"Serpent Devourment"
Note : 17/20
Maceration se déchaîne à nouveau. Suite à leur retour confirmé fin 2022 par un album, Jakob Schultz (guitare, ex-Invocator), accompagné aujourd’hui par Jan Bergmann Jepsen (chant, Cor Vacante), Rune Koldby (basse, ex-Encyrcle, ex-Spectral Mortuary) et Nicolai Kaltoft (batterie, ex-Corpus Mortale) dévoilent "Serpent Devourment", leur troisième album, avec le soutien d’Emanzipation Productions.
Certaines parties de guitare ont été enregistrées par Robert Tengs avant son départ.
"Serpent Devourment", la composition éponyme, est la première à frapper, d’abord avec son atmosphère pesante, puis avec des riffs sanglants et des mélodies abrasives, combinées aux parties vocales furieuses. On ressent parfois une pointe de mélancolie lors des passages les plus lents, alors que "The Den Of Misery" nous révèle toute sa rage dès les premiers instants, sans jamais la laisser faiblir même si le groupe est parfois amené à ralentir très légèrement avant un final lancinant. Le groupe enchaîne sur "A Corrosive Heart Fell Below" où les harmoniques entêtantes apparaissent de temps à autre pour apaiser les vagues de violence brutes, mais un sample leur viendra en aide avant la charge finale vers "Where Leeches Thrive" où le son devient inquiétant avant de nous montrer sa vraie puissance. La composition reste ancrée dans son death old school à la danoise et ses sonorités spécifiques, puis le groupe nous écrase sans ménagement avec "The Suffering", un des plus courts mais clairement pas le moins efficace de ses morceaux.
"Emptiness Embraced" prend la suite avec un groove accrocheur, mais également des passages plus aériens dans les leads qui vont également contrebalancer l’approche saccadée de "When Torment Befell My Pain". Le morceau est également assez court, mais il saura prouver son efficacité avec une rythmique solide avant de laisser place à "In Rot Unleashed" où une approche martiale ainsi qu’un solo torturé nous attendent pour compléter les patterns vifs qui rejoignent finalement la sauvage "Revolt The Tyrant Dream" qui nous matraque à son tour. Les harmoniques dissonantes ne sont pas en reste et s’ajoutent à la fureur avant de devenir macabres sur "For The End Alone", dernière composition de l’album, qui permet aux danois de cracher une dernière fois leur haine sur des riffs épais.
Maceration fait partie de ces groupes dont la renaissance confirme la puissance du death old school, même trente ans après. Rien de nouveau sous le soleil, mais "Serpent Devourment" nous apporte son lot de riffs furieux comme on les aime !
"It Never Ends..."
Note : 16/20
Dans le genre retour que personne n'avait vu venir, celui de Maceration se pose là ! Le groupe n'avait sorti qu'un seul album en 1992 du nom de "A Serenade Of Agony" et revient trente ans plus tard avec "It Never Ends...". Malgré toutes ces années, on reste évidemment sur un death metal assez old school et groovy qui va vous donner votre dose de guitares baveuses.
Le premier album "A Serenade Of Agony" faisait justement entendre un death que l'on qualifierait de old school aujourd'hui (mais qui ne l'était évidemment pas en 1992) assez nerveux et violent avec quelques passages plus techniques. Ces derniers ne se font plus vraiment remarquer sur "It Never Ends..." mais tout le reste est bien là ! D'ailleurs, c'est Dan Swanö qui tenait le micro sur le premier album et c'est toujours lui qui le tient sur ce nouveau méfait, en plus de mixer et masteriser l'ensemble. "Lost In Depravity", après quelques secondes d'introduction au piano pour poser une ambiance inquiétante, démarre l'album avec des riffs bien lourds avant de partir sur du up-tempo typique du death old school. On sent évidemment du Dismember, du Entombed dans les riffs les plus groovy et gras et quelques blasts viennent donner un coup de fouet à ce premier morceau qui nous confirme que Maceration n'a pas perdu la recette du bon gros death metal qui tache. "Epiphany Of The Past" alterne lui aussi passages violents et riffs écrasants sur fond de tapis de double grosse caisse et ça fonctionne toujours aussi bien même si on connaît la formule par cœur. "Arcane Secrets" se montre encore plus brutal avec un tempo pied au plancher en permanence et là encore une double grosse caisse qui défonce tout sur son passage. On pourrait presque y décerner un air de Edge Of Sanity période "Unorthodox" pour les passages death metal en tout cas. Le son est évidemment gros, gras et puissant comme il faut et la production appuie parfaitement la puissance de ces neuf morceaux.
En tout cas, chez Maceration, on n'aime pas s'étaler trop longtemps, l'album contient neuf morceaux et ne dure pas plus de trente-huit minutes. Comme les groupes des années 80 et 90, on ne cherchait pas à remplir la durée maximum à tout prix et on visait l'efficacité brute. Quand le groupe s'énerve, on se retrouve d'ailleurs avec des morceaux presque plus violents que ceux qu'il proposait à l'époque, comme par exemple "Engulfed In Agony" qui ne fait pas de prisonniers et défonce tout sur son passage. Seuls quelques riffs plus lourds et plus gras font retomber brièvement la pression avant que le morceau ne reparte dans une furie incontrôlable. "A Sacrifice Of Pity", quant à lui, fait entendre quelques patterns de batterie plus complexes et qui sortent de ce que l'on a l'habitude d'entendre dans le death old school. Une petite incartade qui ajoute de la vie et de la variété à un album qui ne manque pas de puissance, c'est toujours sympa à entendre et ça renoue brièvement avec les quelques passages plus techniques que pouvait faire entendre par moments "A Serenade Of Agony". On ne sera pas étonnés de retrouver un groove casseur de vertèbres puisque les groupes de death metal danois ont toujours eu ce don et que Maceration est l'un des premiers à pratiquer ce style au Danemark. "Tender Twigs Of Innocence" en est d'ailleurs un très bon exemple et si vous ne vous mettez pas à headbanguer là-dessus, je ne sais pas ce qu'il vous faut !
Maceration opère donc un retour totalement inattendu avec "It Never Ends..." mais extrêmement efficace ! On repart sur du death old school violent, groovy et bien gras qui sent l'authenticité à plein nez. Vous n'avez aucune excuse pour passer à côté si vous aimez le death metal qui tache et si vous ne connaissez pas encore "A Serenade Of Agony" sorti en 1992, c'est l'occasion rêvée de rattraper le retard par la même occasion.
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