Le groupe
Biographie :

Master est un groupe de death metal de Chicago, formé en 1983. Considéré comme l'un des créateurs du death metal, Master prend ses origines à Chicago, en 1983, sur les cendres de War Cry. Après une rapide dissolution du groupe, Paul Speckmann monte Death Strike, qui adopte finalement le nom de Master en 1985. Malgré l’influence qu’il a eue sur la scène metal, Master n’a pas bénéficié d’une grande notoriété et reste, encore maintenant, un groupe relativement underground. Master se distingue par des textes politiques et par un death metal aux intonations punk, inspirées de Discharge. Ce groupe est probablement à l'origine de l'émergence du grindcore, avec des groupes comme Terrorizer et Repulsion ainsi que du thrash / death extrême (avec Macabre entre autres).

Discographie :

1990 : "Master"
1991 : "On The Seventh Day God Created... Master"
1993 : "Collection Of Souls"
1998 : "Faith Is In Season"
2001 : "Follow Your Savior" (EP)
2002 : "Let's Start A War"
2004 : "The Spirit Of The West"
2005 : "Four More Years Of Terror"
2007 : "Slaves To Society"
2010 : "The Human Machine"
2012 : "The New Elite"
2013 : "The Witchhunt"
2016 : "An Epiphany Of Hate"
2018 : "Vindictive Miscreant"
2019 : "Widower" (EP)
2024 : "Saints Dispelled"


Les chroniques


"Saints Dispelled"
Note : 15/20

L'avantage avec Master c'est que l'on sait exactement à quoi s'attendre, au point que le groupe a souvent été qualifié de Motörhead du death metal. Ce quatorzième album nommé "Saints Dispelled" va donc une fois de plus nous envoyer du death old school teinté de thrash sans la moindre concession à la modernité. Paul Speckman est là depuis tellement longtemps que sa passion ne peut être remise en question ; impossible de pratiquer ce type de death metal pendant autant de temps et sur autant d'albums sans avoir ça dans les veines. Peu importe que l'on aime ou non, le bougre mérite au moins le respect pour sa longévité, sa passion et son abnégation !

Ici au moins pas d'introduction inutile aux airs de passage obligé, "Destruction In June" balance directement la sauce et le death teinté de thrash de Master nous débarque sans ménagement dans les tympans. C'est toujours aussi direct, mid-tempo et groovy et la formule a prouvé son efficacité depuis bien longtemps. Master se fout des modes, des nouveaux courants ou de ce qui marche bien en ce moment. Ce qui intéresse le groupe, c'est de brancher le matos et de prendre son pied en nous balançant du gros death bien gras dans les enceintes, et à ce petit jeu-là il faut avouer que ces vétérans sont plutôt doués. Le headbanging est inévitable et la production sèche sur la batterie et grasse sur les guitares et la basse amène exactement ce qu'il faut pour appuyer cet esprit old school et direct. Comme d'habitude, le groove du groupe emprunte à ce bon vieux rock'n'roll voire même à l'urgence typique du punk, le tout mélangé dans ce bon vieux death metal avec quelques soupçons de thrash. Rien de neuf sous le soleil certes mais c'est justement ce que l'on vient chercher sur un album de Master, alors on range les protestations au placard et on se déboîte joyeusement les cervicales sur ces riffs taillés pour donner du boulot aux ostéopathes. Le début de "Minds Under Pressure" avec cette double grosse caisse qui démarre le morceau toute seule va forcément renvoyer à un "Overkill" survitaminé, de quoi justifier un peu plus ce surnom de Motörhead du death metal. Un morceau aux allures de char d'assaut avec son groove puissant et ses riffs simples mais efficaces.

