du groupe, les Grecs rendent leur black metal presque
psychédélique et chaotique. Cette sensation se calme sur la deuxième moitié du titre, mais
"Through Fire We Burn" revient à la charge avec un morceau inquiétant et mystérieux bien
qu’assez lent. C’est encore une fois sur l’aspect ritualistique que les Grecs jouent, et il ne fait
aucun doute que la communion avec leurs auditeurs sera totale.
On reprend avec les riffs aériens mais puissants d’"El Drago-Un", qui flirte par moments avec
un black-death imposant, mais surtout très recherché. Le chant est plus incisif que sur les
autres titres, et les instruments partent également dans des harmoniques plus épiques, alors
que "Black Heart" mêle un black metal malsain avec une rythmique lente. En effet, la
première moitié du titre est vraiment très lente, mais surtout martiale et mélodique à la fois.
Les hurlements du chanteur sont à glacer le sang… Le groupe enchaîne alors avec "Haraya",
qui revient sur des riffs sanglants, mais la batterie est toujours aussi directive, peu importe la
rapidité. Les samples aident également à installer cette ambiance semi-religieuse, et je
constate alors après le solo final que "Siste Farvel" est le dernier morceau. A nouveau très
lent, ce morceau presque entièrement instrumental est à la fois malsain et imposant, froid et
malaisant, épique et impénétrable. La rythmique se lance, les nuques se brisent, et c’est la
fin.
Bien que parfois très différent d’un titre à l’autre, "The Order" est un album très riche et
réfléchi. La puissance de Lucifer’s Child est parfaitement exploitée, et on ne s’ennuie pas
un seul instant. Loin d’être les pionniers du style, leurs influences sont clairement
identifiables pour les connaisseurs, mais le groupe sait aussi se forger sa propre identité à
grand coups de riffs.
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