Dune, Total Recall ou Tatooine. Autant de noms évocateurs de lourdes images et de sécheresse dans nos esprits gangrenés par la pop-culture et l'imaginaire fantastique. C'est aussi les noms qui me viennent rapidement à l'esprit à la vue de l'artwork très sympa de ce "Ashes Of Ohros", le premier skeud des Maiden Of Mars, le tout mêlé d'une ambiance kabbalistique surnaturelle, rapport au titre de l'album.

Le tout annonce donc du lourd mais attention. Porter le nom de la vierge de fer peut se réveler à double tranchant. Heureusement que le nom du groupe est plus en forme d'hommage plutôt que comme réelle annonce sur le style de musique. Ben ouais, contrairement aux apparences, les Maiden Of Mars ne livrent pas sur leur premier opus un simple condensé de heavy metal, loin s'en faut. Si les mélodies ne sont pas aussi envolées que dans le heavy metal mélodique pur et dur, c'est bien entendu pour laisser la part belle, en premier lieu, à la chanteuse (j'ai dit chanteuse, pas hurleuse) qui, elle aussi, a la rare intelligence de ne pas se perdre sur des lignes lyriques mal venues avec les riffs angulaires du combo. Non. Magali a ce talent de servir les propos de ses morceaux aidée par le talent de son groupe, plutôt que de supporter à elle seule la difficile charge d'identité du groupe. Alors oui, les plus puristes pourront reprocher au groupe de s'éloigner des sentiers battus, mais hey, c'est ce qui fait leur identité ("Ride The Sky", "Lost In Space"). Et de quoi est-elle faite ? D'ambiances, en premier lieu. De mélodies, certes, mais s’effaçant devant les riffs incisifs du groupe et de cette batterie qui semble inépuisable. Et oui, de heavy, du bon heavy, empruntant à la NWOBHM ses idées les plus incisives et les plus percutantes.

Un mot sur la prod', où on entend clairement la plupart des instru avec un léger retrait pour la batterie et la basse. La voix de Magali aurait peut-être gagné à être mise en avant également. On notera pour cette dernière -encore une fois- une performance plus qu'honorable sur l'avant-dernier titre de ce trop court album de 8 morceaux, "Hope Of Revenge". Non, clairement, ce skeud vaut son lot d'épices, ne serait-ce que pour l'énorme voyage auquel il convie l'auditeur. Un groupe marqué avec une identité solide, et ce, dès le premier skeud. C'est suffisamment rare pour être souligné. Et ce que j'adore, c'est que malgré les risques qu'ils prennent -et qu'ils relèvent d'ailleurs assez aisément- le groupe s'offre le luxe de t'envoyer LA chanson qui va faire taire tout le monde avec un "The Defender" parfaitement exécuté et pensé, jusqu’à la dernière mesure.

Un très bon skeud, donc, un petit joyau dans le monde trop fermé du heavy français. J'espère qu'ils vont aller loin, c'est tout ce qu'ils méritent, et, crois-moi, ils le méritent !