Une fois de plus, c'est du old school pur et dur sur "Saints Dispelled", les petits jeunes amateurs de blasts et de plans techniques en seront pour leurs frais. De toute façon, vu la carrière du groupe, il faut avoir passé vingt ans dans une grotte ou découvrir le death metal pour ne pas savoir à quoi s'attendre. Paul Speckmann n'a jamais dévié d'un iota et a traversé toutes les périodes mouvementées du metal en restant droit dans ses bottes. Que le death reçoive les faveurs du public ou non il s'en fout, il continue son chemin et fait ce qu'il a envie de faire. Quand le death metal perdait du terrain vers le milieu et la fin des années 90, nombreux sont les groupes à avoir jeté l'éponge ou cherché à raccrocher un quelconque wagon. Ce n'est pas le cas de Master qui a continué à tracer sa route en disant "qui m'aime me suive", sans le moindre compromis ou la moindre concession. Bon, j'avoue ne pas comprendre le petit délire d'alternance de "fade in" et de "fade out" en dernière partie de "The Wizard Of Evil" mais ce n'est pas bien grave et c'est une façon comme une autre de clore l'album. Notons d'ailleurs que la version CD bénéficie de deux morceaux bonus, "Nomads" et "Alienation Of Insanity", ça vaut donc le coup d'opter pour cette version (en digipack ou en box limitée à 500 exemplaires) même si les fans de Master dingues de vinyles vont se retrouver avec les deux. "Nomads" est très efficace avec un up-tempo un peu plus énervé que le reste de l'album et un feeling presque punk au milieu des riffs death metal bien baveux. Quant à "Alienation Of Insanity", il s'étale sur huit minutes et en profite pour faire entendre quelques ambiances plus sombres et inquiétantes sur un tempo parfois plus lourd.

Master revient donc avec un album dans la droite lignée de ses prédécesseurs, "Saints Dispelled" ne dévie absolument pas de la ligne de conduite du groupe et continue de balancer ce death old school teinté de thrash direct et efficace. Pas de surprises mais un bon album de plus de la part d'un vétéran de la scène dont la passion et la persévérance forcent le respect !


Murderworks
Mai 2024




"Vindictive Miscreant"
Note : 15,5/20

Il est chaud comme la braise l’ami Speckmann, entre les sorties de splits, de lives, ses ébats musicaux avec Johansson (voir ma chronique du mois d’Avril sur le site de votre serviteur) et tout le bordel, il arrive quand même à nous pondre un nouvel album de Master. "Vindictive Miscreant" succède à "An Epiphany Of Hate", sorti deux ans plus tôt. Mark Cooper est à nouveau responsable de la pochette, mais le label a changé, c’est vers Transcending Obscurity que le "maître" s’est tourné. Voici pour le décor, maintenant, rentrons dans le vif du sujet, la musique !

L’album est introduit par la voix de ce cher Paul, qui éructe un "you’re nothing but a vindictive miscreant", en mode Lemmy Kilmister du death. En effet, si on cherche du rock'n’roll dans le metal de la mort, c’est ici qu’on le trouvera. Le son est droit, très compressé, mais c’est comme ça que ça doit sonner. Les riffs sont terriblement menaçants, la basse est bien là pour se faire entendre, en façonnant un tapis de graves sur lequel les guitares, en retrait dans le mix, s’ajoutent pour délivrer l’atmosphère sépulcral propre à Master. Le drumming est efficace, basique, et participe à la rock'n’roll attitude qui se dégage de cette nouvelle galette, très "early death". Quelques moments retiennent particulièrement l’attention, comme l’intro doomesque de "The Inner Strenght Of the Demon" et son riffing aussi surprenant rythmiquement que mélodiquement, qui laisse ensuite place à un pattern qui groove comme un danseur aux jambes de bois. Je citerai également "Engulfed In Paranoia", avec sa structure tronquée et son alternance assez étrange de parties chantées et instrumentales.

En gros, ceux qui connaissent la musique de Paul Speckmann ne seront pas surpris, cela reste du pur Master dans l’intention et la composition. C’est raw, sans compromis (des fois ça foire un peu mais on s’en fout), et nous trouvons au fil de l’écoute d’excellents passages. Certes, l’originalité n’est pas forcément au rendez-vous, mais a-t-elle sa place ici ? En attendant, le fan de "metal qui trace" y trouvera son compte. Master, avec ce "Vindictive Miscreant", impose sa suprématie par une prise de position et une conviction musicale inébranlables, en faveur d’une musique primitive et simple. On pourrait penser que c’est un peu facile de ne pas se casser le derche et rester dans des conceptions passéistes du death, mais plusieurs arguments positifs penchent en faveur de ce nouvel opus.

En effet, à l’heure où la technique et la vitesse ne sont que les seuls critères musicaux de la nouvelle génération, c’est finalement Master qui, sans le chercher spécialement, fait preuve d’originalité par un décalage stylistique en inadéquation avec son temps. Cependant, le fait que notre ami Speckmann œuvre depuis les années 80 ne le rend-il pas légitime dans son entreprise ? Enfin, je mets au défi quiconque d’arriver à ne pas headbanguer durant l’écoute des 8 morceaux de l’album, c’est comme le défi Tuc qui consiste à manger 5 biscuits de la marque en moins d’une minute, vous serez peu nombreux à y arriver.


Trrha'l
Janvier 2019




"An Epiphany Of Hate"
Note : 14/20

L'increvable Paul Speckmann est de retour avec un nouvel album de Master, le treizième pour être précis, et si certains ne jurent que par "Master" et "On The Seventh Day God Created...Master", on ne peut pas reprocher au groupe d'avoir joué les girouettes. Master a toujours gardé sa ligne de conduite fixée sur un death / thrash assez basique et primitif mais souvent efficace. "An Epiphany Of Hate" ne fait pas exception à la règle et Master reprend les choses là où il les avait arrêtées avec "The Witchhunt".

"Subdue The Politician" ne dépaysera aucun habitué du groupe, Master balance une fois de plus un death / thrash dopé au headbang et au groove. Si l'inspiration n'a pas toujours été au rendez-vous au cours de sa carrière, on ne peut pas dire pour autant que Master ait évolué, son death est resté coincé dans les années 80. Donc attention les jeunes, vous ne trouverez ici aucun blast supersonique ni de shred toutes les 30 secondes, vous n'aurez que du groove, du riff bien gras et du death / thrash direct et relativement basique. Et le premier qui osera dire que le groupe profite du revival death old school se prendra un pavé, Master n'ayant jamais arrêté depuis le premier album en 1990. Je pense que nous sommes d'ailleurs nombreux à avoir connu ce groupe à l'époque grâce à la compilation "Masters Of Brutality" sur laquelle Master figurait en compagnie de Vader, Carcass, Cannibal Corpse, Morbid angel, Entombed, Pestilence et Death entre autres. Le seul détail ayant changé avec le temps est le chant de Paul Speckmann, avec le temps il se rapproche d'un chant death presque vomi, comme si John Tardy descendait dans les graves avec moins de coffre. La production change elle aussi régulièrement, cette fois elle n'est vraiment pas dégueulasse avec la puissance nécessaire et le quota d'abrasivité dans les guitare et la basse. Voilà pour les rares choses que Master a bien voulu chnager d'album en album, pour le reste vous ne serez pas perdus par ce nouvel album.

Tout fleure bon le old school sur "An Epiphany Of Hate", les riffs sont d'époque, le rythme aussi avec du up tempo qui ne part jamais dans l'excès à grands coups de blasts, ceux-ci n'ayant pas droit de cité ici. Le groove propre au death de l'époque est constamment présent lui aussi, il est quasiment impossible de ne pas headbanguer sur la plupart des morceaux, même sur le morceau-titre qui présente des sonorités très punk. Bref, Master n'a jamais cédé aux sirènes de la modernité et n'est pas près de le faire, par conséquent si les précédents albums vous en ont touché une sans faire bouger l'autre, il y a très peu de chances que ce nouveau méfait change la donne. Pour ce qui est de l'inspiration, on est plutôt dans la moyenne haute, certains albums de Master ont pu en manquer mais ce n'est pas le cas de "An Epiphany Of Hate", même si encore une fois les plus jeunes risquent de ne pas comprendre en quoi Master est culte. Mais peu importe, ce n'est pas à eux que le groupe s'adresse, les vieux de la vieille sauront apprécier ces 45 minutes de death / thrash, groovy, primitif, binaire, bref à l'ancienne. C'est d'ailleurs le plus gros point noir que l'on pourrait noter sur la musique de Master, pour peu qu'on ne soit pas dans l'état d'esprit adéquat on peut vite trouver ça répétitif et lassant à la longue. Mais c'est le lot de tous les groupes pratiquant le death de cette façon, et si vous savez où vous mettez les oreilles ça passe plutôt bien.

Bref, un nouvel album de Master qui se classe plutôt dans la moyenne haute de sa carrière, avec toujours ce death / thrash basique et groovy resté coincé dans les 80's. Si vous avez toujours apprécié la musique de Paul Speckmann il n'y a aucune raison que ce ne soit pas le cas cette fois, et pareil pour les détracteurs du groupe.


Murderworks
Avril 2016




"The Witchhunt"
Note : 13/20

A presque cinquante piges, le père Speckmann n'est toujours pas le genre à se reposer sur ses lauriers. Le revoici donc un an après "The new Elite" (opus efficace, salué à l'unanimité) toujours accompagné de ses comparses tchèques Ales Nejezchleba et Zdenek Pradlovsky.

Depuis plus de 30 ans maintenant, Master sévit sur la scène metal extrème tel le monstre du docteur Franckeinstein le plus inachevé, celui qui aurait été condamné à la redite, dans l'incapacité de se renouveler, celui dont le cerveau est encore tout embrumé par ses premiers émois lorsqu'il découvrit Slayer, Venom ou encre Hellhammer. Sa particularité tient probablement à l'injection de déflagrations punk abondantes type GBH, Discharge, Minor Threat et cela peut être plus qu'aucun autre groupe dans la même veine. Et je pense que c'est sur ce terrain que Master nous tient en haleine.

Enregistré en 1 mois, "The Witchhunt" ne déroge pas à la règle. Primaire, brut, crade, agressif, les titres s'enchaînent sans pour autant maintenir une attention constante chez l'auditeur. Ça démarre fort pourtant avec le titre éponyme de l'album, gratiné de riffs efficaces que n'auraient pas renié un Massacre, directs mais convenus c'est bien cette dynamique assumément punk qui le fait décoller. "Plan Of Hate", "Another Suicide" (le meilleur titre à mon goût) sont dans la continuité, on sent l'urgence, l'expression d'une panique, de dégout, particulièrment à l'écoute du chant de Speckmann qui dégueule littéralement sa hargne du système, de la politique. En revanche, un titre comme "God Of Thunder" est carrement tiré par les cheveux tant l'influence de Slayer est présente. Riffs usés jusqu'à la moelle au cours des décénnies, peu d'attention porté aux lignes vocales qui semblent être les mêmes sur les 11 titres de la galette. On se demande parfois si on n'a pas affaire à un tribute band.

Master poursuit son train-train en proposant un album au demeurant sympathique et assurement authentique, ni mauvais, ni transcendant (du tout !), on est bien loin des cultissimes "Master" et du "On The Seventh Day God Created... Master" qui avaient alors marqué la scène mais confirmait également que le groupe aussi "culte" soit-il (car il est un des précursseur du genre avec Schudiner, Azaghtoth et compagnie) aussi sincère soit-il, ne sera bel et bien qu'un second couteau de la scène, par manque d'audace, d'ingéniosité, à l'instar d'un Kam Lee par exemple (pour me référer à un gars de la même generation) qui revient de loin et défonce tout avec son The Grotesquerie.


Boris
Octobre 2013




"The New Elite"
Note : 16/20

Deux ans après le foudroyant "The Human Machine", les Américains nous régalent à présent d’un nouvel opus baptisé "The New Elite", toujours dans la veine thrash-death traditionnel qui fait leur réputation depuis la sortie de leur premier album éponyme en 1990. Le ton est donné dès le premier morceau du set ("The New Elite") : un tempo querelleur entrecoupé de soli zigzagants, un riffing obstiné et efficace qui prend davantage son essor sur le morceau suivant, "Rise Up a And Fight", cette fois soutenu par une basse plus massive et un chant plus ravageur. "Remove The Knife", "As Two Worlds Collide", "Out Of Control" et surtout "New Reforms" font la part belle à un rythme encore plus fulminant et les soli gagnent en virulence, et si la production parvient à conserver la quintessence old-school du set, le grésillement de la basse de Speckman,en plus de son chant éraillé et bestial, et le fracas des fûts de Pradlovsky sont savamment rehaussés ("Guide Yourself" en est un exemple concret) et parviennent à nos esgourdes dans un tapage très entraînant. Le set chemine vers toujours plus de barbarie et d’efficacité ("New Reforms""Guide Yourself", "Souls of Dissuade", "Twist Of Fate"…), et si certains comme moi ont carrément délaissé la mouvance thrash-death depuis le dernier Pestilence, la jugeant presque poussiéreuse et stagnante, cet album a le mérite de les rabibocher avec cette dernière : riche, varié, féroce, efficace et sans fioritures.


Delph
Juillet 2012


Conclusion
Le site officiel : www.speckmetal.net